(Ottawa) Un ambitieux plan de relance économique pour créer un million d’emplois en un an, une nouvelle loi anticorruption, un plan d’action national pour la santé mentale, une hausse de la production locale de vaccins et d’équipements médicaux et un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 10 ans.

Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, a profité de son premier discours devant ses partisans vendredi soir afin de préciser les cinq grands chantiers qu’il entend prioriser en prévision de la prochaine campagne électorale.

« Le Canada est à la croisée des chemins. Les deux chemins qui se présentent devant nous ne pourraient pas être plus différents », a lancé le chef conservateur au quelque 5500 participants à ce congrès national virtuel.

Tandis que des élections fédérales pourraient avoir lieu en juin, M. O’Toole a invité ses troupes à moderniser les politiques du Parti conservateur sur plusieurs fronts, notamment au chapitre de la lutte au changement climatique, le respect des droits des Premières Nations, des communautés LGBTQ et des syndicats, entre autres, afin d’obtenir l’appui d’un plus grand nombre de Canadiens au prochain scrutin.

« La pandémie de COVID-19 a changé le monde. Le Canada a changé. Notre parti doit changer aussi », a lancé d’emblée M. O’Toole, visiblement déterminé à mettre fin aux débats orageux au sein de son parti sur les enjeux sociaux ou la protection de l’environnement.

Le Parti conservateur ne peut espérer reprendre le pouvoir à Ottawa en misant uniquement sur l’accumulation des scandales qui éclaboussent le gouvernement libéral de Justin Trudeau depuis 2015.

Nous avons perdu deux élections en cinq ans et demi. Durant cette période, nous avons eu quatre chefs. Nous devons présenter de nouvelles idées, pas présenter les mêmes arguments en espérant que peut-être cette fois plus de Canadiens vont se rallier à notre position.

Erin O’Toole, chef du Parti conservateur du Canada

« Nous n’allons jamais obtenir l’appui des Canadiens en comptant sur le fait que Justin Trudeau va continuer de décevoir. Ses scandales, aussi outrageants qu’ils soient, ne seront jamais suffisants pour le défaire. […] Le Parti conservateur peut le défaire. Mais seulement en ayant le courage d’avancer. […] Nous devons être le parti de tout le Canada », a avancé le chef conservateur.

Une main tendue aux nationalistes

Il a aussi pris soin de tendre une grande perche aux Québécois, s’engageant à négocier de nouvelles ententes administratives avec le gouvernement du Québec pour instaurer par exemple un formulaire de déclaration de revenus unique ou pour augmenter le pouvoir du Québec en culture et en immigration ou encore appliquer la Loi 101 aux entreprises à charte fédérale.

« Je m’engage à défendre les intérêts du Québec. […] Les Québécois ont besoin d’une voix forte à la table des décisions. Nous allons agir pour le Québec », a-t-il fait valoir.

« J’invite les nationalistes québécois, fédéralistes ou autonomistes, à venir partager le pouvoir avec moi à Ottawa. Nous allons former une grande coalition conservatrice. »

En présentant ainsi cinq chantiers prioritaires, Erin O’Toole s’inspire de la stratégie électorale adoptée par l’un de ses prédécesseurs, Stephen Harper, qui avait réussi à ravir le pouvoir aux libéraux de Paul Martin au terme de la campagne de 2006 en présentant une liste de cinq priorités faciles à comprendre.

Si le Parti conservateur remporte les prochaines élections, il présentera un plan de relance pour créer un million d’emplois durant la première année. Le plan donnera de l’oxygène « à tous les secteurs de l’économie dans toutes les régions du pays », y compris le secteur énergétique.

Erin O’Toole compte aussi donner plus de mordant à la Loi sur les conflits d’intérêts en présentant une nouvelle loi anticorruption. Le commissaire à l’éthique se verrait accorder le pouvoir d’imposer des amendes salées aux élus qui contreviennent le code d’éthique. À l’heure actuelle, le commissaire peut imposer une amende maximale de 500 $.

Un futur gouvernement conservateur adoptera aussi un plan d’action nationale en matière de santé mentale – une mesure plus que jamais nécessaire dans la foulée de la pandémie qui a entraîné une hausse de problèmes liés à la santé mentale, selon le conservateur.

Et pour s’assurer que le Canada ne soit plus pris au dépourvu dans l’éventualité d’une autre pandémie, M. O’Toole propose un partenariat entre le gouvernement et les sociétés pharmaceutiques pour augmenter la production locale de vaccins et autres médicaments. Et la Réserve nationale stratégique d’urgence sera réévaluée pour qu’elle s’assurer d’avoir les équipements essentiels en temps de crise.

Enfin, M. O’Toole écarte des mesures d’austérité pour éliminer rapidement le déficit qui doit friser les 400 milliards de dollars cette année. Il maintient le cap sur le retour à l’équilibre budgétaire dans un horizon de 10 ans.

« Protéger l’environnement a toujours été une valeur conservatrice. […] Je prends la question environnementale très au sérieux. Il faut contribuer à la lutte contre les changements climatiques. Nous devons agir avec détermination pour y arriver. C’est important pour le Canada », a aussi dit le chef conservateur.

Mais il s’oppose toujours à l’imposition d’une taxe sur le carbone, comme l’a fait le gouvernement Trudeau. Une telle mesure augmente le fardeau financier des familles. « Nous allons avoir un plan pour s’attaquer aux changements climatiques. Il sera détaillé. Et il sera sérieux », a-t-il promis sans plus de précisions.

Le congrès national du Parti conservateur prend fin samedi.