(Ottawa) Un député conservateur non vacciné — parce qu’il soutient avoir une condition médicale qui l’en empêche — refuse qu’on vérifie ses antécédents médicaux sous prétexte que ce sont des informations privées.

Dean Allison, député ontarien, et un nombre inconnu de ses collègues dans la même situation, alimentent une querelle qui oppose les conservateurs aux autres élus fédéraux, depuis le retour des parlementaires à Ottawa.

Croisé dans un corridor du parlement, mercredi midi, le député Allison n’a pas voulu dévoiler aux journalistes la condition médicale qui l’empêche d’être vacciné contre la COVID-19. Il n’a pas non plus l’intention de la confier aux instances parlementaires qui vont vouloir la contre-vérifier en vertu d’une nouvelle motion sur le point d’être adoptée.

« Les informations médicales relèvent de la vie privée », a-t-il déclaré, tout en précisant qu’il subit des tests de dépistage deux fois par semaine — les lundis et les mercredis — pour avoir accès aux immeubles parlementaires.

Même s’il n’est pas vacciné, M. Allison a admis ne pas s’être isolé après avoir participé à une réunion de caucus avec son collègue Richard Lehoux, la semaine dernière. On a appris, samedi, que M. Lehoux, député de Beauce, avait reçu un diagnostic de COVID-19.

« Je ne l’ai jamais vu, honnêtement. Je me tiens toujours au fond de la salle », s’est justifié M. Allison. La salle en question, grande et sans fenêtre, a rassemblé la centaine de députés et de sénateurs pendant deux jours.

« Nous suivons toujours les règles », a maintenu, pendant ce temps, le leader parlementaire conservateur, Gérard Deltell. « Encore demain, je vais passer un test rapide, à la suite du fait que mon collègue a eu la COVID », a-t-il offert, à la porte des Communes, en parlant de la même situation du député Lehoux.

L’engagement du député Deltell ne semblait pas suffire au sénateur conservateur Claude Carignan. À son arrivée à l’édifice Sir John A. Macdonald, mercredi matin, le sénateur québécois a lancé aux journalistes qu’il allait garder son masque et se « tenir à distance » de ses collègues lors de la rencontre hebdomadaire du caucus.

Motion débattue

Le débat sur la motion qui doit à la fois imposer une courte liste des raisons acceptables pour une exemption médicale à la vaccination et réinstaurer le format hybride des travaux parlementaires, a été entamé mercredi après-midi.

La motion limite l’accès au parlement aux députés vaccinés. Les non-vaccinés parce qu’ayant en main une exemption médicale ne pourront participer aux délibérations de la Chambre des communes en personne que si les raisons de leurs exemptions correspondent à celles approuvées par le ministère de la Santé de l’Ontario et le Comité consultatif national de l’immunisation.

Les néo-démocrates ont déjà confirmé qu’ils appuieront cette motion dans sa forme actuelle.

Les bloquistes, eux, ne vont pas la soutenir puisqu’ils s’opposent au retour des travaux en forme hybride.

Ils réclament cependant que soient contre-vérifiées les exemptions médicales des conservateurs non vaccinés. Ils ont soulevé, à cet effet, une question de privilège mardi soir, réclamant que la Chambre mandate le Bureau de régie interne (BRI), organe décisionnel qui a obligé la vaccination obligatoire dans les édifices parlementaires, afin de contre-vérifier les exemptions médicales.

« Là je pense qu’il faut […] que tout le monde se fasse pousser une colonne, là. Puis on dit : “ OK, ça va faire les niaiseries ”. Pour la sécurité des parlementaires […], si tu n’es pas double vacciné, puis si tu n’as pas une vérification indépendante de ta raison médicale, tu ne rentreras pas », a lancé le chef bloquiste Yves-François Blanchet, lors d’un point de presse.

« Oui, on pense que le Parti conservateur doit montrer plus de transparence », a renchéri le chef néo-démocrate Jagmeet Singh. « Au-delà de ça, on pense que le Parti conservateur doit réfléchir pour un moment ; c’est quoi leur but ? c’est quoi leur raison d’être ? C’est l’opposition officielle, et depuis des semaines […] la seule chose qu’on soulève au Parti conservateur, c’est qu’ils veulent avoir des […] permissions spéciales », a-t-il reproché.