(La Haye) Les Pays-Bas ont apporté vendredi leur soutien à un nouveau centre d’excellence de l’OTAN pour étudier les menaces sécuritaires posées par les changements climatiques, lors de la visite officielle du premier ministre Justin Trudeau en Hollande.

Le premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Trudeau que, comme beaucoup dans le monde, « l’OTAN accorde également davantage d’attention à la question climatique ».

« Et c’est la raison pour laquelle nous travaillons sur le Centre d’excellence de l’OTAN pour le climat et la sécurité », a-t-il déclaré, debout à côté de M. Trudeau.

« Le Canada a offert d’héberger le centre. De l’avis des Pays-Bas, le Canada serait l’endroit idéal pour cette plateforme, compte tenu de son profil et de son engagement solide envers cette question importante. »

M. Trudeau a annoncé pour la première fois son intention de demander aux alliés de soutenir le développement d’un centre d’excellence de l’OTAN en matière de sécurité climatique lors du sommet des dirigeants de l’OTAN à Bruxelles en juin.

L’espoir est que le processus de conception et de négociation ait lieu cette année et l’année prochaine, et commence à établir le centre lui-même en 2023. Le Canada a déclaré que le centre aiderait les membres de l’OTAN à mieux comprendre, s’adapter et atténuer les conséquences des changements climatiques sur la sécurité.

Plus tôt ce mois-ci, les États-Unis ont publié des stratégies de sécurité climatique de plusieurs départements, dont ceux de la Défense, de la Sécurité intérieure et du Commerce, pour étudier les façons de réagir advenant que les catastrophes climatiques forcent des migrations massives de personnes, exacerbent des conflits et déclenchent de nouvelles guerres.

Le Pentagone et les départements britanniques de la Défense élaborent des plans de sécurité climatique depuis plus d’une décennie.

Le nouveau centre canadien deviendrait un ajout stratégique aux plus de deux douzaines de ces groupes de réflexion de l’OTAN. Les centres offrent l’expertise et la capacité de recherche de l’alliance militaire pour développer des doctrines et des approches pour un large éventail de défis de sécurité mondiale.

Ils ont leur siège principalement dans des pays européens et se consacrent notamment à l’étude des opérations civilo-militaires, de la cyberdéfense, de la médecine militaire, de la sécurité énergétique, de la guerre des mines navales, de la lutte contre le terrorisme et des opérations par temps froid.

Ces dernières années, le cybercentre d’excellence de l’OTAN, dont le siège est en Estonie, s’est concentré sur la lutte contre la guerre sur l’internet, notamment contre les menaces posées par les pirates informatiques russes visant à perturber les démocraties occidentales par le biais de campagnes de désinformation.

Le premier ministre Trudeau est aux Pays-Bas pour une visite officielle, commençant sa journée en prononçant un discours et en répondant aux questions des membres de la Chambre des représentants et du Sénat dans la célèbre Ridderzaal.

M. Trudeau a pointé les campagnes de désinformation et l’extrémisme comme des menaces sérieuses pour les économies mondiales et la démocratie dans son discours plus tôt vendredi devant les parlementaires néerlandais.

Rendant hommage à l’amitié entre le Canada et les Pays-Bas née de la Seconde Guerre mondiale, M. Trudeau a déclaré que les valeurs et la sécurité pour lesquelles les forces alliées se sont battues sont en péril.

« Ce ne sont pas seulement les théoriciens du complot et les personnes marginalisées et en colère en ligne, a-t-il lancé. Ce sont aussi des acteurs étatiques qui utilisent la désinformation, la propagande et la cyberguerre pour nuire à nos économies, à nos démocraties et saper la foi des gens dans les principes qui nous unissent. »

M. Trudeau n’a nommé aucun acteur étatique en particulier, mais plus d’une question de parlementaires néerlandais était centrée sur l’influence croissante de la Chine, un fait, selon M. Trudeau, « qui pose d’énormes défis dans le monde entier aux démocraties et à nos systèmes commerciaux ».

Et pourtant, M. Trudeau a déclaré que la Chine est un acteur trop important pour retirer complètement son engagement.

« Nous ne pouvons pas prétendre que la Chine n’est pas là, simplement nous croiser les bras et l’ignorer, a-t-il dit. C’est un acteur trop important dans nos économies en ce moment. »

M. Trudeau a ajouté que des pays comme le Canada et les Pays-Bas doivent engager la Chine de manière constructive sur le commerce, sur les changements climatiques, tout en la contestant sur les droits de la personne, la situation à Hong Kong, les Ouïghours, Taïwan et la mer de Chine méridionale.

M. Trudeau a également poussé le parlement néerlandais à ratifier l’accord de libre-échange global entre le Canada et l’Union européenne, connu sous le nom de AECG. Alors que l’accord est désormais largement en vigueur, les législatures des membres de l’Union européenne devraient également le ratifier.

M. Trudeau a déclaré que l’AECG avait ouvert les marchés tout en protégeant l’environnement et les droits du travail, alors qu’il réprimandait sévèrement les opposants à l’accord : « Si vous ne pouvez pas conclure un accord de libre-échange avec le Canada, vous n’êtes peut-être pas en faveur du libre-échange du tout. »

Le premier ministre a également été grondé par un membre du parti vert néerlandais pour avoir fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui ne sont pas aussi stricts que ce qui est promis en Europe.

M. Trudeau a déclaré que l’on s’était beaucoup concentré sur la définition d’objectifs et pas assez sur la mise en œuvre de politiques pour les atteindre.

Plus tard vendredi, il visitera le cimetière de guerre canadien avec la princesse Margriet des Pays-Bas.

MM. Trudeau et Rutte devaient discuter de commerce, de changements climatiques et de la sécurité mondiale, y compris d’un effort conjoint pour empêcher de nouvelles tragédies impliquant des avions civils qui survolent des zones de guerre.

Ce week-end, M. Trudeau sera en Italie pour le sommet des dirigeants du G20, puis il s’envolera pour l’Écosse pour les deux premiers jours des négociations climatiques de la COP26 des Nations Unies avant son retour au Canada.