(Ottawa) Justin Trudeau blâme les points de contrôle des talibans, plutôt que la bureaucratie gouvernementale canadienne, pour ce que plusieurs considèrent comme l’extrême lenteur des efforts du Canada à sauver les anciens interprètes afghans et leur famille coincés en régime taliban.

Le premier ministre et chef libéral a fait ces commentaires mercredi lors d’un évènement de campagne électorale à Vancouver, pendant que les craintes et les frustrations grandissent face au sort de centaines d’Afghans qui ont collaboré avec les Canadiens et sont menacés de représailles dans leur pays par les talibans.

Des vétérans canadiens et des groupes de défense des droits de la personne déplorent les exigences administratives coûteuses et le manque de communication de la part des fonctionnaires de l’Immigration, qui expliquent selon eux les longs délais de traitement des demandes.

Certains craignent également que les critères d’admissibilité au programme spécial lancé le mois dernier pour réinstaller les anciens interprètes et autres employés ne soient pas clairs, en particulier en ce qui concerne les familles élargies.

« Le facteur limitant à ce sujet n’est pas la paperasse ou les liens avec le gouvernement canadien, a soutenu M. Trudeau mercredi. Le facteur limitant pour faire sortir les gens d’Afghanistan, en ce moment, c’est que les gens ne peuvent pas se rendre à l’aéroport, les gens ne peuvent pas réellement quitter le pays. »

Le premier ministre a ajouté que du personnel canadien est sur le terrain à l’aéroport de Kaboul et que le gouvernement a la capacité de traiter les demandes. « Il faut simplement que les gens puissent se rendre à l’aéroport en ce moment. Les talibans les empêchent de le faire, c’est pourquoi nous avons vu qu’un certain nombre d’avions transportant des personnes n’étaient pas pleins », a-t-il dit.

Des officiers supérieurs de l’armée américaine discutent avec les talibans des points de contrôle et des couvre-feux qui ont limité le nombre d’Occidentaux et d’Afghans qui peuvent accéder à l’aéroport, a déclaré mercredi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden a confirmé mardi des informations selon lesquelles certains civils avaient du mal à atteindre l’aéroport, mais il a déclaré qu’un « très grand nombre » réussissait toujours à le faire.

Le président Biden a donné jusqu’au 31 août aux militaires pour terminer les efforts d’évacuation. M. Kirby a déclaré que 2000 personnes avaient été évacuées au cours des dernières 24 heures, sur 18 vols militaires, et qu’un nombre similaire de vols était attendu au cours des prochaines 24 heures.

Andrew Rusk, qui a lancé une campagne nationale pour rapatrier au Canada des interprètes et du personnel afghan, soutient que des dizaines d’Afghans ont soumis leurs documents et attendent toujours de savoir s’ils peuvent fuir ce pays maintenant contrôlé par les talibans.

Le gouvernement canadien n’a pas fourni de mise à jour régulière sur le nombre d’Afghans qui ont été amenés au Canada dans le cadre du programme spécial d’immigration lancé le 23 juillet. M. Trudeau a toutefois déclaré lundi que 807 Afghans étaient arrivés ; deux autres vols sont depuis arrivés au Canada.

Une demande d’information acheminée mardi par La Presse Canadienne au ministère de l’Immigration pour connaître les plus récents bilans n’avait pas reçu de réponse après plus de 24 heures, mercredi.

Bon nombre des 800 anciens interprètes afghans réinstallés au Canada entre 2008 et 2012 ne savent toujours pas, malgré les demandes répétées d’informations, ​si les membres de leur famille élargie seront autorisés à venir au Canada.