(Ottawa) La Chambre des communes a adopté, à l’unanimité, une motion du Bloc québécois exigeant dugouvernement fédéral de notamment financer l’identification des sites de pensionnats autochtones où pourraient se trouver d’autres sépultures anonymes comme celles retrouvées le mois dernier à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet en a fait la demande en direct de la Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire, dans sa circonscription de Belœil-Chambly, après la période des questions, lundi, lors de la Journée nationale des peuples autochtones.

La motion bloquiste a été élaborée en collaboration avec l’Inuit Tapiriit Kanatami, l’Assemblée des Premières Nations, le Ralliement des Métis ainsi qu’avec l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador. Les principales demandes répondent à des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.

La motion exige d’abord que le gouvernement fédéral déploie les ressources financières nécessaires afin que les communautés autochtones disposent des moyens techniques et scientifiques pour « l’identification des sites, à la mise en place des registres ainsi qu’à la recherche historique et à la commémoration des victimes » qui auraient péri dans les pensionnats autochtones.

Ces nouvelles informations qui seront recueillies permettront de tenir à jour le registre national de décès des élèves de pensionnats.

Elle demande également au gouvernement fédéral « qu’il oblige toutes les communautés religieuses qui ont participé au système des pensionnats à donner accès à leurs archives pertinentes aux chercheurs, aux communautés autochtones et aux survivants et à leurs familles ».

Finalement, la motion affirme qu’il est « urgent » de prévoir la construction d’un monument national pour commémorer les victimes des pensionnats à Ottawa.

La macabre découverte de Kamloops a ravivé de douloureux souvenirs chez les survivants des pensionnats autochtones, et a été un choc pour les Canadiens qui découvraient l’horreur de ces pensionnats, qui ont été en service entre la fin du 19e siècle et 1996. Il est estimé que plus de 150 000 enfants autochtones ont été arrachés à leur famille pendant cette période.

« Nous avons, à l’égard des peuples autochtones, un devoir d’histoire et de mémoire. Il faut s’y mettre de manière urgente, parce que désormais, plus personne ne peut prétendre que nous ne savions pas », a réagi M. Blanchet après l’adoption de la motion.

Question de procédure

En déposant sa motion à la Maison amérindienne, plutôt qu’à la Chambre des communes ou dans son bureau du parlement, M. Blanchet a ainsi sacrifié le son au profit du décor symbolique. La piètre qualité du son, par manque d’écouteurs et de micros fournis par le Parlement, l’a forcé à répéter sa motion dans les deux langues officielles du Canada.

Le chef du Bloc a fini par se résoudre à mettre des écouteurs de style Apple, mais leur qualité n’était pas suffisante pour les interprètes.

Ce pépin technique, dans la formule hybride du Parlement, lui a valu les remontrances du leader parlementaire du Parti conservateur, Gérard Deltell, qui a rappelé de toujours avoir l’équipement approprié en main lorsque les élus travaillent à distance.

« Je comprends très bien ce qui a animé le député de Belœil-Chambly, le chef du Bloc québécois, d’avoir fait ça en cette Journée nationale des autochtones dans un centre autochtone », a déclaré M. Deltell, qui n’a pas manqué de rappeler que la réserve de Wendake est située au sein de sa circonscription de la région de Québec.

« On doit être soit en Chambre, soit dans notre bureau parlementaire, soit dans notre bureau de circonscription. Et si d’aventure, on doit être à l’extérieur de ces trois endroits-là, […] on doit en informer la Chambre avant pour s’assurer que tout soit correct », a continué M. Deltell.

Le président de la Chambre des communes lui a donné raison, en insistant sur les règles du Parlement hybride qui interdisent les éléments de décor symboliques ou partisans. « Quand on dit quelque chose, on est dans la Chambre. […] C’est très important qu’on garde notre lieu aussi neutre que possible », a rappelé Anthony Rota.