Les employés de l’aile parlementaire et des bureaux de circonscription de Québec solidaire ont entériné vendredi soir, lors d’une assemblée générale virtuelle, une convention collective qui marque du même coup une première à l’Assemblée nationale. La notion du droit à la déconnexion y est notamment incluse.

Il s’agit en effet de la toute première entente de principe syndicale à intervenir entre des élus de l’Assemblée nationale et leurs salariés dans la province. Dans une déclaration, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Québec solidaire (STTQS), affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), s’est réjoui que l’entente « marque un jour important dans l’histoire des relations de travail au Québec ».

Échelonnée sur trois ans, la convention définit les conditions de travail de 63 employés du parti. Le concept du droit à la déconnexion, qui a fait l’objet d’un projet de loi de Québec solidaire cet été, sera notamment inclus dans cette liste des conditions. Il s'agit d'un principe selon lequel un employé a le droit de ne pas être connecté aux plateformes numériques, à l'extérieur des heures de travail. En 2017, la France a été le premier État à l'intégrer à son Code du travail.

On va donner aux membres la flexibilité d’adapter ce que la déconnexion veut dire pour eux, en fonction de leur réalité, mais il y aura cette possibilité de se déconnecter. Chaque équipe fera sa propre politique, et il y aura un bilan chaque année.

Catherine Desjardins, présidente du STTQS

Le député solidaire Alexandre Leduc, qui a représenté les députés lors des négociations, a soutenu que l'entente était « satisfaisante pour les deux parties ». « Nous avons su trouver des conditions adaptées à la réalité du monde politique. […] Dans le contexte professionnel exigeant d’un monde politique qui demande de la flexibilité et une grande disponibilité, nous avons cherché l’équilibre. Nous y sommes arrivés », a-t-il souligné, avouant que la pandémie « a exigé beaucoup de notre personnel politique dans la dernière année ».

Prévenir l'épuisement

Comme prévu dans la convention, des systèmes de garde seront instaurés pour permettre aux employés de « décrocher » à l'extérieur des heures de bureau. Le syndicat affirme qu'il était essentiel d'aller de l'avant pour prévenir l'épuisement au travail, notamment chez les jeunes parents.

« La charge mentale dans nos milieux est très élevée et on est souvent amenés à travailler en-dehors du fameux 9 à 5, donc c'était important de baliser nos pratiques », illustre Mme Desjardins.

Cette dernière espère par ailleurs que la nouvelle pourra « inspirer d'autres employés politiques et d'autres formations à se syndiquer, ce qu'on conseille toujours ». Elle précise que l'entente « favorisera des relations de travail véritablement collaboratives entre les deux parties tout en assurant une participation directe des salariés sur plusieurs aspects ». L’objectif premier, toutefois, reste de permettre aux salariés de « concilier travail et vie personnelle, sans nuire à l’efficacité du travail ».

Fondé en décembre 2018, le STTQS a été le premier à regrouper des membres du personnel d’un parti politique québécois. Retardées par la pandémie de COVID-19, des négociations étaient toutefois en cours depuis plusieurs mois déjà en vue de la signature de cette convention collective.