Pourra-t-on voter par internet aux élections municipales de 2025 ? C’est du moins ce que souhaite la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, qui a demandé au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de se pencher sur la question, en espérant que cela puisse faire augmenter le taux de participation.

« Est-ce qu’on ne serait pas rendus à travailler avec le vote électronique par internet ? Sur le terrain, j’entends beaucoup ce commentaire. Et je crois qu’on irait chercher beaucoup plus de monde », a dit la ministre en entrevue téléphonique lundi.

Au moment d’écrire ces lignes, le taux de participation officiel aux élections municipales au Québec n’était toujours pas connu, mais oscillerait autour de 38 %. À Montréal, il s’élevait à 38,14 %, comparativement à 42,5 % en 2017, malgré le fait que les électeurs disposaient de quatre jours complets pour aller voter.

À Laval, le taux était de 28,8 % et en Montérégie, de 36,2 %.

Lors de l’étude du projet de loi 85, déposé en février dernier, qui visait à faciliter le déroulement des élections municipales dans le contexte de la pandémie, la ministre Laforest a confié au DGEQ le mandat d’étudier la possibilité d’implanter le vote par internet, en prévision des prochaines élections municipales, dans quatre ans.

« Pour les élections de 2025, il va nous dire si c’est possible ou impossible », poursuit-elle.

La ministre Laforest fait remarquer que la procédure de vote n’a pas changé depuis des lunes : on cherche toujours le nom de chaque citoyen sur une liste et on le biffe avec une règle, à la main, pour indiquer qu’il a exercé son droit de vote.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

Mais là, il est peut-être temps d’évoluer un peu. Pour 2025, le vote électronique, j’ai beaucoup d’attentes.

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

Le président de l’Union des municipalités du Québec, Daniel Côté, maire de Gaspé, est d’accord. « Sur les moyens techniques, il y a certainement une réflexion qu’on doit avoir dans l’ensemble du Québec, dit-il. Sur tout le processus, il va y avoir besoin de modernisation tôt ou tard. »

L’Ontario précurseur

En Ontario, certaines municipalités utilisent le vote par internet depuis plusieurs années. En 2018, les électeurs d’au moins 179 municipalités ontariennes pouvaient voter de cette façon, notamment à Newmarket et à Thunder Bay. Cela représente environ 40 % de toutes les municipalités de la province.

Des études montrent que le vote par internet a permis d’augmenter le taux de participation de 3,5 % en Ontario, selon Jérôme Couture, chercheur rattaché au Laboratoire sur les élections locales et chargé de cours à l’Université Laval.

« Ça semble avoir un effet sur les nouveaux électeurs, donc surtout les jeunes. Et il semble y avoir un effet qui dure dans le temps », explique le chercheur, qui a lui-même été candidat aux dernières élections dans la ville de Québec.

Mais selon lui, d’autres raisons expliquent la désaffection des citoyens envers les élections municipales. C’est notamment parce que le niveau municipal est considéré comme un gouvernement de second ordre, parce que les électeurs manquent d’informations sur les enjeux de l’élection et parce que les différents paliers – notamment les mairies d’arrondissement à Montréal – peuvent sembler complexes pour le commun des mortels.

« Il ne faut pas négliger le fait qu’on a eu une élection fédérale anticipée qui est venue faire une belle grosse jambette aux élections municipales », renchérit Philippe Dubois, chercheur-doctorant et coordonnateur du Groupe de recherche en communication politique de l’Université Laval.

M. Dubois estime que le désintérêt envers l’élection des maires et des conseillers municipaux est attribuable surtout à deux facteurs : le manque d’information et le cynisme.

« Ça montre à quel point l’information est essentielle non seulement à la vie publique, mais aussi à l’exercice de la démocratie », conclut-il.