(Ottawa) Une promesse d’instaurer une ligne sans frais pour dénoncer des « pratiques culturelles barbares », vieille de six ans, hante encore la relation entre le Parti conservateur et les communautés culturelles, déplore le député Tim Uppal, chargé de la Liaison au sein de son caucus.

M. Uppal a été ministre responsable du Multiculturalisme sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, avant sa défaite contre Justin Trudeau en 2015.

Le parti s’est positionné comme le défenseur des « valeurs canadiennes », et M. Harper a passé ses derniers mois au pouvoir à promouvoir des politiques culturelles qui ont divisé la population. Celles-ci comprenaient un projet de loi interdisant le port du couvre-visage lors des cérémonies de citoyenneté, une mesure soutenue par M. Uppal.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TIM UPPAL

Tim Uppal a été réélu dans la circonscription d’Edmonton Mill Woods.

Le député s’est excusé pour cette position en juin dernier, quelques jours après qu’une famille musulmane a été tuée par un chauffeur à London, en Ontario. La police de la ville a décrit cette attaque comme « motivée par la haine », venant à la conclusion que les victimes avaient été ciblées en raison de leur foi.

« J’aurais dû m’exprimer plus fermement. Et cela ne se produirait pas sous le Parti conservateur d’aujourd’hui », a juré M. Uppal dans une récente entrevue avec La Presse Canadienne.

Tentatives naissantes

Le chef Erin O’Toole a récemment choisi M. Uppal pour devenir son président de la Liaison avec les électeurs, un nouveau rôle créé au sein de son caucus.

L’accent mis sur les relations publiques fait suite à la déception et à la frustration ressenties par de nombreux conservateurs, après avoir échoué à faire des percées dans la région du Grand Toronto – qui abrite de nombreux immigrants et Canadiens racialisés – lors des élections du 20 septembre dernier. Les dirigeants du parti ont également été choqués lorsque des députés conservateurs de longue date ont été défaits dans des circonscriptions où vivent de nombreux électeurs d’origine chinoise.

L’Organisation mondiale des Sikhs du Canada a récemment rencontré MM. O’Toole et Uppal, donnant lieu à une conversation productive où ils se sont engagés à rester en contact, selon le porte-parole de l’organisation Balpreet Singh.

Celui-ci pense que les conservateurs ont la capacité d’élargir leur base partisane dans des communautés sikhes, où ils sont nombreux à aimer les politiques fiscales du parti.

Ce sont cependant les promesses de 2015 qui créent un malaise chez plusieurs.

« On sentait bien que celles-ci visaient la communauté musulmane et que les conservateurs n’hésitaient pas à jouer la carte raciale, la carte xénophobe quand cela leur semblait être à leur avantage, et c’est inacceptable », a expliqué M. Singh.

L’une des questions qu’il a soulevées auprès de M. O’Toole est sa position sur la loi 21, empêchant entre autres les enseignants et les fonctionnaires québécois de porter des symboles religieux sur leur lieu de travail. Selon lui, la mesure crée une « citoyenneté de deuxième classe » pour de nombreux membres de sa communauté.

M. Singh a déclaré qu’il était décourageant de voir le chef conservateur dire qu’il ne contesterait jamais une loi adoptée au Québec. Cependant, M. O’Toole lui aurait indiqué que la question était en train d’être discutée au sein du parti.