Québec renoue avec le suspense politique
Le départ de Régis Labeaume a permis à la capitale de renouer avec le suspense politique et, pour la première fois depuis 2007, il est difficile de prévoir qui sera le prochain maire.
« Bien malin celui qui pourrait prédire les résultats. Ça se dirige de toute évidence vers une lutte à trois », note Philippe Dubois, doctorant en science politique et chercheur à l’Université Laval.
Les premiers sondages donnaient une confortable avance à la dauphine du maire sortant. Mais le dernier en date laissait à Marie-Josée Savard une avance de 10 points de pourcentage, avec ses deux poursuivants au coude-à-coude, soit Jean-François Gosselin et Bruno Marchand.
« J’émets un énorme bémol sur les sondages », avertit toutefois Thierry Giasson, chercheur principal au Groupe de recherche en communication politique de l’Université Laval. Il cite les modestes échantillons et le petit nombre de coups de sonde.
« Longueuil a eu plus de sondages que Québec ! », remarque Philippe Dubois.
Ce constat ajoute au mystère qui entoure la soirée de dimanche. Est-ce que Marie-Josée Savard, ancienne vice-présidente du comité exécutif, aura su convaincre l’électorat, elle qui se faisait la chantre de la continuité ?
Les experts estiment tous deux que le tournant de la campagne aura été ce débat à la télé de Radio-Canada, durant lequel Mme Savard a obtenu la note de 4 sur 10 dans un quiz de questions sur Québec. C’était de loin la pire note parmi les cinq candidats présents.
« Ça a peut-être amené des gens à reconsidérer sa candidature et même ses compétences », croit M. Giasson.
Le thème du transport a aussi été au premier plan. La plupart des candidats ont maintenu un flou artistique sur leur position quant au troisième lien. Mais quatre des cinq partis ont pris position en faveur du tramway.
Le seul à s’y opposer, Jean-François Gosselin, était pressenti comme le principal adversaire de Mme Savard. Mais le chef de l’opposition officielle a eu du mal à défendre son projet de métro léger, souligne M. Giasson.
L’étoile montante s’appelle Bruno Marchand. Malgré quelques maladresses, l’ancien PDG de Centraide est celui qui a le plus progressé au fil des sondages. À tel point que le dernier coup de sonde le plaçait à égalité avec Jean-François Gosselin.
« M. Gosselin est là depuis quatre ans à l’hôtel de ville, il se présente pour la deuxième fois. M. Marchand, lui, était pratiquement inconnu du grand public quand il a annoncé qu’il se lançait », note Philippe Dubois.
« Il a réussi à s’installer comme une figure politique crédible dans le paysage de Québec, et ça, en soi, c’est une victoire. »
Longueuil : Fournier en avance dans une course à quatre
À Longueuil, une lutte à quatre se profile entre l’ex-président de la CSN Jacques Létourneau, d’Action Longueuil, la députée provinciale Catherine Fournier, de Coalition Longueuil, la femme d’affaires Josée Latendresse, de Longueuil Ensemble, et l’entrepreneur Jean-Marc Léveillé, de Longueuil Citoyen.
C’est toutefois Mme Fournier qui semble consolider le plus d’acquis, recueillant 46 % des voix selon un sondage Mainstreet commandé par son parti.
Les trois autres candidats recueillent un score pratiquement équivalent, avec respectivement 11 % pour Jean-Marc Léveillé, 10,7 % pour Josée Latendresse et 9,6 % pour Jacques Létourneau. Les trois ont déjà indiqué qu’un sondage interne ne veut rien dire pour eux.
Par ailleurs, le 21 octobre dernier, un sondage CROP-Radio-Canada donnait 33 % des votes à Catherine Fournier, 10 % à Josée Latendresse, 6 % à Jean-Marc Léveillé et 4 % à Jacques Létourneau. Pas moins de 44 % des électeurs demeuraient indécis à ce moment, selon ce même coup de sonde.
Pendant la campagne, c’est surtout le transport collectif, avec l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud, ainsi que la crise du logement abordable qui ont occupé le terrain. Avec un taux d’inoccupation d’environ 1,5 %, Longueuil vit, comme de nombreuses villes au Québec, une crise du logement abordable. Il faut payer de plus en plus cher pour se loger comme locataire, mais également pour acquérir une première maison.
Côté mobilité, la mairesse sortante Sylvie Parent avait présenté l’an dernier son projet de tramway LEEO (lien électrique est-ouest), qui relierait le métro Longueuil et la station Panama du futur REM à Brossard.
Six courses enlevantes
La lutte pour la mairie n’est pas serrée qu’à Montréal et à Québec. Voici quelques autres courses qui s’annoncent corsées un peu partout au Québec.
Saguenay : à la photo d’arrivée
Josée Néron, qui a succédé au coloré Jean Tremblay, n’aura-t-elle été que la mairesse d’un seul mandat à Saguenay ? Bien malin qui pourrait le prédire. Un récent sondage Segma Recherche/CKAJ donnait 36,7 % des intentions de vote à la mairesse sortante, juste derrière Julie Dufour (37,5 %). Cette conseillère sortante fait le plein de votes dans son fief de Jonquière, tandis que Mme Néron est en avance dans Chicoutimi.
Laval : au royaume des indécis
Il n’est pas facile de prédire qui va remplacer Marc Demers à Laval. Le dernier sondage auprès des Lavallois a déclaré un gagnant clair : les indécis. Le dauphin du maire sortant, Stéphane Boyer, du Mouvement lavallois, récoltait 14 % des intentions de vote, selon ce sondage CROP mené pour Radio-Canada. Tout de suite derrière suivaient Michel Trottier (11 %), du Parti Laval, et Sophie Trottier (11 %), d’Action Laval. Le coup de sonde concluait toutefois que plus de la moitié des 505 répondants (56 %) n’avaient pas encore fait leur choix.
Rimouski : une lutte corsée
Le duel pour succéder à Marc Parent a été corsé à Rimouski. L’ancien député néo-démocrate Guy Caron et la conseillère sortante Virginie Proulx ont débattu des enjeux de la crise du logement ou encore de la revitalisation du centre-ville. Mais les attaques ont aussi été personnelles. Mme Proulx a notamment reproché à son adversaire de ne pas habiter à temps plein à Rimouski (sa famille habite en Outaouais depuis son élection à titre de député en 2011, mais doit revenir dans la région à la fin de l’année scolaire). Guy Caron a quant à lui fait allusion aux relations tendues entre Mme Proulx et la majorité du conseil municipal sortant, se présentant comme le candidat « rassembleur » dans une entrevue avec Le Soleil.
Sherbrooke : une course à trois jusqu’à la fin
L’ancien ministre libéral dans le gouvernement Couillard Luc Fortin était en tête des intentions de vote dans le dernier coup de sonde à Sherbrooke. Mais avec 28 % des appuis, il était talonné par la conseillère sortante Évelyne Beaudin (25 %) et le maire sortant Steve Lussier (21 %). Le sondage réalisé par Navigator pour La Tribune et Cogeco n’était pas probabiliste.
Trois-Rivières : Jean Lamarche tiendra-t-il bon ?
La lutte se fait à deux à Trois-Rivières, où le maire sortant, Jean Lamarche, sollicite un deuxième mandat. L’homme s’était fait connaître au fil des ans dans son rôle de porte-parole régional du ministère des Transports du Québec. Puis, en 2019, quand Yves Lévesque a quitté la mairie pour des raisons de santé, il l’avait emporté facilement. Son adversaire, Valérie Renaud-Martin, deviendrait, si elle l’emportait, la première femme à la tête de Trois-Rivières. Conseillère municipale depuis 2017, elle a tenté d’être élue aux élections fédérales de 2019 sous la bannière libérale. Elle a fini deuxième. Le maire sortant était crédité de 41 % des intentions de vote dans un sondage à la mi-octobre, contre 28 % pour Mme Renaud-Martin.
Gatineau : sous le signe de l’environnement
La course à Gatineau s’est menée en grande partie sous le signe de l’environnement. Maude Marquis-Bissonnette, qui a pris les rênes du parti du maire sortant Maxime Pedneaud-Jobin, promet notamment de réduire les émissions de gaz à effet de serre de Gatineau de 27 % d’ici 2025. Elle mène dans les sondages. Sa plus proche poursuivante, France Belisle, veut notamment promouvoir l’autopartage, le vélo toute l’année et s’engage à mieux financer la Société de transports de l’Outaouais. Les deux ont dit vouloir lutter contre l’étalement urbain.
Où et quand voter
Voici venu le moment de choisir vos élus locaux : les élections municipales ont lieu le dimanche 7 novembre dans toutes les municipalités du Québec. À Montréal, une journée de vote a aussi été ajoutée, ce samedi 6 novembre. Voici ce qu’il faut savoir pour voter.
S’identifier
Contrairement à ce qui se passait aux dernières élections fédérales, les électeurs devront retirer brièvement leur masque en présentant leur pièce d’identité. Les pièces acceptées sont la carte d’assurance maladie, le permis de conduire, le passeport canadien, le certificat de statut d’Indien ou la carte d’identité des Forces canadiennes. Aux citoyens qui ne possèdent pas ces documents, Élections Québec propose d’autres moyens d’établir leur identité.
Montréal
Le vote se déroule ces samedi et dimanche 6 et 7 novembre. Pour connaître l’adresse des bureaux de vote, consultez la carte de rappel reçue par la poste, ou le moteur de recherche d’Élections Montréal.
Près de 460 bureaux de vote permettront aux 1 111 100 Montréalais inscrits sur la liste électorale de se rendre aux urnes. Plus de 12 000 employés assureront le bon déroulement des élections. Si vous n’êtes pas déjà inscrit sur la liste électorale, il vous sera impossible de voter : la période de révision à la liste électorale, où il était possible de s’y inscrire, s’est terminée le 18 octobre.
Québec
Le vote se déroule le dimanche 7 novembre. Pour connaître l’adresse des bureaux de vote, les électeurs doivent consulter la carte de vote reçue par la poste ou le moteur de recherche Info-Électeur.
Les électeurs sont priés d’apporter leur carte de vote, ainsi que leur propre stylo (noir ou bleu) ou crayon de plomb.
Laval
Le vote se déroule le dimanche 7 novembre. Pour connaître l’adresse des bureaux de vote, les électeurs peuvent consulter la carte interactive d’Élections Laval.
Longueuil
Le vote se déroule le dimanche 7 novembre. Pour connaître l’adresse des bureaux de vote, les électeurs doivent consulter la carte de rappel reçue par la poste ou le moteur de recherche d’Élection Longueuil.
Autres municipalités
Pour savoir si une municipalité offre le vote aussi ce samedi 6 novembre, vérifiez le site web de votre municipalité. Des informations détaillées sont aussi diffusées sur le site du Directeur général des élections du Québec.