La députée d’Iberville, Claire Samson, a été exclue mardi soir du caucus de la CAQ dans la foulée « d’un don effectué » au Parti conservateur du Québec (PCQ), dont le chef est Éric Duhaime. Or, cette formation politique « rejette la science », a fustigé le gouvernement Legault dans une courte déclaration.

« Alors que nous demandons des efforts considérables aux Québécois depuis plus d’un an dans cette lutte contre le virus, nous ne pouvons tolérer qu’une députée de notre caucus appuie financièrement une autre formation politique qui conteste et rejette la science et les mesures sanitaires en place », a expliqué le président du caucus du gouvernement du Québec, Mario Laframboise. Il a ajouté que les autorités ne feraient pour l’instant aucun autre commentaire.

Selon nos informations, Claire Samson a d’abord confié mardi au président du caucus caquiste, Mario Laframboise, avoir fait un don de 100 $ au PCQ, qui est dirigé par Éric Duhaime depuis le 17 avril dernier. M. Laframboise a alerté par la suite le cabinet du premier ministre François Legault. La décision d’expulser la députée a été prise rapidement.

Il y a quelques semaines, Claire Samson avait rencontré Éric Duhaime, affirme une source caquiste qui n’a pas voulu donner son identité. La députée avait alors expliqué qu’elle avait accepté de voir le chef conservateur seulement pour lui dire qu’elle ne désirait pas se joindre à son parti, toujours selon cette source.

Appelée à réagir, la principale intéressée a pour sa part affirmé que son association avec la CAQ était « terminée ». Elle estime qu’on lui a toujours fait sentir qu’elle n’avait « pas sa place dans ce parti » et ce caucus.

Élue depuis 2014, Mme Samson entend quand même terminer son mandat et siégera comme députée indépendante. Cependant, elle n’exclut pas de porter d’ici là les couleurs du PCQ, formation avec laquelle elle se sent des affinités. « Ce n’est pas impossible », a-t-elle admis. Le PCQ n’a aucun député à l’Assemblée nationale.

Mais la députée, qui a connu de fréquents ennuis de santé ces dernières années, ne compte pas se porter candidate en 2022. Ses ennuis de santé n’ont rien à voir avec le déroulement des évènements, selon l’élue, qui est toujours en convalescence, mais dit aller beaucoup mieux.

L’équipe d’Éric Duhaime, de son côté, a indiqué qu’elle commentera l’affaire dans les prochains jours, une fois que Claire Samson aura « présenté sa version des faits » de manière plus détaillée. Mi-avril, après avoir été élu chef du Parti conservateur du Québec par une écrasante majorité des voix, Éric Duhaime avait dit vouloir « défendre les gens ordinaires ». M. Duhaime a aussi plaidé qu’il avait l’intention de défendre ceux et celles qui « se sont fait traiter d’édentés parce qu’ils ne sont pas d’accord avec ce qu’est en train de faire le gouvernement ».

Quel historique ?

Dans l’opposition, de 2014 à 2018, Mme Samson s’est démarquée en assumant la responsabilité de porte-parole de la CAQ sur les questions de culture, de communications et de promotion de la langue française. Elle avait notamment fait paraître en 2016 le rapport Samson, qui traitait de la francisation des néo-Québécois et des mesures à implanter pour « donner un vigoureux coup de barre » à cet effet.

Au gouvernement, toutefois, elle n’en était pas à son premier désaccord avec son propre parti. En 2018, dans une entrevue donnée à La Presse Canadienne, elle avait en effet indiqué qu’elle était en réflexion sur son avenir et qu’elle songeait à quitter la politique. La semaine précédente, elle avait appris qu’elle était écartée du Conseil des ministres.

Interrogé à ce sujet, le premier ministre François Legault n’avait pas semblé vouloir retenir la députée. « C’est sa décision pour ce qui est de la suite des choses de décider ce à quoi ressemblera son avenir », avait-il répondu aux journalistes en anglais, lors d’une conférence de presse à l’époque.

Claire Samson n’est pas la première à être renvoyée du caucus caquiste. En mars de cette année, parce qu’il faisait l’objet d’une enquête de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale et de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), le député Louis-Charles Thouin avait aussi été exclu, « le temps que la lumière soit faite sur certaines allégations » d’apparence de conflit d’intérêts.

Plus tôt, en décembre 2020, le député Denis Tardif avait aussi été exclu du caucus après avoir festoyé dans une microbrasserie de sa région, ne respectant pas la distanciation de deux mètres et les règles sanitaires. Il a toutefois été réintégré au caucus en avril dernier.

Avec La Presse Canadienne