(Québec) Le nouveau maire de Québec avait promis de faire de la politique autrement. Il a donné mercredi une idée de ce qu’il avait en tête, en dévoilant un premier comité exécutif qui fait la part belle à des élus de l’opposition, sauf au parti Transition Québec.

Les six conseillers de Québec forte et fière (QFF), parti de M. Marchand, ont chacun une place sur le comité. Mais le nouveau maire, dont la formation est minoritaire au conseil, est allé piger hors de ses rangs pour combler quatre postes.

Un élu de l’opposition officielle, Steeve Verret, a choisi de quitter Équipe Marie-Josée Savard (ÉMJS). Il siégera comme indépendant et sera un membre entier du comité exécutif.

Les trois autres élus de l’opposition à recevoir une promotion pourront demeurer dans leurs formations respectives, mais siégeront à titre de membre associé sur le comité. C’est le cas pour l’ancien chef de l’opposition officielle, Jean-François Gosselin, qui restera membre de Québec 21.

« Pour moi aujourd’hui, c’est un extraordinaire exemple que d’autres politiciens à d’autres paliers devraient prendre », s’est félicité Bruno Marchand.

« C’est exactement ce que les citoyens nous demandent. Mettez de l’eau dans votre vin, soyez conciliants. Il y a une ville plurielle à bâtir. »

La mairie a offert une place sur le comité à tous les partis. L’offre était simple : si vous voulez rester dans votre formation politique et accéder au comité, vous pourriez avoir un rôle de membre associé.

Les membres associés ne s’exprimeront à l’exécutif que sur des enjeux qui relèvent de leurs dossiers. M. Gosselin par exemple, qui s’occupera des loisirs et des sports, ne participera pas aux décisions sur le tramway, auquel il s’est toujours opposé.

« Je suis très content de voir comment tout ça se déroule. Il y a beaucoup de respect, de communication. C’est très satisfaisant de fonctionner comme ça », a dit Jean-François Gosselin, qui a démissionné de son rôle de chef de Québec 21 après une élection décevante pour sa formation.

M. Gosselin, qui avait des relations tendues avec Régis Labeaume, raconte avoir été frappé dans les derniers jours par l’atmosphère nouvelle qui règne à l’hôtel de ville.

« Lorsque je me suis promené à l’étage que je partage depuis quatre ans à l’opposition avec la mairie, les portes sont toutes ouvertes, tout le monde se parle, tout le monde se sourit. On a l’impression que tout le monde travaille ensemble. »

Le son de cloche est le même à l’opposition officielle. Le nouveau chef d’Équipe Marie-Josée Savard s’est dit « très satisfait ». Claude Villeneuve assure que le départ de Steeve Verret n’est pas une défection.

« C’est moi qui a fait savoir à M. Marchand qu’un membre de notre équipe serait intéressé de siéger à son exécutif et qu’on était à l’aise avec ça », dit-il.

« Nos échanges étaient d’une telle franchise et d’un tel respect que j’ai confiance pour la suite », ajoute M. Villeneuve.

Une absence de taille

Le parti de gauche Transition Québec est le seul absent du conseil. Leur cheffe et unique élue, Jackie Smith, aurait refusé l’offre selon ce qu’a expliqué le maire de Québec.

« La proposition a été faite à tous les partis et les partis ont décidé ce qui était préférable pour eux », de dire M. Marchand, qui n’exclut pas de nommer Mme Smith sur le conseil d’administration du Réseau de transport de la capitale.

La principale intéressée explique qu’elle aurait perdu une partie de sa liberté de parole en acceptant un rôle sur le comité exécutif.

« Je le répète : je serai la voix pour la transition écologique à l’hôtel de ville », lance Mme Smith en entrevue.

Elle a aussi soumis des exigences qui ont été refusées par la mairie. Elle aurait par exemple été d’accord de siéger sur l’exécutif si l’administration avait adoptée des mesures-phares de Transition Québec. Elle cite la gratuité des transports en commun ou la fermeture de l’incinérateur qui nuit à la qualité de l’air dans Limoilou, district de Mme Smith.

La formation du comité exécutif était le premier test de l’administration Marchand. Dans l’ensemble, le nouveau maire a bien joué ses cartes, estime Philippe Dubois, doctorant en science politique et chercheur à l’Université Laval.

« C’est mission accomplie pour M. Marchand. Il avait promis de faire les choses différemment et c’est ce qu’il fait, juge-t-il. Il y a une culture à l’hôtel de ville. M. Labeaume nous avait habitué de nommer ses fidèles. »

La nomination au comité d’un indépendant et de trois membres associés de l’opposition permet au maire « de rééquilibrer les forces au conseil municipal ». Selon M. Dubois, les membres associés auront une tendance à se solidariser avec la mairie et « la distribution informelle devient 11 élus pro-administration et 11 élus de l’opposition ».

Le comité exécutif de Québec

  • Bruno Marchand (QFF) : développement économique et grands projets ; main-d’œuvre ; culture et relations avec les Premières nations
  • Pierre-Luc Lachance (QFF) : vice-président, transports, mobilité et circulation ; entretien des voies de circulation ; vie démocratique ; interaction citoyenne ; technologies de l’information ; finances ; gestion foncière et évaluation ; approvisionnements et ressources matérielles
  • Marie-Josée Asselin (QFF) : développement durable ; environnement ; prévention et qualité du milieu ; protection des sources d’eau ; traitement des eaux ; gestion des matières résiduelles ; foresterie urbaine ; police ; sécurité civile ; protection contre l’incendie ; gestion animalière ; relations de travail
  • Mélissa Coulombe-Leduc (QFF) : patrimoine ; urbanisme ; tourisme ; parcs et espaces verts
  • Maude Mercier Larouche (QFF) : tramway ; mobilité as a service (MAAS) ; communications
  • Marie-Pierre Boucher (QFF) : planification de l’aménagement du territoire ; habitation ; logement social ; développement social et communautaire ; aînés ; loisirs et sports
  • Catherine Vallières-Roland (QFF) : relations internationales ; grands évènements ; culture famille ; vivre-ensemble
  • Steeve Verret (indépendant) : gestion des équipements motorisés ; gestion des immeubles ; ingénierie ; entretien des réseaux d’aqueduc et d’égouts
  • Jean-François Gosselin (Québec 21 – membre associé) : loisirs et sports
  • Véronique Dallaire (ÉMJS – membre associé) : accessibilité universelle
  • David Weiser (ÉMJS – membre associé) : immigration ; relations avec les communautés culturelles et la communauté anglophone