(Ottawa) L’opération Honour, qui avait été mise sur pied pour combattre les inconduites sexuelles dans l’armée, est mise au rancart.

Dans une lettre de six pages rendue publique son compte Twitter, mercredi après-midi, le chef d’état-major par intérim des Forces armées canadiennes (FAC), Wayne Eyre, a fait valoir que cette opération avait atteint « son point culminant » et qu’on y mettrait donc « un terme ».

« Nous en conserverons les mesures fructueuses, nous apprendrons en prenant conscience de ce qui n’a pas fonctionné, et nous élaborerons un plan délibéré pour aller de l’avant », a-t-il signalé dans cette missive datée du 24 mars, et adressée aux membres des FAC.

« Nous devons améliorer les mécanismes pour écouter et apprendre des expériences de ceux qui ont été blessés », a ajouté le lieutenant-général Eyre. Le militaire a succédé à l’amiral Art McDonald, qui a cédé sa place puisqu’il fait l’objet d’une enquête en raison d’allégations de nature sexuelle.

L’opération Honour a été créée en 2015, dans la foulée de la publication du rapport de l’ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps. On y concluait qu’il régnait dans les FAC une « culture sous-jacente de la sexualisation » et « hostile » aux femmes et aux membres de la communauté LGBTQ au sein de ses rangs.

Lors de l’annonce de sa création, le chef d’état-major de l’époque, Jonathan Vance, avait promis de mettre fin à ce fléau. Il y a un peu plus d’un mois, Global News rapportait qu’il avait entretenu une relation intime avec une subalterne, Kellie Brennan, laquelle a témoigné à visage découvert.

Plusieurs femmes ont partagé leurs expériences depuis, dont l’ancienne caporale Sherry Bordage.

« Les FAC se trouvent à un point d’inflexion en ce qui concerne notre culture, prévient le lieutenant-général Eyre. Les récentes révélations d’inconduite sexuelle et les allégations à cet effet sont très troublantes ; ces cas nous ont ébranlés et ils ont montré clairement tout le chemin que nous devons encore parcourir. »

Si cette sortie du chef d’état-major est arrivée sans crier gare, mercredi en fin d’après-midi, il faut dire qu’il avait ouvert la voie à ces derniers jours à une refonte du Code d’éthique militaire, évoquant entre autres que le « devoir de signaler » des inconduites sexuelles pourrait se transformer en « devoir de réagir ».