(Québec) Après un 13e féminicide au Québec, un regroupement de centres de femmes est en colère contre la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.

La ministre qui est chargée de coordonner des actions en vue de lutter contre les violences faites aux femmes est insensible et incompétente, selon ce regroupement.

Le regroupement appelé L’R des centres de femmes, qui rassemble 82 groupes de femmes partout au Québec, est particulièrement furieux à la suite des plus récentes déclarations de la ministre.

Après le meurtre d’une femme à Québec cette semaine, Mme Guilbault a laissé entendre qu’« on ne pourra jamais tout empêcher » et qu’elle faisait déjà tout en son pouvoir pour lutter contre la violence conjugale.

« Immensément insensible »

« On est en colère […], des propos comme ça, c’est inacceptable, c’est immensément insensible, non seulement envers les victimes de violence conjugale, mais aussi envers les familles », a riposté la co-coordonnatrice de L’R des centres de femmes, Katia Dinardo, dans une entrevue avec La Presse Canadienne diffusée vendredi.

Quant à savoir si tout est fait pour enrayer et réprimer la violence visant les femmes, « c’est totalement faux », selon Mme Dinardo.

Elle rappelle que Mme Guilbault doit mettre en œuvre 190 recommandations du rapport d’experts sur les violences conjugales et les violences sexuelles.

Or tout reste à faire, soutient Mme Dinardo : « Comment peut-on dire qu’on fait tout en son pouvoir alors qu’il y a une liste d’épicerie d’actions à poser », qu’on attend toujours des gestes concrets, tandis que des femmes meurent ? a-t-elle demandé.

« On se questionne vraiment sur la compétence de Mme Guilbault à coordonner un dossier aussi important actuellement. »

Par exemple, la sécurité des victimes dans le processus de judiciarisation n’est pas assurée, a évoqué Mme Dinardo. Elle cite l’exemple de Nathalie Piché, la femme assassinée à Québec. Accusé de meurtre, son conjoint, Nouredinne Mimouni, s’était pourtant engagé devant un juge à ne pas troubler l’ordre public et ne pas s’en prendre à la victime.

« Si on faisait tout ce qu’on a à faire, peut-être qu’on sauverait une 14e victime et qu’on arriverait à prévenir les féminicides », tranche la co-coordonnatrice de L’R des centres de femmes.

Son regroupement réclame un meilleur financement des centres de femmes, qui font de la prévention et du dépistage.

Demande de rencontre

L’R des centres de femmes a demandé une rencontre avec Mme Guilbault il y a trois mois, mais en vain, sans aucune réponse.

La co-coordonnatrice en conclut que la ministre caquiste ne travaille pas avec les gens du milieu et les Autochtones non plus.

« Elle nous démontre son insensibilité et son incompétence, on veut bien travailler avec elle, mais il faudra qu’elle nous prouve qu’elle est apte à gérer ce dossier. On est rendu à 13 féminicides depuis le début de l’année, ce qui est un de plus que pour la moyenne de toute une année. »

Certaines des 190 recommandations du rapport d’experts

  • Instaurer un tribunal spécialisé en matière d’agressions sexuelles et de violence conjugale
  • Octroyer à toutes les victimes le droit à quatre heures de conseils juridiques gratuits
  • Offrir aux victimes l’accompagnement d’un intervenant stable, qu’elles choisissent ou non de dénoncer
  • Assurer un soutien et une information continue aux victimes à toutes les étapes du processus judiciaire
  • Instaurer un Bureau de l’Ombudsman québécois des victimes d’actes criminels
  • Développer des formations spécialisées pour intervenants médicaux, policiers, avocats et juges
  • Assurer la cohérence des décisions de justice criminelles, familiales ou en protection de la jeunesse
  • Considérer le port du bracelet électronique comme mesure pour protéger les victimes
  • Développer des services culturellement pertinents pour les Autochtones