(Ottawa) En ce jour de rentrée parlementaire à Ottawa, les libéraux n’ont pas perdu de temps pour lancer les hostilités contre leurs adversaires conservateurs. Le champ de bataille : les exemptions médicales des députés conservateurs non vaccinés.

« C’est improbable qu’il y ait (autant) d’exemptions médicales », a soupçonné Mark Holland, le leader parlementaire du gouvernement, lors d’un point de presse lundi matin.

Même s’il ignore le nombre d’exemptions médicales obtenues par les conservateurs - le chef Erin O’Toole refuse de fournir cette information –, M. Holland soumet que n’importe quel chiffre au-dessus d’un ne serait pas crédible. Pour justifier son raisonnement, il cite les statistiques : entre une et cinq personnes sur 100 000 auraient droit à une exemption médicale pour ne pas se faire vacciner contre la COVID-19.

M. Holland a donc déposé un avis de motion, lundi après-midi, annonçant que le débat sur le retour à des séances hybrides se chargera, aussi, de la question des exemptions médicales.

La motion prévoit ainsi que les députés qui voudront participer en personne, et non pas via écrans, aux travaux parlementaires devront être vaccinés et « les raisons de l’exemption médicale », s’il y en a une, devront suivre les « lignes directrices » des autorités sanitaires ontariennes.

Ces raisons d’exemptions acceptées par le ministère ontarien de la Santé sont peu nombreuses et précises.

Les députés de toutes les formations politiques sur la colline parlementaire sont pleinement vaccinés, à part un nombre inconnu de députés conservateurs. Une élue libérale qui avait invoqué une exemption médicale pendant la campagne électorale a reçu, depuis, ses vaccins. Sa condition médicale aurait évolué, selon ce qu’a rapporté M. Holland.

La situation s’est compliquée pour les conservateurs depuis que l’un des leurs, le député de Beauce, Richard Lehoux, a annoncé, samedi, qu’il a contracté la COVID-19. M. Lehoux participait avec ses collègues à deux jours de réunion de caucus, mercredi et jeudi de la semaine dernière.

Les règles sanitaires exigent un test de dépistage négatif pour les vaccinés, et une mise en quarantaine pour les non-vaccinés, après un contact avec une personne infectée. Toutefois, la définition de contact peut prêter à interprétation.

Il ne manquait que quatre élus conservateurs en Chambre, lundi : M. Lehoux, Chuck Strahl resté en Colombie-Britannique à cause des inondations, et deux autres élus conservateurs. Robert Kitchen est médecin et il a déjà déclaré publiquement qu’il conseille la vaccination, règle générale. Reste Arnold Viersen, un Albertain.

« À l’exception de M. Lehoux (qui est pleinement vacciné), tous les députés conservateurs qui ne siègent pas à la Chambre des communes sont absents pour des raisons non liées à la COVID-19 ou aux règles concernant les vaccins à la Chambre des communes », a déclaré le porte-parole conservateur Axel Rioux par courriel, lundi matin.

Premiers exercices parlementaires

Les élus présents en Chambre ont élu, par vote secret, un nouveau président, lundi.

Ils ont choisi de remettre dans ce siège celui qui l’occupait depuis l’élection de 2019, le député libéral Anthony Rota.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Anthony Rota est escorté par le premier ministre Justin Trudeau et le chef du Parti conservateur Erin O’Toole après avoir été élu.

Priorités libérales

D’ici le congé du temps des Fêtes, les libéraux espèrent faire adopter quatre projets de loi : les nouvelles mesures de soutien plus ciblées liées à la COVID-19, la criminalisation des manifestations contre les travailleurs de la santé, la mise en œuvre de 10 congés de maladie payés dans les entreprises sous juridiction fédérale, et l’interdiction des thérapies de conversion.

Le leader du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, assure le gouvernement de son appui pour trois des quatre. Le NPD se méfie de celui sur les nouvelles mesures de soutien liées à la COVID-19, parce qu’il ne veut pas de la disparition d’autres mesures.

Ce projet de loi sera le premier à être étudié par le Parlement.

Quant au retour en forme hybride des travaux, les libéraux sont assurés de l’appui des néo-démocrates pour ce faire. On passera à ce format une fois la motion, débattue probablement mercredi, sera adoptée, n’en déplaise à Erin O’Toole qui trouvait « formidable » d’être de retour, lundi, dans une Chambre pleine à craquer.

Les bloquistes, comme les conservateurs, s’opposent au format hybride. Les 32 députés du Bloc québécois promettent de se présenter en personne, de toute manière.

Pour ce qui est des 119 députés conservateurs, la présence en personne pourrait être interdite à ceux dont l’exemption médicale de vaccination ne tiendrait plus.

Les bloquistes et les néo-démocrates sont d’accord avec les libéraux pour que seules les raisons acceptées par les autorités sanitaires ontariennes permettent une exemption médicale à un député non vacciné.

« Le flou ne peut perdurer chez les conservateurs et nous voyons ainsi d’un bon œil que les exemptions médicales accordées à certains membres du caucus conservateur soient contrevérifiées », a souligné, dans une déclaration écrite, Alain Therrien, leader parlementaire du Bloc québécois.