(Ottawa) Les doléances de Québec sur l’absence d’une hausse de transferts en santé dans le budget fédéral ont fait leur chemin jusqu’à Ottawa.

Mardi, le Bloc québécois a déposé un sous-amendement à la motion d’adoption du budget afin de réclamer que le gouvernement fédéral hausse les transferts de façon à ce qu’ils couvrent 35 % des coûts totaux en santé des provinces et des territoires.

« La porte est grande ouverte pour que le gouvernement obtienne le vote du Bloc québécois dans ce budget », a brandi le chef bloquiste Yves-François Blanchet, lors un discours à la Chambre des communes en matinée.

Plus tôt en journée, le ministre des Finances du Québec s’était dit « grandement déçu » de constater que le gouvernement fédéral avait décidé « d’ignorer » la principale demande du Québec, soit un « financement stable, adéquat et à long terme » en santé.

« Le gouvernement fédéral vient de manquer une occasion unique pour un partenariat à long terme en santé, qui est demandé unanimement par les provinces et territoires », a déploré Eric Girard par voie de communiqué.

Le Parti conservateur a pris la défense du ministre Girard lors de la première période des questions depuis le dépôt du budget.

« Le ministre des Finances du Québec est grandement déçu par l’absence de financement stable prévisible et sans condition pour les soins de santé. Aucun soutien dans le budget pour la santé au beau milieu d’une troisième vague », a critiqué le chef Erin O’Toole.

« C’est tout à fait faux ! » s’est défendu le premier ministre Justin Trudeau.

« La réalité, c’est qu’on a transféré des milliards de dollars aux provinces et territoires pour le système de santé afin d’aider dans cette pandémie et on continue, même dans ce budget, à transférer quatre milliards de dollars de plus aux provinces », a-t-il ajouté.

M. Trudeau a rappelé que son gouvernement s’était engagé, « à long terme », à augmenter les transferts en santé.

À Québec, le premier ministre François Legault a eu du mal à cacher son agacement devant l’habitude du gouvernement fédéral d’assortir des conditions à l’argent.

« Évidemment, on va continuer de dénoncer cette mauvaise habitude de Justin Trudeau de vouloir centraliser, de jouer au papa avec les provinces », a-t-il dit, en notant que le débat sur les normes nationales en CHSLD allait être reporté à l’an prochain.

Le vote sur le sous-amendement du Bloc, qui vient également réclamer plus d’aide financière aux aînés de 65 ans et plus, aura lieu mercredi en fin de journée. Ni le Parti conservateur ni le Nouveau Parti démocratique ne se sont engagés à voter en faveur.

Le sous-amendement du Bloc, s’il est adopté, viendrait modifier l’amendement au budget du Parti conservateur, qui veut miser sur l’accélération du plan de vaccination au pays et les « politiques qui créeront des emplois et stimuleront la croissance économique ».

Le budget du gouvernement Trudeau sera soumis à un vote de confiance et, en situation minoritaire, il faudra qu’au moins un parti d’opposition vote en faveur afin qu’il soit adopté.

Sinon, le gouvernement tombera et le pays sera plongé en élections dès ce printemps.

Déjà, le Bloc a signalé qu’il était prêt à voter contre le budget si les libéraux ne rectifiaient pas le tir sur ses demandes. Les conservateurs sont restés plus énigmatiques ; ils ont refusé de dire s’ils voteront pour ou contre le budget dans sa forme actuelle.

Les néo-démocrates, eux, ne disent pas qu’ils voteront « pour » le budget. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, se contente de marteler, depuis lundi, qu’il ne fera rien pour provoquer une campagne électorale en pleine pandémie.