(Québec) Signataire comme 11 autres personnes du manifeste fondateur de la Coalition avenir Québec (CAQ), Chantal Longpré, ex-présidente de la fédération des directeurs d’écoles publiques qui est aujourd’hui à la tête d’un établissement privé, songe à se porter candidate pour le parti aux élections de 2022.

Elle milite pour décentraliser davantage le système scolaire et même « harmoniser » les écoles publiques et privées afin de mettre sur pied un seul réseau au Québec. Elle se dit proche de Jean-François Roberge, qui se dirige vers l’un des mandats les plus longs à l’Éducation, et de sa directrice de cabinet, Julie Lussier.

La CAQ a invité Chantal Longpré à prononcer une allocution pour souligner les 10 ans de la fondation du parti, à l’occasion du conseil général de la fin de semaine à Trois-Rivières. C’est le premier congrès où les militants caquistes seront réunis en personne depuis le début de la pandémie de COVID-19. Quelque 850 membres du parti et du personnel politique du gouvernement sont attendus.

La directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault, a proposé à Mme Longpré de se présenter devant les militants samedi pour raconter les débuts du mouvement de François Legault qui s’est transformé en parti politique le 14 novembre 2011.

La directrice du collège Esther-Blondin, à Saint-Jacques, dans Lanaudière, a accepté l’invitation. En entrevue avec La Presse, elle soutient qu’aucun échange n’a eu lieu pour le moment au sujet d’une éventuelle candidature. Elle se dit « en réflexion », tout en laissant entendre que les astres s’alignent.

« L’an passé, mon conjoint est décédé, et ça m’a fait faire une réflexion assez importante » quant à l’avenir, affirme Chantal Longpré, 56 ans.

J’ai le goût encore de m’impliquer dans le système éducatif. Les idées de base dont on a discuté au début de la CAQ, ça m’habite encore.

Chantal Longpré, directrice du collège Esther-Blondin et membre fondatrice de la CAQ

Le conseil général du parti est l’occasion pour elle de se « rebrancher sur la politique » et de tâter le terrain. « J’ai encore des liens avec notre premier ministre, j’ai encore des liens avec Jean-François Roberge et j’ai des liens avec sa directrice de cabinet. Je connais tout ce monde-là. Ce sont des gens proches de moi, autour de moi », souligne-t-elle.

Une piste d’atterrissage ?

Après avoir été directrice d’écoles publiques à Repentigny et à Terrebonne pendant 10 ans, cette orthopédagogue de formation a présidé la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, de 2008 à 2012. Depuis 2014, elle dirige une école privée, le collège Esther-Blondin. L’établissement est situé dans la circonscription de Rousseau, représentée par Louis-Charles Thouin. Le député a réintégré le caucus de la CAQ en septembre, six mois après en avoir été exclu, car il a été blanchi d’allégations d’apparence de conflit d’intérêts.

Le collège Esther-Blondin se trouve à la limite de la circonscription de Joliette, détenue par la péquiste Véronique Hivon.

Chantal Longpré avait tenté sa chance une première fois lors des élections générales de 2012, scrutin où la CAQ avait amassé 27 % des voix.

En 2012, Mme Longpré avait terminé deuxième derrière le péquiste Scott McKay dans Repentigny, où elle habite depuis l’enfance (41 % contre 38 %). Cette circonscription est représentée par la caquiste Lise Lavallée depuis 2014.

« Je n’ai pas regardé les pistes d’atterrissage » possibles pour une candidature, soutient Chantal Longpré. Elle dit ne pas convoiter Marie-Victorin, la circonscription de Longueuil devenue vacante à la suite de l’élection de Catherine Fournier à la mairie. Le gouvernement attendra 2022 pour y déclencher une élection partielle.

« Un seul réseau »

« En éducation, il y a des avancées qui ont été faites depuis que la Coalition avenir Québec est au pouvoir. Évidemment, il y a eu l’abolition des commissaires et la création des centres de services scolaires. Une première étape a été franchie avec le départ des commissaires, c’est clair », affirme Chantal Longpré. Elle estime qu’« il y a beaucoup de boulot à faire encore parce qu’on a toujours deux réseaux, le réseau public et le réseau privé ». « Le but n’étant pas de les faire disparaître nécessairement, mais de s’assurer de les harmoniser le plus possible. Sincèrement, je pense qu’il faut qu’il n’y ait qu’un seul réseau, et pas deux. »

« Ça ne peut pas se faire en un coup de baguette magique en disant : demain matin, on a un seul réseau et tout le monde devient autonome, et le gouvernement décide de financer tout le monde à 100 %. C’est impossible. Il va falloir qu’il y ait une transition ou qu’on réfléchisse à autre chose au niveau financier », ajoute Mme Longpré, qui connaît de l’intérieur tant le public que le privé.

Elle veut que les écoles aient davantage d’autonomie, un mantra de la CAQ depuis ses débuts. « Plus l’école est autonome, plus elle fait les meilleurs choix pour les élèves qui sont dans son établissement », croit-elle.

Elle dit s’exprimer à titre personnel.

Je suis membre fondateur de la Coalition, mais je ne veux quand même pas aller en avant des messages de la CAQ non plus.

Chantal Longpré, directrice du collège Esther-Blondin et membre fondatrice de la CAQ

En février 2011, Chantal Longpré avait signé avec 11 autres personnalités le manifeste de la « Coalition pour l’avenir du Québec », le mouvement lancé par François Legault et l’homme d’affaires Charles Sirois, qui allait devenir quelques mois plus tard un parti politique. La coalition faisait de l’éducation sa « priorité absolue ». Chantal Longpré était en quelque sorte la représentante du monde scolaire parmi les signataires.

Les idées de la coalition en matière d’éducation sont portées à l’Assemblée nationale depuis 2014 par Jean-François Roberge, qui est ministre depuis 2018. Au gouvernement, on observe qu’il aura à la fin du mandat, après quatre ans, le plus long règne à l’Éducation depuis longtemps. François Legault a été à la tête de ce ministère pendant un peu plus de trois ans (de décembre 1998 à janvier 2002), et personne ne l’avait surpassé depuis. Il faut remonter aux années 1980 pour trouver le record de longévité, détenu par feu Claude Ryan, qui a été ministre de 1985 à 1990.

En plus de François Legault, trois autres signataires du manifeste de la Coalition sont aujourd’hui députés caquistes : le ministre Lionel Carmant (Taillon), Marie-Ève Proulx (Côte-du-Sud) et Jean-François Simard (Montmorency).