(Ottawa) Outré par la lenteur du gouvernement Trudeau à annoncer un plan d’aide au secteur aérien, un pilote d’Air Transat, Marc Duffy-Vincelette, fait le saut en politique fédérale. Il annoncera mardi qu’il portera la bannière du Parti conservateur aux prochaines élections dans la circonscription de Rivière-des-Mille-Iles.

Âgé de 38 ans et comptant 14 ans d’expérience en tant que pilote, M. Duffy-Vincelette soutient que le secteur aérien au pays aura beaucoup de difficulté à s’en remettre parce que le gouvernement Trudeau tarde à annoncer des mesures de soutien un an après le début de la pandémie. A contrario, les États-Unis, la France et l’Allemagne, entre autres pays du G7, ont annoncé des dizaines de milliards de dollars pour soutenir leur secteur aérien.

M. Duffy-Vincelette, qui a piloté pour la dernière fois le 20 mars 2020, confirmera qu’il saute dans l’arène politique en compagnie du lieutenant politique du chef du Parti conservateur Erin O’Toole au Québec, Richard Martel, et du sénateur conservateur Claude Carignan.

« Nous avons une industrie qui s’est fait massacrer depuis un an en raison de la pandémie et le gouvernement rie de nous autres. Les dirigeants des grandes économies industrialisées annoncent des mesures. Mais au Canada, on ne fait rien. C’est honteux », a affirmé M. Duffy-Vincelette dans une entrevue à La Presse lundi.

« Le secteur aérien est un gros secteur de l’économie. Cela représente des dizaines de milliers d’emplois directs et des centaines de milliers d’emplois indirects. Tous ces travailleurs ne savent pas ce qu’il va leur arriver », a-t-il ajouté.

À l’heure actuelle, la circonscription de Rivière-des-Mille-Iles est détenue par le député bloquiste Luc Désilets.

« On a beau envoyer autant de messages que l’on peut au gouvernement. Ça ne passe pas. Et la seule solution qui me reste, c’est de faire le saut en politique pour essayer de changer les choses », a encore dit M. Duffy-Vincelette, qui a pu toucher un revenu grâce au programme de subvention salariale aux entreprises.

Les compagnies aériennes ont perdu 90 % de leurs voyageurs canadiens et internationaux à cause de la pandémie. Elles ont été contraintes de clouer la majeure partie de leurs appareils au sol. Des vols régionaux ont aussi été annulés par certains transporteurs, notamment vers les provinces atlantiques.

Le clouage au sol de plusieurs appareils fait aussi en sorte que l’entretien usuel est moins fréquent et que l’on achète moins de pièces pour les réparations de toutes sortes — un contexte qui nuit aux entreprises de l’aérospatiale qui sont situées en grande partie au Québec.

Au début de l’année, le gouvernement Trudeau s’est montré ouvert à accorder une aide aux compagnies canadiennes sous forme de prêt à faible taux d’intérêt, mais en imposant des conditions. Entre autres choses, Ottawa tient mordicus à ce que les compagnies aériennes remboursent les clients dont le vol a été annulé et rétablissent les liaisons régionales.

« Avant de commencer à dépenser ne serait-ce qu’un sou de l’argent des contribuables au bénéfice des transporteurs aériens, nous nous assurerons que les Canadiens obtiennent leurs remboursements », avait notamment déclaré en novembre dernier l’ancien ministre des Transports Marc Garneau.

Ce dernier a été muté aux Affaires étrangères en janvier. Le député ontarien Omar Alghabra est maintenant à la tête du ministère des Transports. Mais tout le dossier de l’aide au secteur aérien relève de la ministre des Finances Chrystia Freeland.

Selon des informations obtenues par La Presse, lundi, la ministre Freeland jonglerait avec l’idée d’accorder une aide conditionnelle de deux milliards de dollars au secteur aérien dans son prochain budget qui sera déposé à la Chambre des communes le 19 avril.

En octobre dernier, les syndicats représentant plus de 301 000 travailleurs du secteur aérien avaient exhorté le gouvernement fédéral à octroyer un prêt de 7 milliards de dollars, sans quoi la survie du secteur à long terme pourrait être en péril.