(Québec) Semaine de 35 heures, un mois de vacances pour tous les travailleurs, salaire minimum de 18 $ l’heure : les militants de Québec solidaire (QS) vont adopter en fin de semaine une plateforme électorale pour élargir leur base électorale et coaliser les citoyens qui ne se reconnaissent pas dans la CAQ, dit Gabriel Nadeau-Dubois.

« L’objectif de cette plateforme est de coaliser les Québécois et Québécoises qui ne se reconnaissent pas dans François Legault, dans son projet pour le Québec. […] On veut créer la plus grande coalition possible dans la prochaine année pour faire face à François Legault. C’est ça, l’objectif fondamental », affirme le chef parlementaire de QS en entrevue avec La Presse.

Les militants du parti de gauche se réunissent en congrès cette fin de semaine pour adopter leur plateforme électorale en prévision des élections générales d’octobre 2022. Et dans le viseur de Québec solidaire, il n’y a qu’un adversaire : la Coalition avenir Québec.

Sur le plan des idées, de la vision pour le Québec, le parti qui contraste le plus avec la CAQ, c’est Québec solidaire. Depuis le début de la session parlementaire, c’est plus évident que jamais.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Le parti a tiré des leçons des dernières élections. Il souhaite maintenant proposer des engagements « précis et concrets » qui vont « au quotidien répondre aux problèmes que les gens vivent ». Le parti veut également « tendre la main aux autres générations ». « QS a un appui important au sein de la jeunesse, on en est fiers, mais ça ne sera pas suffisant si on veut faire des gains », reconnaît M. Nadeau-Dubois. Avec des propositions concrètes pour les familles et les aînés, les militants pensent pouvoir « créer une alliance intergénérationnelle ».

« Les gens travaillent trop au Québec »

Tandis que François Legault dit non à un jour férié supplémentaire pour ne pas nuire à la productivité du Québec, et que son gouvernement souhaite une hausse pas trop importante du salaire minimum, QS propose le contraire. Ses militants veulent une réforme des normes du travail pour donner 10 congés payés à tous les salariés, un minimum de quatre semaines de vacances par année ainsi qu’un jour férié par mois, si cette proposition est acceptée par les membres. Et ils instaureraient progressivement la semaine de 35 heures. Québec solidaire s’engagerait aussi à hausser le salaire minimum à 18 $ l’heure « dès son arrivée au pouvoir ».

« Les gens travaillent trop au Québec, ils ne passent pas assez de temps avec leur famille, ça a un impact sur le bien-être des enfants, ça a un impact sur la santé mentale, et c’est mauvais pour la productivité », dit M. Nadeau-Dubois.

Pour les aînés, ils proposeront un « régime de retraite public et universel » qui prévoit une « pension minimale » pour tenir compte du « travail non rémunéré qui est réalisé majoritairement par les femmes ».

Ils souhaitent également augmenter les services de soutien à domicile et proposent de subventionner l’aménagement de maisons intergénérationnelles et la transformation de résidences pour les adapter aux limitations fonctionnelles de leurs occupants.

La question du racisme systémique

Autre collision frontale avec la vision de la CAQ : François Legault ne croit pas qu’il y ait du racisme systémique au Québec. QS proposera plutôt de « mettre sur pied une Commission d’enquête sur le racisme systémique et [d’]en appliquer les recommandations » pour « reconnaître la réalité du racisme dans la société québécoise ».

Le Québec a évolué sur cette question depuis le décès de Joyce [Echaquan], depuis les mobilisations des dernières années partout en Amérique du Nord sur la violence policière, la discrimination et le racisme au Québec. Les Québécois sont un peuple assez mature pour savoir qu’on a des défis et que ça ne revient pas du tout à faire le procès de la société québécoise dans son entier.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Pour favoriser le vivre-ensemble, il sera également proposé de soutenir « le développement de contenus d’éducation portant sur les rapports égalitaires et les apports des diverses communautés à la société québécoise » et de s’assurer d’une « présentation juste de l’histoire et des réalités contemporaines des peuples autochtones en collaboration avec ceux-ci ».

Le parti fait toutefois écho à la « fierté » que François Legault veut insuffler avec ses Espaces bleus, un nouveau réseau de musées. QS veut faire de « la promotion de notre culture et la formation des publics une priorité nationale » en rendant obligatoires quatre activités culturelles par année pour l’ensemble des élèves du primaire, du secondaire et des cégeps et veut faire de Télé-Québec un diffuseur national de contenus. Les militants veulent aussi créer un « SEPAQ-patrimoine » afin d’acquérir des bâtiments patrimoniaux pour les transformer en établissements touristiques ou en centres culturels, par exemple.

Québec solidaire n’a pas chiffré les éléments qui constitueront sa plateforme électorale adoptée lors du congrès de ce week-end, mais son cadre financier sera prêt pour les élections de 2022, a précisé M. Nadeau-Dubois.