Denis Coderre a annoncé qu’il quittait la vie politique de façon permanente, vendredi, renonçant à siéger comme chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal.

Il a publiquement annoncé sa décision après en avoir informé ses candidats, qu’il rencontrait pour la première fois depuis la défaite cinglante de dimanche dernier.

« Je quitte la vie politique », a-t-il dit, les yeux humides et l’émotion dans la voix. « Je vais faire autre chose. Après 40 ans de politique, 12 campagnes électorales. […] J’ai le sentiment du devoir accompli. »

M. Coderre, 58 ans, a été député fédéral de Bourassa de 1997 à 2013, avant d’être maire de Montréal jusqu’en 2017.

« J’ai décidé de penser à moi », a-t-il continué vendredi, affirmant avoir réalisé qu’il s’était transformé en « paratonnerre » à mesure que la campagne avançait, et que cette situation n’était pas compatible avec l’idée de prendre la tête de l’opposition.

Il faut savoir se retirer dans la vie. C’est ce que je fais. J’ai vraiment eu une vie accomplie sur le plan politique. […] Il faut faire la place aux jeunes générations.

Denis Coderre

M. Coderre était vêtu de noir de la tête aux pieds. Autour de lui, une vingtaine d’élus et de candidats l’entouraient et l’ont applaudi à tout rompre.

« Je les aime », a-t-il dit, parlant de l’équipe avec laquelle il est revenu en politique après quatre ans d’absence. « C’est un extraordinaire livre qui se termine, mais fort de cette expérience-là, je peux faire beaucoup d’autres choses, […] sur la scène internationale, locale ou ailleurs. » Il a aussi remercié « les Montréalais, les gens de Montréal-Nord, qui m’ont donné cette vie politique exceptionnelle, qui m’ont donné cette chance de travailler pour eux ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Denis Coderre lors de son discours, dimanche

Il a raconté qu’il avait souffert d’un terrible mal de tête pendant toute la journée de lundi, lendemain de sa défaite, mais qu’il s’était tout de même réuni avec ses parents, très affectés par son revers de fortune. Dans les jours qui ont suivi, il a discuté avec sa famille et ses proches avant d’annoncer sa décision.

« Vox populi, vox Dei »

La rencontre entre les candidats d’Ensemble Montréal et Denis Coderre a duré plusieurs heures vendredi matin dans une salle de la Casa d’Italia, rue Jean-Talon Est. Ils ont fait un bilan de la campagne.

C’était bien, c’était constructif, c’était valorisant. Tous ceux et celles qui avaient des choses à dire, ils l’ont dit. On m’a posé des questions, j’ai répondu.

Denis Coderre, à propos de la rencontre avec les candidats d’Ensemble Montréal

M. Coderre a ajouté que personne n’y « cherchait les coupables, on regarde vers l’avant ».

Publiquement, il n’a toutefois pas voulu s’étendre sur son analyse de la campagne électorale. « Vox populi, vox Dei. Mais ce qui m’attriste le plus, c’est le taux faible de participation », a souligné l’ex-candidat, blâmant la décision de l’administration Plante de ne pas autoriser le vote postal pour les électeurs de plus de 70 ans. « On commence à ressembler à une grosse commission scolaire. »

« On avait une plateforme extraordinaire, on avait une équipe extraordinaire », a dit M. Coderre, regrettant que les propositions de son parti n’aient pas suffisamment été débattues dans l’espace public. « On n’a pas assez parlé des enjeux. »

« Est-ce qu’il y a eu des erreurs ? J’imagine », a-t-il affirmé, sibyllin.

Le politicien n’a pu s’empêcher de continuer les attaques envers ses adversaires. « Malheureusement, on n’a pas parlé vraiment du bilan des quatre dernières années pendant cette campagne, a-t-il dit. J’ai eu l’impression que ce qu’il y avait d’environnementaliste du côté de Projet Montréal, c’était de copier mot pour mot plusieurs de nos idées. Je vais peut-être vendre plus [d’exemplaires de] mon livre, ils en ont pris beaucoup [d’idées] là-dedans. »

M. Coderre a indiqué qu’il n’avait pas parlé de vive voix avec Valérie Plante depuis dimanche soir, mais qu’ils avaient échangé des textos. Il s’est défendu d’avoir tenu un discours amer dimanche soir et a ajouté que l’ordre des allocutions (contraire à la tradition selon laquelle le gagnant s’exprime en dernier) était uniquement attribuable à un problème de communication entre les campagnes.