(Ottawa) Au lendemain de l’assermentation du nouveau conseil des ministres de Justin Trudeau, le Bloc québécois dénonce la création d’un ministère fédéral de la Santé mentale.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet y voit une ingérence inacceptable dans un champ de compétence exclusif aux provinces. Le ministre Jean-Yves Duclos avance plutôt que la santé est une compétence partagée.

« Le premier ministre a dans le passé, à plus d’une reprise, inventé des ministères dont les vocations sont un peu étonnantes », a raillé M. Blanchet, lors d’une conférence de presse à Ottawa, mercredi matin.

« La santé mentale, ça fait partie de la santé. La santé est une juridiction québécoise. Donc il vient de créer un ministère dont la vocation même est une ingérence dans les compétences exclusives du Québec et des provinces », a-t-il insisté.

Le nouveau ministère de la Santé mentale et des Dépendances a été confié à Carolyn Bennett, ex-ministre des Relations Couronne-Autochtones.

C’est le Québécois Jean-Yves Duclos qui hérite du ministère principal de la Santé. Et mercredi après-midi, il présentait ainsi sa vision du partage des compétences.

« Il y a deux ensembles de mots clés : un c’est "respect des compétences" et deux "responsabilité partagée". Parce qu’au Canada, les gens s’attendent à ce que les gouvernements collaborent lorsque les gens sont les mêmes, c’est le cas, et lorsque les objectifs et les besoins sont les mêmes partout au pays », a-t-il dit, à sa sortie de la première réunion de ce nouveau conseil des ministres.

Sa collègue Bennett qui, déjà la veille, insistait sur les conditions attachées aux engagements libéraux en santé, en a rajouté mercredi.

« C’est très important pour la famille fédérale d’avoir une stratégie dans le domaine de la santé mentale à travers le gouvernement du Canada », a-t-elle tranché.

Depuis des mois, le premier ministre François Legault rappelle au gouvernement fédéral que la santé est de compétence provinciale et prévient qu’il n’acceptera aucune condition attachée à l’augmentation des transferts en santé qu’il réclame. Il est allé jusqu’à suggérer aux Québécois de ne pas voter pour Justin Trudeau, en septembre, à cause de ses visées interventionnistes en santé.

Pendant la récente campagne électorale fédérale, les libéraux ont multiplié les engagements de fonds dédiés dans ce secteur.

Ils ont ainsi promis 6 milliards pour éliminer les listes d’attente, 3 milliards pour assurer l’embauche de 7500 médecins de famille, infirmiers praticiens et membres du personnel infirmier, et un nouveau transfert fédéral de 4,5 milliards sur cinq ans pour fournir des services de santé mentale accessibles et gratuits.

« Quand le gouvernement fédéral envoie de l’argent, (les Canadiens) s’attendent à ce qu’il soit dépensé où il est prévu qu’il le soit. Et c’est la seule façon de bâtir une stratégie de santé mentale », a déclaré la ministre Bennett, mardi, lors du point de presse tenu après la cérémonie d’assermentation des ministres.

« S’il s’agit de systématiser l’ingérence dans la juridiction du Québec, M. Duclos va nous trouver sur son chemin », a réagi, mercredi matin, M. Blanchet. Il considère que le nouveau ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, aura pour tâche principale de négocier avec les provinces et territoires la hausse des transferts.

Un meilleur accueil bloquiste

Le chef bloquiste est beaucoup plus accueillant pour Steven Guilbeault, nouveau ministre de l’Environnement.

« Je veux voir dans ça la démonstration que le premier ministre est sérieux dans son intention d’initier résolument le virage, la transition dont le Canada, le Québec, la planète au complet ont gravement besoin », a souhaité M. Blanchet.

« Il faudra que Steven ait les coudées franches pour faire son travail », a-t-il ajouté, lui qui ne doute pas de « la sincérité de l’engagement environnemental » du nouveau ministre.

Il propose d’ailleurs de rencontrer M. Guilbeault afin de lui offrir la collaboration bloquiste pour toute initiative qui assurera une lutte accélérée aux changements climatiques.