(Ottawa) Les mesures de contrôle pour les voyageurs qui reviennent au Canada par voie terrestre ou aérienne devraient être en place au moins jusqu’au 21 avril prochain. Et déjà, elles font l’objet d’une poursuite devant les tribunaux.

Depuis lundi, les voyageurs qui franchissent la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis doivent fournir un résultat de test de négatif à la COVID-19, sous peine de se voir imposer une amende de 3000 $. Et à compter de lundi prochain, les voyageurs aériens devront se placer en quarantaine à l’hôtel, à leurs frais.

Le décret gouvernemental entourant ces mesures n’a pas encore été rendu public. Mais selon le ministère de la Santé, il restera en vigueur « jusqu’au 21 avril 2021 (à 23 h 59 min 59 s HNE) », sauf s’il est « modifié ou renouvelé au besoin pour protéger la population canadienne », a-t-on indiqué dans un courriel à La Presse.

Le gouvernement fédéral doit publier jeudi la liste des hôtels situés dans un rayon de 10 km des aéroports de Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver, où les voyageurs aériens devront réserver leur chambre avant de monter à bord de leur vol à destination du Canada.

Selon les règles annoncées par Ottawa la semaine dernière, les voyageurs devront subir un test de dépistage dès leur arrivée à l’aéroport. S’ils reçoivent un résultat négatif avant la fin du séjour prescrit de trois jours à l’hôtel, ils seront autorisés à quitter l’hôtel afin de compléter la quarantaine de 14 jours à la maison.

La facture est évaluée à 2000 $, selon les estimations d’Ottawa. Ce prix inclut trois nuitées, les repas, l’accès à l’internet et les frais reliés à l’application des règles sanitaires. Près de l’aéroport Montréal-Trudeau, une dizaine d’hôtels sont prêts, indique Ève Paré, pdg de l’Association des hôtels du Grand Montréal.

Il règne toutefois une grande incertitude quant au nombre de clients qui débarqueront, souligne-t-elle : « On n’a aucune espèce d’idée [...]. Il s’est écoulé presque deux semaines depuis l’annonce ; on peut s’imaginer que ceux qui étaient à l’extérieur ont eu le temps de revenir pour éviter de subir cette mesure-là ».

Et elle conseille à ceux qui rentreront au pays de lire les petits caractères avant de réserver, dans l’éventualité où ils seraient en mesure de quitter avant les trois jours obligatoires. « Assurez-vous de vous renseigner sur les politiques d’annulation de votre réservation », souligne Mme Paré.

Contestation judiciaire

Les mesures fédérales annoncées après les vacances des Fêtes, mais avant la semaine de relâche, sont loin de faire l’unanimité. Le Centre de justice pour les libertés constitutionnelles, un groupe campé à droite, s’est adressé mardi à la Cour fédérale pour les contester.

Leur avocate, Sayeh Hassan, fait valoir en entrevue avec que ces « détentions » contreviennent à la Charte canadienne des droits et libertés, qui « garantit le droit fondamental d’entrer et de sortir du Canada », et que « la preuve n’a pas été faite » que l’isolement en établissement hôtelier est nécessaire.

Le groupe représente 13 personnes, dont aucune en provenance du Québec.

Cette poursuite, le gouvernement Trudeau ne veut pas la commenter, mais il la surveille étroitement.

« Nous sommes au courant de ce recours. Le gouvernement du Canada a l’intention d’y répondre. Nous ne pouvons pas commenter davantage étant donné que la cause est devant les tribunaux », a déclaré une porte-parole de Santé Canada, Maryse Durette, dans un courriel transmis à La Presse.