(District Of Columbia) Le gouvernement canadien a salué jeudi la décision du président Joe Biden de renverser une politique américaine qui refusait tout financement fédéral aux organismes d’aide internationale qui soutenaient de près ou de loin l’avortement.

M. Biden a signé jeudi une nouvelle série de décrets présidentiels, dont un qui annule cette politique afin de protéger et élargir, aux États-Unis et dans le monde, l’accès aux soins de santé reproductive, y compris l’avortement.

Cette politique, née sous Ronald Reagan en 1985, privait les organismes internationaux à but non lucratif de tout financement fédéral américain s’ils fournissaient des conseils ou des références en matière d’avortement. Au fil des ans et des administrations à la Maison-Blanche, cette politique a été soit annulée par un président démocrate, soit restaurée par un républicain, à cinq reprises au cours des 28 dernières années. Donald Trump l’a élargie pour inclure tous les organismes d’aide, et pas seulement ceux qui s’occupent spécifiquement de planification familiale.

« Je salue la décision de Joe Biden de rejoindre le consensus mondial sur le droit de choisir et de soutenir les programmes de santé et droits sexuels et reproductifs, a écrit la ministre canadienne du Développement international, Karina Gould, sur son fil Twitter. Les droits des femmes sont des droits humains. »

En 2019, les libéraux fédéraux avaient annoncé qu’à partir de 2023, le gouvernement augmenterait son financement à l’appui de la santé des femmes et des filles à travers le monde afin d’atteindre 1,4 milliard par année, pour une période de dix ans. Ce plan prévoit 700  millions spécifiquement pour la santé sexuelle et génésique, y compris des services complets d’avortement.

Privés de 12 milliards US

La « version Trump » de cette directive américaine est celle qui a fait le plus de mal aux organismes, qui auraient été privés d’environ 12  milliards US d’aide internationale en santé.

« Les restrictions indues sur l’utilisation des fonds fédéraux ont rendu plus difficile pour les femmes d’obtenir les soins de santé nécessaires », lit-on dans le décret signé jeudi par le président Biden. « Ces conditions excessives sur l’aide étrangère et au développement sapent les efforts des États-Unis pour faire progresser l’égalité des sexes dans le monde, en limitant notre capacité à soutenir la santé des femmes et les programmes qui préviennent et répondent à la violence sexiste. » De telles restrictions, ajoute le président, « sont particulièrement néfastes à la lumière de la pandémie actuelle ».

Le décret demande également au département américain de la Santé et des Services sociaux de « prendre des mesures immédiates » pour annuler les directives connexes dans le cadre du programme de planification familiale connu sous le nom de « Title X ».

La porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a décrit la récente vague de décrets présidentiels signés par M. Biden d’effort urgent pour renverser plusieurs politiques de l’ère Trump « néfastes, nuisibles et parfois immorales ».

L’organisme Action Canada pour la santé et les droits sexuels a maintenant l’intention de faire pression sur l’administration Biden pour qu’elle joigne le geste à la parole, avec un financement concret et une action politique. Cette décision « doit s’accompagner d’engagements de financement politiques et mondiaux qui soutiennent les droits sexuels et reproductifs sur le terrain », selon l’organisme d’Ottawa.

« La politisation du corps des femmes et la prise de décision à des fins politiques sont vraiment dévastatrices, en particulier lorsque l’avortement est reconnu en vertu du droit international sur les droits de la personne », a déclaré Sarah Keller, directrice des relations gouvernementales de l’organisme.

Le Canada avait lui aussi sa propre version d’une règle similaire sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, jusqu’à ce qu’elle soit renversée par les libéraux nouvellement élus de Justin Trudeau en 2015.