(Québec) Les partis d’opposition digèrent mal les remarques de François Legault, qui les accusait à demi-mot, mardi, de tenir des propos « contre la Santé publique ». Ils invitent le premier ministre à s’élever à la hauteur de ses prédécesseurs et d’être digne de la fonction qu’il occupe.

Le leader parlementaire du Parti libéral, André Fortin, a cité en exemple, mercredi, deux anciens premiers ministres péquistes, sous qui François Legault a été ministre plus tôt dans sa carrière.

« Le premier ministre, c’est un chef d’État. Il se doit d’agir en tant que tel. Il y a eu de grands chefs d’État au Québec, des gens comme Lucien Bouchard et Bernard Landry. Je demande au premier ministre du Québec ces jours-ci de s’élever à leur niveau », a-t-il affirmé.

Dans son point de presse de 13 h, mardi, François Legault a accusé des « leaders dans notre société » d’être « contre la science » et « contre la Santé publique ».

« On ne peut pas dire [qu’on] écoute la science, sauf quand ça ne fait pas notre affaire. Les leaders dans notre société ont une responsabilité. Ils ne peuvent pas aller dire [qu’ils sont contre] les restrictions dans le sport [ou] le fait que les secondaires 3, 4 et 5 sont une journée sur deux [à l’école]. S’ils disent ça, ça veut dire qu’ils sont contre la science, ils sont contre la santé publique », a-t-il dit.

André Fortin estime par contre qu’à « partir du moment où le premier ministre dit [qu’il met] de la pression sur la Santé publique » pour justifier certaines décisions, « il ne peut pas se revirer de bord et dire aux autres formations politiques, aux chroniqueurs et aux gens qui manifestent qu’eux ne peuvent pas le faire ».

Manque de transparence

Le leader de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a également accusé le gouvernement de manquer de transparence, alors qu’il ne divulgue pas sur une base régulière les avis que la Santé publique lui donne pour justifier les mesures sanitaires.

« François Legault est un peu l’artisan de son propre malheur. S’il trouve qu’il y a confusion des genres entre politique et science, moi, je suis plutôt d’accord avec lui. Le problème, c’est que c’est lui qui a mélangé les genres, ce n’est pas les partis politiques de l’opposition », a-t-il déclaré mercredi.

« Ça fait des mois qu’on demande que soit bien départagé ce qui relève des décisions scientifiques et ce qui relève des décisions politiques. C’est un peu fort de café, de la part du premier ministre, d’accuser les gens qui posent des questions sur ses décisions d’être contre la science », a ajouté M. Nadeau-Dubois.

Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon, qui était présent le week-end dernier lors d’une manifestation réclamant la reprise du sport à Québec, affirme qu’il ne changera « pas [son] rôle de défense de l’intérêt de la population et de remise en question légitime, dans le cadre d’une démocratie, de certaines décisions politiques ».

« C’est faux de dire qu’on ne respecte pas les consignes, au contraire, on favorise le respect des consignes. Mais ce qui se produit, c’est qu’à chaque fois qu’on pose une question, qu’on remet en question les décisions gouvernementales, on nous oppose la science. Alors, la question, c’est : elle est où, la science ? […] Le gouvernement n’a jamais accepté de divulguer, au fur et à mesure, de manière distincte, l’information scientifique au soutien de sa décision politique », a-t-il ajouté.

Le premier ministre François Legault ne tient pas de point de presse mercredi et ne sera pas présent à la période de questions à l’Assemblée nationale.