(Ottawa) Le Parti conservateur du Canada se positionne comme le défenseur de la fête du Canada, alors que de plus en plus de municipalités décident de suspendre cette année les célébrations, par respect pour les Autochtones qui revivent un passé douloureux avec la découverte de lieux de sépulture non marqués autour d’anciens pensionnats.

Les autorités de plusieurs villes et villages un peu partout au pays ont remis en question la pertinence d’organiser des feux d’artifice et des festivités le 1er juillet, depuis les premières découvertes de ces lieux de sépulture non marqués. La Ville de Churchill, dans le nord du Manitoba, et deux localités de la Saskatchewan ont été les plus récentes à adhérer à ce mouvement.

La première nation Cowessess, à l’est de Regina, a annoncé la semaine dernière qu’un radar pénétrant avait détecté dans le sol 751 tombes non marquées sur le terrain de l’ancien pensionnat de Marieval. Cette découverte fait suite à celle de ce que l’on pense être les restes de 215 enfants sur un autre ancien site à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Quelques heures avant que la Fédération des nations autochtones souveraines n’annonce mercredi dernier que la première nation Cowessess avait découvert elle aussi un lieu de sépulture, le chef conservateur Erin O’Toole affirmait à son caucus dans un discours qu’il ne pouvait pas garder le silence lorsqu’il y avait des appels pour annuler la fête du Canada.

Il a déclaré que la réconciliation ne consiste pas à démolir le Canada et qu’aucun pays ne peut résister à un examen minutieux de son héritage. Il soutenait que toute douleur ressentie par les fautes commises au Canada devrait être utilisée comme motivation pour construire un avenir meilleur. Samedi, le parti a posé une question sur les réseaux sociaux : « Qui demande aux Canadiens s’ils veulent que la fête du Canada soit annulée ? ».

Les commentaires de M. O’Toole font écho à sa position de candidat « vrai bleu » lors de la course à la direction de l’été dernier. Il avait alors fait campagne contre la « culture de l’annulation » et le déboulonnage de statues.

Après la découverte à Cowessess, la députée fédérale conservatrice de l’Alberta Michelle Rempel Garner a commenté vendredi soir sur les réseaux sociaux un article intitulé « Les Autochtones demandent à Calgary de réduire ou d’annuler les célébrations de la fête du Canada ».

« Et nous devrions écouter », a-t-elle écrit sur Twitter, indépendamment du « coût politique ». Elle a poursuivi avec une publication sur Facebook dans laquelle elle a déclaré que certains pourraient penser que changer la façon dont la fête du Canada est célébrée pourrait être préjudiciable au pays, mais y inclure des pensées pour les enfants autochtones décédés et ce qui doit se passer ensuite « le jour où nous exprimons traditionnellement de la gratitude pour le bien qui existe dans notre pays est simplement la chose à faire ».

« Nous devrions être fiers et reconnaissants du bien qui existe dans notre nation. Mais nous ne pouvons pas utiliser cette célébration comme une excuse pour continuer à nous aveugler à une vérité que nous n’avons jamais suffisamment affrontée, ou permettre que ce jour exacerbe la douleur de l’injustice ; nous devons écouter les voix autochtones et agir », a écrit Mme Rempel Garner. « Le 1er juillet, nous pouvons et devons faire les deux. »

Dans une entrevue à l’émission The West Block, de Global, diffusée dimanche, M. O’Toole a également laissé entendre qu’il pourrait être le seul chef fédéral « fier du Canada » à tenter de devenir le premier ministre lors des prochaines élections fédérales, qui risquent fort de se produire cette année.

Le chef du Parti conservateur a également déclaré dans l’entrevue qu’il semblait que M. Trudeau et certains de ses ministres libéraux « voulaient presque annuler la fête du Canada parce que nous avons échoué dans le passé », après que ces politiciens ont déclaré que le 1er juillet devrait être une journée de réflexion.

Le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a écrit dimanche sur Twitter : « C’est une chose de réfléchir à la célébration de la fête du Canada et une autre de faire de cette fête un cri de ralliement afin d’attiser une base politique, en particulier à un moment où les peuples autochtones passent à travers un moment fort difficile ».

Le bureau de M. O’Toole a référé aux commentaires du chef livrés mercredi dernier au caucus, lorsqu’appelé à réagir aux préoccupations soulevées à l’égard du contenu et du moment de son message.

Les demandes auprès des députés conservateurs de la Saskatchewan Cathay Wagantall et Gary Vidal, porte-parole du parti pour les services aux Autochtones, pour commenter la situation sont restées sans réponse. Leurs deux circonscriptions comprennent des collectivités qui ont décidé de ne pas célébrer le 1er juillet.