(Ottawa ) Le Parti libéral du Canada réussit à attirer son lot de candidats issus du monde syndical au Québec en prévision des prochaines élections. Il s’agit d’une percée d’autant plus notable que les syndicats de la province ont historiquement été portés à donner leur appui au Bloc québécois ou encore au Nouveau Parti démocratique (NPD).

Après avoir recruté l’ancienne présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN) Pascale St-Onge, qui briguera les suffrages dans Brome-Missisquoi, les libéraux de Justin Trudeau ont réussi à convaincre la présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), Ann Gingras, de se lancer en politique sous la bannière libérale dans la circonscription de Beauport-Limoilou.

La candidature de Mme Gingras a été confirmée mardi soir par la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, qui est aussi coprésidente nationale de la campagne au Parti libéral du Canada.

Le premier ministre Justin Trudeau, qui doit se rendre à Rideau Hall dimanche pour demander à la gouverneure générale Mary Simon de convoquer les Canadiens aux urnes le 20 septembre, a mis tout son poids dans la balance pour convaincre Mme Gingras, qui était à la tête du Conseil central de la CSN dans la grande région de Québec depuis 1999, de faire le saut en politique. À ce titre, Mme Gingras a notamment été la porte-parole des trois syndicats représentant les travailleurs du chantier maritime Davie.

Certes, l’appel de la ministre Joly a forcé Mme Gingras à entreprendre une profonde réflexion. Mais le coup de fil de Justin Trudeau a été concluant et a permis de répondre à plusieurs questions qu’elle se posait, a indiqué Mme Gingras dans une entrevue avec La Presse.

« Je ne sais pas s’il appelle tous les candidats, mais j’ai été très honorée de pouvoir parler au premier ministre qui a pris beaucoup de temps pour répondre à mes questions et me présenter sa vision du pays et sa vision du parti. Quand on se fait appeler par le premier ministre, on y réfléchit sérieusement », a-t-elle lancé au bout du fil.

Outre la ministre Joly et Justin Trudeau, le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, et le député libéral Joël Lightbound lui ont aussi donné un coup de fil.

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Dans le passé, Mme Gingras a rejeté l’appel d’autres partis politiques. Elle a toutefois refusé de les nommer.

« Je crois sincèrement que le Parti libéral est le parti qui va nous guider dans la sortie de la pandémie et qui va relancer l’économie. Je trouve que le Parti libéral a beaucoup changé au fil des années. C’est un parti qui fait preuve de beaucoup d’ouverture et de diversité. Le fait qu’ils m’ont approchée démontre qu’ils ne cherchent pas les tapis. Ils veulent avoir des gens qui ont des opinions et des idées », a-t-elle lancé au bout du fil.

Mme Gingras a dit être particulièrement satisfaite des changements apportés à l’assurance-emploi par le gouvernement Trudeau et des mesures de soutien aux travailleurs qui ont perdu leur emploi durant la crise. Elle souligne aussi les mesures annoncées par le gouvernement Trudeau qui profiteront au chantier maritime Davie.

Le hasard fait en sorte que Mme Gingras affrontera la députée sortante du Bloc québécois, Julie Vignola, qui était la porte-parole de son parti sur les questions touchant le chantier Davie.

Je ne me présente pas contre Mme Vignola. Mais je me présente pour les citoyens et les citoyennes de Beauport-Limoilou.

Ann Gingras, candidate libérale dans la circonscription de Beauport-Limoilou

Les libéraux jugent que Beauport-Limoilou est prenable, même s’ils n’y ont jamais célébré la victoire depuis la création de la circonscription en 2003. Celle-ci a été tour à tour remportée par la conservatrice Sylvie Boucher (2006-2011), le néo-démocrate Raymond Côté (2011-2015), le conservateur Alupa Clarke (2015-2019) et la bloquiste Julie Vignola. M. Clarke tente d’ailleurs d’effectuer un retour en politique dans cette circonscription au prochain scrutin.

« Encore beaucoup de pain sur la planche », plaide le chef du NPD

Au moment où les partis s’activent en prévision de la campagne, le chef du NPD, Jagmeet Singh, est revenu à la charge cette semaine pour exhorter le premier ministre à ne pas provoquer d’élections.

Dans une lettre qu’il lui a fait parvenir, M. Singh demande à M. Trudeau de rappeler le Parlement pour terminer le travail nécessaire qui permettra d’affronter la quatrième vague de la pandémie qui pointe à l’horizon.

« Comme vous le reconnaissez, nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. Si les mesures législatives qui n’ont pas encore été adoptées sont importantes pour vous, il est en votre pouvoir de faire en sorte que vos ministres cessent de faire précampagne, rappellent la Chambre et se mettent au travail. […] Nous ne devrions pas couper l’aide aux gens alors que nous nous dirigeons vers une quatrième vague », a-t-il notamment écrit dans sa missive de deux pages.