(Ottawa) Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, se dit persuadé d’avoir l’appui de l’ensemble de ses troupes pour demeurer en poste et diriger sa formation politique durant la prochaine campagne électorale.

« Absolument », a répondu sans hésiter mardi le chef conservateur aux journalistes qui l’interrogeaient au sujet de son avenir, quelques minutes avant de rencontrer les députés élus le 20 septembre.

« Nous sommes déçus en tant qu’équipe après les résultats des élections. Mais nous avons fait des percées dans les Maritimes et au Québec et à travers le pays. Nous devons apprendre des leçons [de cette défaite électorale]. Mais nous sommes unis en tant que parti », a ajouté le chef conservateur.

Durant la rencontre, les députés ont voté en faveur de l’application des dispositions d’une loi adoptée par le Parlement en 2015 et qui accorde certains pouvoirs aux parlementaires. Entre autres choses, cette loi permet aux députés de déterminer si un de leurs collègues peut être expulsé du caucus ou s’il peut être réadmis au sein de l’équipe. Elle donne aussi le pouvoir aux députés de voter sur le leadership de leur chef, si 20 % des élus en font la semaine par écrit. S’ils se sont donné le pouvoir de trancher sur l’avenir de leur chef, cela ne veut pas dire qu’ils vont le faire. À la lumière des commentaires formulés par plusieurs députés avant et après la rencontre, il semble peu probable qu’une majorité d’entre eux souhaitent emprunter cette voie.

En conférence de presse après la réunion, M. O’Toole s’est d’ailleurs montré peu inquiet de voir ses députés lui montrer la porte de sortie, affirmant même les avoir encouragés à voter en faveur de l’application de ces règles.

« Je pense que nous avons mené une bonne campagne et je pense que nous avons une équipe exceptionnelle. Comme chef, je suis responsable de ce que nous avons réussi. Je suis aussi responsable de nos échecs. Je suis résolument déterminé à revoir chaque élément de notre campagne », a-t-il dit.

M. O’Toole a aussi annoncé que l’ex-député conservateur James Cumming, qui a été défait le 20 septembre dans la circonscription d’Edmonton-Centre, a été mandaté pour faire l’autopsie de la défaite électorale. M. Cumming sera épaulé dans cette tâche par l’ex-ministre Christian Paradis, qui a été le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec.

Reste que M. O’Toole devra soumettre son leadership à un vote de confiance durant le prochain congrès national du parti, prévu à Québec en 2023. La Constitution du Parti conservateur prévoit automatiquement un tel vote après une défaite électorale. M. O’Toole a refusé de dire s’il était favorable à l’idée de devancer la tenue de ce congrès pour régler définitivement la question entourant son leadership.

En répondant aux questions des journalistes, M. O’Toole a lancé une flèche en direction du premier ministre Justin Trudeau.

« Après seulement 10 jours de ce nouveau gouvernement, nous avons vu M. Trudeau induire les Canadiens en erreur une autre fois. Il a manqué la première édition de la Journée nationale de vérité et de réconciliation. C’est un rappel que les Canadiens méritent mieux et nous devons faire mieux. C’est une démonstration qu’il a plus de leçons à apprendre que nous », a-t-il affirmé.

Au cours des derniers jours, tous les députés conservateurs du Québec ont donné leur appui à M. O’Toole.

« On a eu d’excellents résultats au Québec. Nous avons eu 78 000 votes de plus que l’élection précédente dans tout le Québec. Donc, oui, j’ai confiance en M. O’Toole. Et je pense qu’il mérite de rester chef du Parti conservateur », a tranché le député conservateur de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold.

Quelques voix discordantes se sont toutefois fait entendre, en particulier de la part des députés de l’Alberta. C’est notamment le cas de la députée de Lakeland, Shannon Stubs, qui a vu ses appuis chuter de 15 points de pourcentage au dernier scrutin. Elle a quand même remporté la victoire par une confortable majorité, récoltant 69 % des suffrages.

« Je veux savoir quel est le plan pour que nous puissions obtenir l’appui des conservateurs que nous avons perdus. Je veux savoir le plan qui va me permettre de ramener au bercail les 15 % du vote que j’ai perdus », a-t-elle affirmé.

Elle s’est aussi dite favorable à ce que l’on devance le congrès national pour que les membres du parti puissent se prononcer sur le leadership de M. O’Toole.

« Les conservateurs ont perdu sur toute la ligne durant cette élection. Nous avons perdu dans toutes les villes, toutes les tranches de la population. Je viens d’une province conservatrice. Et des députés conservateurs ont été défaits », a-t-elle martelé.