(Ottawa) Le gouvernement canadien a subrepticement modifié une offre d’emploi dans laquelle le poste était décrit comme étant unilingue anglais.

« Exigences linguistiques : poste unilingue anglais », lisait-on jusqu’à jeudi soir, au moins, dans l’affichage d’un poste d’analyste au Centre de recherches pour le développement international (CRDI), qui est une société d’État du gouvernement canadien.

CAPTURE D’ÉCRAN DE L’OFFRE D’EMPLOI SUR LE SITE DU CRDI (10 NOVEMBRE)

En fin de journée jeudi, La Presse a demandé des explications à Affaires mondiales Canada. Vendredi matin, une porte-parole du Ministère a indiqué dans un courriel : « Nous avons bien reçu votre requête. Pouvez-vous me spécifier votre délai ? »

Le Ministère n’avait pas donné signe de vie en milieu d’après-midi. Mais entre jeudi et vendredi, alors que la situation avait été portée à l’attention du gouvernement, l’affichage a été changé pour indiquer qu’il s’agissait finalement d’un poste bilingue.

CAPTURE D’ÉCRAN DE L’OFFRE D’EMPLOI SUR LE SITE DU CRDI (12 NOVEMBRE)

« Exigences linguistiques : poste bilingue (français et anglais) au niveau intermédiaire », lit-on désormais.

Environ 45 minutes après la publication de la version initiale de ce texte, Affaires mondiales Canada s’est manifesté.

« Suite à une vérification auprès de la Division des personnes et de la culture organisationnelle [ressources humaines] du CRDI, nous pouvons confirmer qu’il s’agit d’une erreur administrative. Cette erreur a maintenant été corrigée », a écrit une porte-parole du Ministère dans un courriel.

« Fais ce que je dis, pas ce que je fais »

En début de semaine, le gouvernement Trudeau a sermonné le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, pour son unilinguisme. La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a écrit lundi au président du conseil d’administration de la société pour lui enjoindre de se pencher sur la situation.

Le grand patron de la compagnie aérienne s’est depuis engagé à apprendre le français.

Bref, « ça fait un peu : fais ce que je dis, pas ce que je fais », réagit en entrevue le chef adjoint néo-démocrate, Alexandre Boulerice.

« Encore une fois, le français passe en deuxième, et il n’y a pas le réflexe du gouvernement du respect des deux langues officielles, et de la place et de l’importance du français », enchaîne-t-il, en notant que pendant la pandémie, les libéraux ont autorisé l’étiquetage unilingue anglais pour des produits et que, comme l’a rapporté Radio-Canada, Immigration Canada a recruté des agents qui parlent anglais seulement.

Le porte-parole bloquiste en matière de langues officielles, Mario Beaulieu, a aussi fustigé le gouvernement.

« Plus qu’une simple offre d’emploi, c’est la suite malheureuse d’une série de gestes du gouvernement fédéral qui trahissent le peu de souci accordé à la langue française », a-t-il déclaré vendredi, en faisant référence aux mêmes exemples que M. Boulerice, en plus de mentionner celui de l’embauche de la gouverneure générale Mary Simon, qui ne parle pas français.

« Les exemples se multiplient à outrance », a-t-il dénoncé.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse