(Ottawa) Le nouveau ministre de l’Environnement Steven Guilbeault affirme n’avoir « aucun agenda secret » qu’il entend mettre en œuvre pour accélérer la lutte contre les changements climatiques.

Prenant la parole à l’issue de la première réunion du cabinet dévoilé par le premier ministre Justin Trudeau, M. Guilbeault a affirmé que le plan environnemental du gouvernement libéral « est clair » depuis longtemps et que les nouvelles mesures qui seront mises en œuvre pour augmenter la cadence ont été divulguées durant la campagne électorale.

« Je n’ai pas d’agenda secret en tant que ministre de l’Environnement », a déclaré M. Guilbeault, quelques heures avant de s’envoler en direction de Glasgow, où il participera à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP26.

Durant la campagne électorale, les libéraux de Justin Trudeau ont notamment promis de mettre fin aux subventions à l’industrie pétrolière en 2023, soit deux ans plus tôt que convenu par les pays membres du G20.

Les libéraux ont aussi annoncé leur intention d’imposer un plafond à l’industrie pétrolière en ce qui a trait aux émissions de gaz à effet de serre.

M. Guilbeault a ainsi tenté de calmer la tempête politique en Alberta provoquée par sa nomination. Le premier ministre de la province, Jason Kenney, a soutenu que son arrivée à la barre du ministère de l’Environnement est « problématique » et risque d’envenimer les relations déjà tendues entre Ottawa et l’Alberta.

« Si M. Guilbeault suit les politiques qu’il appuyait en tant que militant, ce serait un désastre pour l’économie canadienne », a soutenu M. Kenney, durant une conférence de presse mardi, peu de temps après le dévoilement du cabinet fédéral.

« J’espère par contre qu’il va adopter une approche constructive et raisonnable pour travailler avec l’Alberta, les autres provinces et l’industrie des ressources naturelles », a-t-il ajouté.

Guilbeault prêt à rencontrer Kenney

Devant les journalistes, M. Guilbeault a dit être prêt à rencontrer le premier ministre albertain, affirmant qu’Ottawa et les provinces doivent travailler de concert pour contrer les effets des changements climatiques qui se profilent à l’horizon.

« Tous les Canadiens d’un océan à l’autre veulent que tous les gouvernements, et pas seulement le gouvernement fédéral, en fassent plus pour lutter contre les changements climatiques. Les [sociétés] pétrolières reconnaissent elles-mêmes que l’on doit en faire plus et plusieurs d’entre elles se sont déjà engagées à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 », a fait valoir le ministre.

« Je suis déçu que le premier ministre Kenney ne soit pas à la rencontre de Glasgow. D’autres premiers ministres y seront. Mais je suis prêt à m’asseoir avec le premier ministre Kenney et tout autre premier ministre pour discuter des façons que nous pouvons travailler ensemble dans cette lutte », a-t-il ajouté.

Son prédécesseur à l’Environnement, Jonathan Wilkinson, qui est maintenant ministre des Ressources naturelles, s’est porté à la défense de M. Guilbeault, le décrivant comme une personne « pragmatique ».

« Mon expérience de travail avec le ministre Guilbeault au cours des deux dernières années m’a démontré que c’est un homme très pragmatique et réfléchi. Je pense que M. Kenney devrait calmer un peu le jeu et s’asseoir avec M. Guilbeault et avoir une conversation avec lui », a-t-il lancé.

À Ottawa, le Parti conservateur a aussi dénoncé la nomination de M. Guilbeault en raison de son passé d’ancien militant écologiste « radical ». Le député conservateur Pierre Poilievre a soutenu qu’il s’agissait d’une mauvaise nouvelle pour les perspectives économiques du pays.