(Orford) Alors que les chefs fédéraux croiseront le fer ce mercredi, la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, réclame qu’ils clarifient leur position sur le contrôle des armes à feu. Elle estime qu’un « meilleur contrôle » des armes de poing notamment « pourrait aller jusqu’à une interdiction ».

La cheffe libérale s’est dite particulièrement préoccupée par la circulation des armes à feu devant la montée de la violence armée dans la métropole. « C’est un sujet qui vient me chercher », a-t-elle expliqué lors d’une entrevue accordée mercredi, en marge du caucus présessionnel de sa formation, à Orford.

Elle a rappelé qu’elle a mené ses études à Polytechnique. « Aussi dans mon comté, la Petite-Bourgogne, c’est vrai que les gens sont aux abois, c’est vrai qu’il y a des enjeux difficiles à vivre. Il y a eu des décès. Il y a des gens qui ne prennent plus un métro qui s’appelle Georges-Vanier […] parce qu’ils ont peur », a-t-elle relaté.

La cheffe appuie les maires de cinq grandes villes québécoises, dont Montréal, qui ont réclamé mardi que les chefs fédéraux s’engagent « clairement et fermement » dans la lutte contre le trafic d’armes à feu.

« Les armes, elles n’ont pas de frontière et donc, le fédéral a un rôle clair à jouer. Je m’attends qu’il y ait de positions claires et assumées par les partis fédéraux », a-t-elle précisé à quelques heures du débat télévisé en français. Selon elle, aucun leader fédéral n’a encore fourni d’engagement clair sur la question.

« Honnêtement, pour les armes d’assaut, je pense que c’est très clair [sur l’interdiction] et sur les armes de poing, c’est de voir comment [les chefs fédéraux] arriveraient à avoir un meilleur contrôle. Est-ce qu’ils doivent aller jusqu’à les interdire, ça reste une question, mais ça pourrait aller jusqu’à une interdiction », a-t-elle dit.

En février, l’Assemblée nationale avait adopté à l’unanimité une motion demandant à Ottawa de déléguer au Québec le pouvoir d’interdire des armes de poing. Ce geste s’inscrivait dans la foulée du dépôt du projet de loi C-21 de Justin Trudeau, qui envoie la gestion des armes de poing aux municipalités.

Le Parti libéral du Québec est en faveur que le pouvoir d’interdiction soit rapatrié au Québec sans pour autant déresponsabiliser le gouvernement fédéral qui a notamment le pouvoir d’agir sur les frontières.

Le chef libéral Justin Trudeau a indiqué mardi qu’il était prêt à confier ce pouvoir aux provinces si elles le désirent, sans autre précision. Dimanche, le chef conservateur Erin O’Toole a fait volte-face en affirmant qu’il comptait maintenir le décret interdisant les armes d’assaut, même si le programme électoral de son parti affirme le contraire.

Depuis, une note au bas de la page 96 du programme électoral a été ajoutée. Elle précise que « toutes les armes à feu actuellement interdites le resteront ».