(Ottawa) La campagne pour accorder une citoyenneté canadienne à Raïf Badawi se déplace au Sénat.

La sénatrice indépendante Julie Miville-Dechêne a déposé un avis de motion calqué sur le texte adopté à l’unanimité aux Communes, fin janvier.

« Que le Sénat demande au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté d’attribuer la citoyenneté à Raïf Badawi, selon le pouvoir discrétionnaire que lui confère la Loi sur la citoyenneté, à l’article 5, qui lui permet d’attribuer la citoyenneté à toute personne afin de remédier à une situation particulière et inhabituelle de détresse », peut-on lire dans la motion de la sénatrice.

Mme Miville-Dechêne tentera, aussi tôt que mercredi, de parler de sa motion au Sénat, bien que les règles de débat dans cette Chambre rendent les choses difficiles à prévoir.

Déjà, elle consulte ses collègues à la recherche d’appuis et dit en avoir récolté plusieurs.

Cette nouvelle démarche ne change en rien la position du ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino.

Son porte-parole a fait parvenir par courriel une déclaration qui reprenait mot pour mot sa réaction à la motion adoptée aux Communes, en y ajoutant le mot « Sénat ».

« Les récentes motions de la Chambre des communes et du Sénat démontrent l’inquiétude du Parlement concernant la détention injuste de M. Badawi, et nous continuerons à travailler avec tous les parlementaires pour maintenir nos efforts sans relâche pour réunir M. Badawi avec sa famille », a écrit le porte-parole du ministre.

Le 27 janvier dernier, c’est une motion du Bloc québécois aux Communes qui a été adoptée à l’unanimité.

Le ministre Mendicino lui avait offert un accueil plutôt tiède. Et des sources gouvernementales avaient tenu à souligner que la motion n’a pas force de loi.

Ceux qui luttent, à partir du Canada, pour la libération du blogueur emprisonné en Arabie saoudite croient que deux motions valent mieux qu’une. L’ancien ministre fédéral de la Justice Irwin Cotler disait même, en janvier, que si les deux Chambres du Parlement adoptent la même motion, le ministre Mendicino n’aurait plus le choix d’agir.

« C’est une question de force morale plus grande quand les deux Chambres du Parlement s’entendent sur la question », a estimé la sénatrice Miville-Dechêne, au cours d’une entrevue téléphonique, mardi.

De retour devant un tribunal saoudien

Lundi, Raïf Badawi était de retour devant un tribunal saoudien, selon ce que rapportent ses proches.

Il aurait été accusé d’avoir fait une tentative de suicide en s’imposant une grève de la faim et aurait à comparaître à nouveau devant le même tribunal, jeudi.

M. Badawi a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir prôné, sur un site web, des valeurs libérales. Il est détenu depuis neuf ans et a reçu 50 coups de fouet.

Sa conjointe Ensaf Haidar et ses trois enfants se sont réfugiés au Canada, à Sherbrooke.