(Ottawa ) La feuille de route que propose la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, afin de renforcer la langue française au Québec et dans l’ensemble du pays a obtenu vendredi l’appui de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, du commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, et du Conseil du patronat du Québec, entre autres.

Alors que le premier ministre Justin Trudeau a soutenu vendredi que « jamais un gouvernement fédéral n’est allé aussi loin pour protéger le français », la FCFA, le commissaire aux langues officielles et les partis de l’opposition estiment qu’il faut maintenant donner vie au train de mesures proposé en déposant un projet de loi pour moderniser la Loi sur les langues officielles.

Parmi les mesures envisagées, Mme Joly veut donner un meilleur accès aux classes d’immersion française, garantir le droit de travailler en français dans les entreprises de compétence fédérale au Québec et dans les régions à forte densité francophone dans le reste du pays, et rendre obligatoire la nomination de juges bilingues dès leur entrée en fonction à la Cour suprême du Canada. La ministre veut en outre enchâsser le Programme de contestation judiciaire dans une loi et accorder plus de pouvoirs au commissaire aux langues officielles, entre autres.

Réception positive

« Je suis heureux de constater que le principe de l’égalité réelle du français et de l’anglais est l’élément central qui guide le gouvernement dans sa refonte de la Loi sur les langues officielles. […] Le gouvernement fédéral a l’occasion unique de faire de cette loi une loi résolument moderne et adaptée à notre nouvelle réalité. Aussi prometteur que puisse être ce document, je demande au gouvernement de passer de la parole aux actes et de déposer un projet de loi en ce sens dans les plus brefs délais », a affirmé le commissaire Raymond Théberge dans un communiqué.

La FCFA s’est quant à elle dite « très satisfaite » du projet de réforme dévoilé vendredi, son président, Jean Johnson, se disant convaincu que le document contient « des mesures qui auront un effet transformateur sur le pays et sur la dualité linguistique ».

Le Conseil du patronat du Québec voit pour sa part « d’un œil favorable » la volonté d’Ottawa de renforcer la présence du français partout au pays, et notamment au Québec. Selon l’organisation, le gouvernement Trudeau reconnaît ainsi que « la sécurité et la vitalité du français nécessitent une approche particulière ».

« De belles promesses », juge l’opposition

S’il juge « louables » certaines des mesures proposées, le député conservateur Alain Rayes a reproché à la ministre Joly de « pelleter encore par en avant » toute réforme puisqu’il faudra attendre plusieurs semaines avant le dépôt d’un projet de loi.

« Malgré de belles promesses, elle ne s’engage qu’à investir pour réduire les listes d’attente pour les cours d’immersion en français pour des élèves anglophones. Elle ne propose rien de nouveau pour soutenir les institutions scolaires francophones en milieu minoritaire qui sont en difficulté. […] Les libéraux continuent d’ignorer la demande du gouvernement Legault et de tous les membres de l’Assemblée nationale du Québec de protéger le français au Québec en appliquant la loi 101 aux entreprises à charte fédérale », a-t-il noté.

Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, s’est montré tout aussi critique. « C’est un bel effort, ce que la ministre Joly nous a présenté, mais concrètement, c’est du vent. Ce n’est qu’un outil de communication servant à redonner un peu de crédibilité à ce gouvernement en matière de protection du français. »

Le Bloc québécois a quant à lui dénoncé le refus d’appliquer la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale.