(Québec) Au lendemain de sa victoire à l’arraché, le nouveau maire de Québec tend la main aux élus des autres formations politiques et n’écarte pas l’idée d’en intégrer certains à son comité exécutif.

L’élection de Bruno Marchand dimanche a eu l’effet d’un séisme sur le paysage politique de la capitale. Le scrutin met fin à 14 ans de l’ère Labeaume avec le départ du maire sortant et la défaite de sa dauphine, Marie-Josée Savard, par seulement 834 voix.

Le conseil municipal est divisé. Les deux partis qui le dominaient jusqu’alors se retrouvent désormais sans chef.

« On ne peut pas fonctionner comme si on était majoritaires. Il faut travailler ensemble. Est-ce que ça veut dire que dans le comité exécutif, il y aura du monde d’autres partis ? Peut-être », indique M. Marchand, qui promet un changement de ton à l’hôtel de ville.

Québec forte et fière, le parti de M. Marchand, a remporté 6 des 21 districts. Équipe Marie-Josée Savard a 10 élus. Québec 21 en a quatre et Transition Québec a remporté un siège.

Le comité exécutif de la Ville de Québec peut compter jusqu’à dix élus. C’est donc dire que des sièges pourraient être occupés par des conseillers de formations adverses, ou par des transfuges.

Le choc de l’élection n’a pas encore fini de donner sa pleine mesure : l’avenir d’Équipe Marie-Josée Savard (EMJS), héritier d’Équipe Labeaume, est encore incertain. Sa chef ne siégera pas dans l’opposition, puisqu’elle n’avait pas de colistière.

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Marie-Josée Savard avait été donnée gagnante dimanche soir, mais le dépouillement complet des votes a finalement été en faveur de Bruno Marchand.

Lundi, le parti s’est contenté de reconnaître la victoire de M. Marchand et de le féliciter. Mme Savard n’a pas fait de déclaration.

Au lendemain de sa victoire, Bruno Marchand a aussi offert son soutien à sa rivale Marie-Josée Savard, qui a vécu une soirée « cruelle » marquée par un discours de victoire prématuré.

« C’est cruel. C’est cruel pour elle, note-t-il. J’ai beaucoup, beaucoup d’empathie. Je n’aurais pas voulu être à sa place. On ne souhaite ça à aucun politicien. »

Québec 21 en quête d’un chef

L’ancienne opposition officielle va quant à elle changer de visage. Québec 21 est désormais la troisième formation en importance au conseil. Son chef, Jean-François Gosselin, a démissionné, mais siégera toujours comme conseiller.

L’élu de Québec 21 Stevens Mélançon explique que le parti prendra les prochains mois pour se trouver un nouveau chef. « Le ton va changer à l’hôtel de ville », prédit-il, tout en notant que 15 des 21 conseillers sont élus pour la première fois.

On va appeler ça un conseil de ville assez disparate. Il va falloir des concertations et qu’on se parle. Si ça va bien, ça va bien aller. Mais si ça va mal, il va falloir que quelqu’un mette de l’eau dans son vin, sinon, ça va être assez virulent.

Stevens Mélançon, élu de Québec 21 dans le district La Chute-Montmorency-Seigneuriale

Jackie Smith, de Transition Québec, entend quant à elle collaborer avec le nouveau maire pour faire de Québec « une ville plus juste et plus verte ». Le parti écologiste et progressiste a fait élire dans Limoilou la première conseillère de son histoire.

Elle veut notamment pousser M. Marchand à préciser sa pensée sur le troisième lien, lui qui souffle le chaud et le froid. « On veut absolument tuer ce projet-là », dit-elle.

Mme Smith serait-elle intéressée par un poste au comité exécutif de Bruno Marchand ?

« Je ne sais pas encore. Je n’ai pas eu l’occasion de féliciter M. Marchand. Je ne me prononce pas tout de suite. Il faut réfléchir à ça et en jaser avec mon équipe et M. Marchand. »

Pas de référendum sur le tramway

Le plus important chantier du nouveau maire sera sans conteste le tramway. Tant les dix élus d’EMJS que Mme Smith sont en faveur de ce projet. Il faut donc s’attendre à une certaine collaboration.

Bruno Marchand avait promis durant la campagne de mieux consulter la population à propos de ce projet de 3,3 milliards. Chose certaine, il ne veut rien savoir d’un référendum.

« Non, je ne ferai pas de référendum. Maintenant, il y a des façons de consulter, sur des trajets, des portions, des façons, a dit M. Marchand. Prenons l’exemple de René-Lévesque, on peut consulter les premiers concernés et leur demander le scénario qu’ils préfèrent. »

La mobilité à Québec a besoin d’une colonne vertébrale. Quand le tramway va être en place, ceux qui vont le prendre vont en bénéficier, mais ceux qui ne le prennent pas vont en bénéficier aussi. Ça va améliorer la circulation pour eux aussi.

Bruno Marchand, nouveau maire de Québec

Québec 21 s’est toujours opposé au tramway. Mais le résultat de dimanche est sans appel. Stevens Mélançon parle de changer de ton et d’approche sur ce dossier.

« On n’a plus grand-chose à dire. Nous ne sommes même plus l’opposition officielle. Ils sont 17 en faveur, dit-il. À ce moment-là, on aura beau faire les tractations qu’on veut sur le tramway… On va faire le chien de garde, mesurer les coûts, les impacts pour les citoyens, les commerçants… »