(Ottawa) Les conservateurs se retirent en bloc du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, parce qu’il est utilisé, selon eux, pour couvrir un incident qui a provoqué le congédiement de deux scientifiques d’un laboratoire à haute sécurité nationale.

Le chef conservateur, Erin O’Toole, a expliqué jeudi que les membres conservateurs se retiraient « immédiatement » de ce comité où l’on retrouve des députés et sénateurs de tous bords.

Selon M. O’Toole, ce comité est utilisé comme « un outil » par le premier ministre Justin Trudeau afin d’empêcher les partis d’opposition de découvrir pourquoi l’Agence de la santé publique du Canada a mis fin, en janvier dernier, à l’emploi des scientifiques Xiangguo Qiu et Keding Cheng.

« Les conservateurs ne seront jamais complices de la corruption libérale », a déclaré M. O’Toole.

La ministre de la Santé, Patty Hajdu, a accusé les conservateurs de procéder à une joute politique dans un cadre de sécurité nationale.

Mais peu de temps après, tous les partis d’opposition ont uni leurs forces pour adopter une motion conservatrice déclarant que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) commet un outrage au Parlement, ayant refusé d’obéir à un ordre de la Chambre de produire des documents non caviardés liés au licenciement des deux scientifiques.

En juillet 2019, le couple de scientifiques avait été escorté hors du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, pour ce que la Santé publique qualifiait « d’éventuelles violations des protocoles de sécurité ».

La motion convoque également le président de l’ASPC, Iain Stewart, à comparaître à la barre de la Chambre des communes lundi, pour être réprimandé par le président et pour produire les documents.

Appeler quelqu’un à la barre de la Chambre est une procédure rarement utilisée pour essentiellement montrer du doigt publiquement une personne qui a commis « une atteinte à la dignité ou à l’autorité du Parlement », selon la troisième édition de la procédure et des usages de la Chambre des communes.

M. Stewart et Mme Hajdu ont tous deux déclaré que le licenciement des scientifiques n’avait rien à voir avec le fait que Xiangguo Qiu avait supervisé une expédition de virus Ebola et Henipah à l’Institut chinois de virologie de Wuhan en mars 2019.

Ils ont également déclaré qu’il n’y avait aucun lien avec le virus responsable de la COVID-19 qui est apparu pour la première fois dans la province chinoise de Wuhan et qui, selon certains, pourrait avoir été relâché accidentellement par l’institut de virologie.

Néanmoins, les partis d’opposition continuent de suspecter un lien et exigent de voir des documents non caviardés concernant à la fois le transfert de virus à l’institut de Wuhan et les licenciements ultérieurs.

Mme Hajdu a continué à faire valoir jeudi que le comité de sécurité nationale est l’organe « approprié » pour examiner les documents.

« Une fois de plus, nous voyons des conservateurs jouer avec la sécurité nationale et de ce côté-ci de la Chambre, nous ne le ferons jamais », a-t-elle déclaré aux Communes.

M. O’Toole a répliqué que le comité de sécurité nationale « n’est pas autorisé, par la loi, à examiner les enquêtes en cours ».

Le gouvernement libéral, invoquant des questions de sécurité nationale, a défié une ordonnance adoptée par la Chambre des communes, qui l’enjoignait à remettre au Comité spécial sur les relations sino-canadiennes tous les documents, non caviardés, liés à ces congédiements.

L’Agence de la santé publique du Canada a plutôt remis les documents au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, dont les membres ont une cote de sécurité maximale et sont tenus au secret.

Ce qui fait dire à M. O’Toole que les libéraux veulent couvrir l’incident qui a provoqué le congédiement des deux scientifiques.