(Ottawa) La décision du Bureau de la régie interne (BRI) d’obliger les députés à être pleinement vaccinés pour aller travailler au parlement passe mal au Parti conservateur. La formation est la seule à s’y opposer.

L’opposition officielle a mal digéré le verdict livré mardi par l’organe de la Chambre des communes. La politique stipule qu’à partir du 22 novembre, le jour de l’ouverture de la 44législature, personne ne pourra entrer dans un édifice de la cité parlementaire sans être pleinement vacciné.

« Nous encourageons tout le monde à se faire vacciner, mais nous n’acceptons pas que [des] députés réunis en secret décident lesquels des 338 députés venant d’être élus par les Canadiens peuvent entrer à la Chambre des communes pour représenter leurs électeurs », a dénoncé le whip du Parti conservateur, Blake Richards.

Le BRI est composé de neuf membres issus de chaque parti. Dirigé par l’actuel président de la Chambre des communes, le libéral Anthony Rota, il tient ses réunions à huis clos, et mardi soir, il a tranché : quiconque veut se présenter sur les lieux de la Chambre des communes devra être entièrement vacciné.

L’exigence s’appliquera aux députés et à leur personnel, aux employés des bureaux de recherche politique, aux employés de l’Administration, aux membres de la Tribune de la presse parlementaire, aux visiteurs d’affaires du Parlement, aux entrepreneurs et aux consultants, a-t-on énuméré par voie de communiqué.

Les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates sont tous favorables à la vaccination obligatoire des élus.

« Si vous traversez la rue Wellington, en face du parlement, pour aller au restaurant, vous devez être vacciné. Je pense qu’il est raisonnable d’avoir la même attente pour les édifices parlementaires », a fait valoir le whip libéral, Mark Holland, mercredi.

Le chef parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, partage cet avis. « On veut prêcher par l’exemple, et puis quand on regarde les mesures au Québec […], on voit mal comment les gens pourraient se rassembler au cinéma ou au Centre Bell, et qu’on ne puisse en faire de même en Chambre », a-t-il exposé.

Même son de cloche du chef adjoint néo-démocrate, Alexandre Boulerice : « On appuie la décision. C’est la bonne chose à faire pour assurer la santé et la sécurité, mais aussi pour montrer l’exemple. Si on demande aux fonctionnaires de se faire vacciner, on devrait le faire aussi ».

Les députés de ces trois formations sont tous entièrement vaccinés, à l’exception d’un élu libéral qui ne l’est pas, pour des raisons médicales. Le Parti conservateur, lui, refuse catégoriquement de divulguer le statut vaccinal de ses députés.

Retour du format hybride envisagé

Dans la foulée de l’annonce de la décision du BRI, le Parti libéral a affiché sa préférence pour un retour du Parlement en format hybride, lequel a « bien fonctionné » pendant la pandémie, selon ce qu’a indiqué un porte-parole du leader du gouvernement en Chambre, Pablo Rodriguez.

« On souhaite continuer à siéger de façon hybride et utiliser la technologie pour que le Parlement fonctionne bien. Ce format donne plus de flexibilité aux députés afin de mieux s’adapter à l’évolution de la pandémie », a-t-il exposé dans une déclaration écrite.

Chez les néo-démocrates, on y est favorable, « à court terme », car « 338 personnes dans une salle, et leurs employés politiques, le personnel de la Chambre, on n’est peut-être pas rendu là », a plaidé Alexandre Boulerice, signalant que la quatrième vague ne s’est pas encore officiellement estompée.

Les conservateurs désapprouvent. « Les Canadiens méritent un gouvernement qui est responsable devant ses électeurs, et c’est pourquoi, en aucune circonstance, les conservateurs ne vont soutenir un Parlement virtuel », a tranché Blake Richards.

Le Bloc québécois souhaite aussi un retour en personne dans l’enceinte au lieu du format hybride, en vertu duquel chaque parti envoie une délégation de députés à Ottawa, et les autres élus siègent virtuellement. Ils peuvent poser des questions, y répondre, et voter.

« On trouve que c’est assez, là. Il y a un retour à la normalité dans l’ensemble de la collectivité. Il faut mettre fin à ce format. Est-ce que ça va être les 338 députés au total ? Ça peut être la moitié, les trois quarts, je ne sais pas, mais c’est notre position de départ, et on va négocier », a soutenu Alain Therrien.

Fonctionnaires : 75 % ont divulgué leur statut

Un autre obstacle se dresse sur le chemin des députés qui ne sont pas adéquatement vaccinés : à compter du 30 octobre prochain, il faudra l’être pour monter à bord d’un avion ou d’un train, comme l’a annoncé Justin Trudeau le 6 octobre dernier.

En même temps, il confirmait un engagement formulé en campagne électorale, qui contraint aussi quelque 267 000 fonctionnaires à avoir reçu leurs deux doses, sous peine de se retrouver en congé sans solde dès le 15 novembre prochain.

En date du 19 octobre, les trois quarts d’entre eux, soit 200 000, avaient rempli leur formulaire d’attestation, selon le Secrétariat du Conseil du Trésor. Il n’a pas été possible de savoir si des demandes d’exemption, pour des motifs médicaux ou religieux, ont été déposées.