(Québec) Comme un entraîneur de hockey qui n’a plus d’autorité sur ses joueurs, le président de l’Assemblée nationale, François Paradis, a perdu sa Chambre, mardi, alors qu’un débat explosif a éclaté au sujet de la gestion de la pandémie dans les CHSLD.

« C’est tendu ! Je vous dirais que c’est à la limite… Ça pourrait se faire mieux », a-t-il laissé tomber après de multiples interventions pour ramener le calme. « Je vous demande votre collaboration pour que ce le soit dans les termes appropriés, la façon de dire et de respecter les questions et les réponses. »

Il a en outre demandé au premier ministre François Legault de retirer ses propos, après que ce dernier a accusé la cheffe libérale Dominique Anglade de dire des faussetés. M. Paradis a fait la même intervention auprès du député libéral André Fortin, pour qui le gouvernement a « réécrit » et « bricolé » des avis de la Santé publique.

D’un côté comme de l’autre de la Chambre, on s’accusait de se prêter des intentions contrevenant aux règles parlementaires. On a rarement assisté à des échanges aussi acerbes au cours de la présente législature. François Paradis a eu bien du mal à se faire respecter.

Quand le chef parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a demandé des explications sur la version du gouvernement qui est contredite par l’enquête de la protectrice du citoyen, François Legault a esquivé la question et a accusé son adversaire de « pelleter des nuages » comme à son habitude selon lui.

André Fortin a demandé au gouvernement une preuve qu’il avait envoyé une directive pour préparer les CHSLD dès janvier 2020. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a répondu que la moitié des recommandations de la protectrice du citoyen sont déjà mises en œuvre, comme la nomination d’un gestionnaire à la tête de chaque CHSLD.

Les partis de l’opposition y sont allés d’une charge à fond de train contre le gouvernement Legault qu’ils accusent de « cacher des choses » et de tenter de faire « diversion » pour éviter de prendre « ses responsabilités » dans la gestion de la pandémie.

Selon l’opposition à Québec, les révélations faites devant l’enquête publique du coroner sur les décès en CHSLD au printemps 2020 ravivent la nécessité de tenir une enquête publique sur la gestion plus large de la pandémie par le gouvernement Legault.

La sous-ministre adjointe Natalie Rosebush a notamment affirmé devant la coroner que les conclusions des rapports de visite de vigie en CHSLD pendant la première vague étaient surtout communiquées verbalement et que des versions antérieures des constats étaient alors « écrasées » dans le système informatique. Le gouvernement s’est défendu en disant qu’aucun rapport n’a été détruit.

Le bureau de la protectrice du citoyen a signalé qu’il a eu accès à une importante documentation pour mener son enquête et qu’il a obtenu les fameux rapports d’inspection du MSSS dans les CHSLD. Ils n’auraient donc pas été « écrasés » dans le système informatique et, de toute évidence, il y avait des copies de sauvegarde.

En conférence de presse, reprenant les conclusions de la protectrice du citoyen, Dominique Anglade a déclaré que François Legault « essaie de nous enfoncer dans la gorge sa vérité, mais ça ne passe pas. Il est temps, réellement, de dire toute la vérité aux Québécois sur ce qui s’est passé ».

Pour le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, la protectrice du citoyen « contredit les prétentions » du gouvernement, qui « a menti ». « On ne s’étonne plus aujourd’hui que le gouvernement ait convoqué une conférence de presse [sur la vaccination] comme pour écraser la nouvelle et les révélations de la protectrice du citoyen, parce que ce rapport est effectivement dévastateur », a-t-il lancé.