(Ottawa) Les chefs du Parti conservateur et du Nouveau Parti démocratique (NPD) affirment que le Canada devrait envoyer de l’aide à l’Inde dans son combat contre une flambée meurtrière de cas de COVID-19, alors que le gouvernement libéral n’a pas encore annoncé de détails sur la manière dont il prévoit apporter son secours.

Le président américain Joe Biden s’est engagé à envoyer de l’aide dans le pays de près de 1,4 milliard d’habitants, où les hôpitaux signalent manquer d’oxygène pour traiter les patients.

La Maison-Blanche a annoncé qu’elle enverra les matières premières nécessaires à la fabrication de Covishield, la version du vaccin Oxford-AstraZeneca produite au Serum Institute of India, ainsi que des produits thérapeutiques, des tests rapides pour les enfants, des ventilateurs et potentiellement de l’oxygène.

La ministre de l’Approvisionnement, Anita Anand, a déclaré vendredi que le Canada « se tiendrait prêt » avec des équipements de protection individuelle, des ventilateurs et « tous les articles qui pourraient être utiles », mais lundi, le gouvernement fédéral n’avait pas encore fourni plus de détails.

Le gouvernement indien s’efforce de se procurer des produits médicaux, notamment de l’oxygène liquide et des concentrateurs d’oxygène — un dispositif qui aspire l’air provenant de l’environnement et sépare l’oxygène de l’azote — a indiqué le haut-commissaire de l’Inde au Canada, Ajay Bisaria.

« Nous étions prêts pour une grande vague, mais cela est devenu un tsunami qui n’a rien de comparable à ce qu’a vécu l’Inde par le passé, et à ce que nous avons vu dans la première vague », a déclaré M. Bisaria dans une entrevue.

Le haut-commissaire a affirmé que la ministre Anand avait été « très utile » pour mettre en relation les représentants diplomatiques à Ottawa, Toronto et Vancouver avec les fabricants, mais l’ampleur de l’aide du Canada demeure incertaine.

« Le Canada a certaines technologies pour fabriquer des ventilateurs et des concentrateurs d’oxygène. Pour les concentrateurs d’oxygène au chevet, nous ne savons pas très bien s’ils sont fabriqués au Canada ou s’ils sont importés d’autres sources aux États-Unis », a dit M. Bisaria.

« Nous n’avons pas encore rencontré de fabricants de médicaments », a-t-il ajouté.

Dans l’intervalle, les organisations communautaires indo-canadiennes se sont « précipitées » pour aider, a-t-il indiqué. La Croix-Rouge indienne a été autorisée à gérer les dons liés à la COVID-19 de groupes à l’étranger.

Le chef conservateur Erin O’Toole a affirmé qu’il soutenait l’envoi d’aide, mais a également appelé à des restrictions de voyage plus strictes. Le Canada a annoncé la semaine dernière une suspension de 30 jours de tous les vols en provenance de l’Inde et du Pakistan, mais M. O’Toole a déclaré que le gouvernement devrait adopter une position plus ferme.

« Aidons nos amis en Inde, mais adoptons également une approche consistant à cesser les vols internationaux jusqu’à ce que nous puissions avoir la possibilité de garder les variants hors du Canada », a-t-il déclaré.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a affirmé que la situation en Inde était « catastrophique » et que le Canada devait agir en tant que citoyen du monde, car lorsque la propagation du coronavirus explose dans une région, d’autres pays sont affectés.

Au début de la pandémie, M. O’Toole a critiqué le gouvernement libéral pour l’envoi d’équipements de protection individuelle en Chine, mais il a fait valoir qu’à ce moment, le Canada n’avait pas assez de ses propres approvisionnements.

Son parti considère cette décision comme l’un des premiers échecs du gouvernement dans la pandémie. Les conservateurs affirment que le Canada ne disposait pas d’un stock adéquat de masques et de gants dont les travailleurs de la santé avaient besoin pour lutter contre le virus.

Sur la question de l’envoi de l’aide en Inde, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a exprimé son accord, affirmant que la pandémie fait des ravages à l’échelle mondiale et qu’il faut faire preuve d’unité.

Le Canada affirme avoir acheté 2,7 milliards d’articles d’équipement de protection individuelle, dont 1,5 milliard déjà livrés pour utilisation.