(Québec) La relation qui se réchauffe entre le premier ministre du Québec, François Legault, et celui du Canada, Justin Trudeau, ne leur a pas permis de s’entendre sur la question des normes nationales dans les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).

Les deux chefs de gouvernement, qui s’appellent dorénavant par leurs petits noms, François et Justin, sont restés campés sur leurs positions respectives, lundi, en conférence de presse à Trois-Rivières, dans le dossier des soins aux aînés.

En réponse aux questions d’un journaliste, M. Trudeau a affirmé que les discussions se poursuivaient avec les provinces afin d’instaurer des normes canadiennes pour que les aînés, où qu’ils se trouvent, « soient bien protégés, bien soignés et en sécurité ».

Il a déclaré que la pandémie de la COVID-19 avait mis en lumière de sérieuses lacunes dans les CHSLD partout au Canada. « On a vu dans cette pandémie des situations inacceptables », a argué M. Trudeau, pour qui il est évident qu’« on doit faire mieux pour nos aînés ».

« Je pense que tous les Canadiens peuvent comprendre. »

Le gouvernement fédéral livre des services de santé aux membres des Premières Nations ainsi qu’aux militaires, et n’a pas nécessairement développé d’expertise pour les autres types de soins, a-t-il concédé, en se disant conscient que la santé est un champ de compétence qui appartient aux provinces.

C’est pourquoi il propose de « mieux travailler ensemble » et d’« apprendre les uns des autres » en ce qui a trait aux meilleures pratiques à appliquer dans les CHSLD, au bénéfice des aînés. « C’est quelque chose sur laquelle je sais que François et moi, on est tout à fait d’accord », a-t-il conclu.

Invité à commenter à son tour, M. Legault n’a pas fait dans la dentelle et a réitéré que le Québec s’attendait plutôt à recevoir d’Ottawa de « l’argent récurrent », en l’occurrence une augmentation des transferts en santé de 6 milliards pour le Québec.

M. Legault a fait valoir que le Québec avait dû embaucher 8000 employés de plus dans les CHSLD. « C’est clair pour nous que la santé, c’est un champ de compétence des provinces, a-t-il déclaré. On demande une augmentation qui est récurrente des transferts, sans condition. »

Le gouvernement fédéral s’est engagé à verser jusqu’à 1 milliard en deux ans aux provinces, si elles acceptent de présenter des « plans de dépenses détaillés » et si elles démontrent que les sommes investies correspondent aux plans prévus.

En décembre, l’Assemblée nationale du Québec a demandé à Ottawa, par le biais d’une motion unanime, « de s’engager à ne pas imposer de normes canadiennes dans les CHSLD et les centres d’hébergement pour aînés et d’augmenter les transferts en santé à hauteur de 35 % des coûts du réseau ».

Depuis des mois, les provinces réclament que la contribution d’Ottawa au financement de la santé passe de 22 % à 35 %, ce qui représenterait 28 milliards supplémentaires à partager entre les provinces chaque année.

C’était la deuxième fois en quelques jours, lundi, que MM. Legault et Trudeau étaient réunis en personne, de façon exceptionnelle, pour une annonce à saveur économique. À Trois-Rivières, ils ont annoncé 826 millions pour brancher près de 150 000 foyers à internet haute vitesse d’ici septembre 2022.

Lundi dernier, les deux premiers ministres s’étaient rencontrés pour la première fois depuis plus d’un an au Palais des congrès de Montréal pour annoncer le financement d’un projet d’usine de batteries du constructeur québécois d’autobus et de camions urbains électriques Lion.