(Ottawa) À la veille d’une possible campagne électorale, les négociations entre Ottawa et Québec visant à conclure une entente sur le financement des services de garde avancent rondement.

L’optimisme est tel qu’on évoque désormais dans les deux capitales la signature, d’ici quelques jours, d’un accord formel qui permettrait au gouvernement Legault d’obtenir la somme de près de 6 milliards de dollars du gouvernement fédéral au cours des cinq prochaines années.

Dans son plus récent budget, le gouvernement Trudeau a promis d’investir 30 milliards sur cinq ans afin de créer un réseau national de garderies à 10 $ par jour en s’inspirant du modèle québécois.

Dès l’annonce de ces investissements « historiques » du gouvernement fédéral, au printemps, le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a fait savoir qu’il s’attendait à ce qu’Ottawa verse au Québec une somme compensatoire d’environ 6 milliards, et cela, sans conditions, étant donné qu’il s’agit d’un domaine relevant de la compétence des provinces et que Québec dispose déjà d’un réseau de garderies bien établi depuis plus de 20 ans.

PHOTO JOHN MORRIS, ARCHIVES REUTERS

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Au cours des dernières semaines, le gouvernement Trudeau a conclu des ententes de financement avec quatre provinces (Colombie-Britannique, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador) et un territoire (Yukon). Chaque fois, l’annonce a été faite par le premier ministre Justin Trudeau lui-même en compagnie de son homologue provincial.

Dans les rangs libéraux, on souhaite ardemment conclure les négociations avec Québec avant le déclenchement des élections. « Les garderies, c’est un dossier que l’on veut régler avant les élections fédérales », assure-t-on à Ottawa.

Priorité absolue

Les ministres libéraux du Québec, en particulier le lieutenant québécois de Justin Trudeau, Pablo Rodriguez, ont fait du règlement de ce dossier une priorité absolue durant la période estivale. Les négociations sont pilotées par leur collègue et ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen. Son vis-à-vis québécois est Mathieu Lacombe, ministre de la Famille.

Les négociations avancent très bien. Les discussions se poursuivent, et on devrait être en mesure d’annoncer une entente prochainement.

Une source gouvernementale à Québec digne de foi

Si le gouvernement Legault a insisté dès le départ pour obtenir un transfert fédéral sans conditions, il s’est aussi engagé à investir des fonds pour consolider le réseau de garderies au Québec – un engagement qui serait jugé suffisant par Ottawa pour accoucher d’un accord.

Avant le début des négociations formelles avec Québec, Justin Trudeau avait d’ailleurs laissé entendre que les milliards de dollars qu’Ottawa versera au Québec seront « pas mal sans conditions ».

« Ce n’est pas le gouvernement fédéral qui va dire à Québec comment dépenser sur les garderies et sur les familles. […] C’est sûr qu’il y a toujours de la place pour plus d’investissements dans les garderies, mais on ne va pas dire ça, et certainement pas la totalité », avait affirmé le premier ministre, durant l’émission Tout le monde en parle diffusée sur les ondes de Radio-Canada, le 25 avril.

Des élections le 13 ou le 20 septembre ?

Selon des informations publiées en fin de semaine dans l’hebdomadaire The Hill Times, le premier ministre Justin Trudeau pourrait se rendre à Rideau Hall pour rencontrer la nouvelle gouverneure générale, Mary Simon, le 8 ou le 15 août afin de lui demander de dissoudre le Parlement. Les électeurs pourraient donc être convoqués aux urnes le lundi 13 septembre ou le lundi 20 septembre. La Loi électorale du Canada prévoit qu’une campagne électorale doit durer au moins 36 jours et au plus 50 jours.

Justin Trudeau s’accorde présentement quelques jours de vacances en famille, avant d’entreprendre un sprint électoral attendu par toutes les formations politiques à Ottawa. Selon des informations obtenues par La Presse, M. Trudeau a demandé à ses troupes d’être fin prêtes au plus tard le 15 août en prévision d’une campagne électorale qui se tiendra dans un contexte favorable pour les libéraux, selon les sondages menés au cours des dernières semaines.

Selon une moyenne des derniers sondages réalisée par le site 338canada.com, le Parti libéral recueillerait 35 % des suffrages si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, contre 29,1 % pour le Parti conservateur et 19,8 % pour le Nouveau Parti démocratique (NPD). Secoué par une crise interne depuis plusieurs semaines, le Parti vert obtiendrait pour sa part 5,7 % des voix, tandis que le Parti populaire du Canada en récolterait 2,6 %.

Au Québec, les libéraux de Justin Trudeau sont aussi en avance avec 38 % des appuis, toujours selon la moyenne des sondages effectuée par 338canada.com. Le Bloc québécois est deuxième avec 30 %, tandis que le Parti conservateur et le NPD récoltent 15 % et 11 % respectivement.

50 %

D’ici la fin de 2022, le gouvernement fédéral vise à réduire de 50 % les frais moyens des services de garde de jeunes enfants à l’extérieur du Québec.