(Québec) Pierre Fitzgibbon retrouvera sa place au Conseil des ministres, car il a vendu ses intérêts litigieux dans deux entreprises, l’enjeu éthique qui avait provoqué sa démission en juin.

La commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, MAriane Mignolet, confirme que le député de Terrebonne respecte maintenant le code de déontologie, qu’il a « régularisé sa situation ».

Le premier ministre François Legault redonnera officiellement son poste de ministre à Pierre Fitzgibbon mercredi, en marge de la réunion hebdomadaire de son cabinet. Il y aura cérémonie de prestation de serment de M. Fitzgibbon au bureau du lieutenant-gouverneur. Une conférence de presse suivra.

La Presse révélait le 17 août que M. Fitzgibbon était tout près d’un retour au Conseil des ministres, car il était sur le point de se départir de ses intérêts. Les dernières ficelles étaient en train d’être attachées.

Pierre Fitzgibbon a démissionné de son poste de ministre de l’Économie le 2 juin, après un quatrième rapport embarrassant de la commissaire à l’éthique. MMignolet avait conclu qu’il enfreignait toujours l’article 46 du code d’éthique selon lequel un ministre ne peut avoir des intérêts dans des entreprises qui font des affaires avec l’État.

Le député avait alors des intérêts dans White Star Capital (WSC) et dans ImmerVision, deux entreprises non cotées en Bourse. Elles sont en relation d’affaires avec l’État, puisqu’Investissement Québec a une participation dans WSC depuis 2014 et qu’il a accordé un prêt à ImmerVision en 2016.

Dans une situation jamais vue, la commissaire avait recommandé que M. Fitzgibbon perde le droit de siéger au Parlement jusqu’à ce qu’il se départe de ses intérêts ou qu’il renonce à son poste de ministre et confie ses intérêts à une fiducie sans droit de regard.

Pierre Fitzgibbon avait décidé de quitter son siège du Conseil des ministres sans toutefois confier ses parts à une fiducie sans droit de regard. Il voulait se donner le temps de vendre ses parts. Le gouvernement avait d’ailleurs voté contre le rapport de la commissaire, estimant que ses recommandations étaient « contradictoires » dans la mesure où le député n’avait pas la possibilité de vendre ses intérêts s’il les mettait dans une fiducie.

Démarches fructueuses

Depuis le début du mandat, Pierre Fitzgibbon avait déjà vendu les parts qu’il détenait dans 11 des 13 entreprises dans lesquelles il était investisseur au moment de son arrivée au gouvernement. Il ne l’avait pas fait encore pour ImmerVision et WSC parce qu’aucune offre n’était intéressante à ses yeux. Il essuierait des pertes de plus de 1 million de dollars, expliquait-il en juin.

Les démarches de vente ont été plus fructueuses au cours des dernières semaines. Il a trouvé deux acheteurs, l’un pour ImmerVision et l’autre pour WSC.

En vendant ses intérêts dans les deux entreprises, Pierre Fitzgibbon respecte le code d’éthique et peut réintégrer le Conseil des ministres. François Legault disait en juin qu’il lui ferait à nouveau une place autour de la table de son cabinet dès que cet enjeu serait réglé.

Le Parti libéral du Québec réclame que « toute la lumière soit faite » sur les deux transactions. Son porte-parole en matière d’éthique, Gaétan Barrette, se demande qui sont les acheteurs et s’ils ont un lien avec le gouvernement ou Pierre Fitzgibbon.

Sur les réseaux sociaux, le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a interpellé la commissaire pour connaître son avis sur ce dénouement. Après avoir refusé de « commenter un cas particulier », son bureau a indiqué quelques minutes plus tard que la commissaire « confirme, avec l’autorisation de Pierre Fitzgibbon, que celui-ci a régularisé sa situation à l’égard de l’article 46 du Code d’éthique […] ».

Rappelons qu’Eric Girard cumule les fonctions de ministre des Finances et de ministre de l’Économie depuis la démission de son collègue.