(Ottawa) La modernisation de la Loi sur les langues officielles n’est pas encore déposée qu’elle s’attire déjà les railleries des partis d’opposition.

Lundi, La Presse rapportait que la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, reconnaîtrait dans son projet de loi que le français est la langue officielle du Québec tout en protégeant les droits de la minorité anglophone. Il s’agirait d’une nouvelle prise de position pour les libéraux fédéraux, qui ont été d’ardents défenseurs du bilinguisme partout au pays jusqu’à présent.

Le Bloc québécois n’a pas manqué de tourner en ridicule l’intention des libéraux.

« Cinquante ans plus tard, le fédéral va reconnaître que le français est la langue officielle du Québec, soit un demi‑siècle en retard. La semaine prochaine, il va nous recommander une nouvelle petite série prometteuse qui s’appelle Symphorien », s’est moquée Claude DeBellefeuille, whip de la formation politique, lors de la période de questions.

« Le français doit être davantage protégé parce qu’il fait face à une érosion et à un déclin. Nous nous engageons donc à en faire plus et nous allons en faire plus. J’aurai l’occasion au cours des prochains jours et des prochaines semaines de parler de notre projet de loi », a répondu la ministre Joly, qui a souligné que le dépôt du projet de loi est imminent puisque déjà inscrit au feuilleton.

Il est prévu que le projet de loi soit déposé mardi, environ une semaine avant la fin des travaux parlementaires.

« La session parlementaire tire à sa fin et les libéraux veulent déclencher des élections le plus tôt possible. Dans ce contexte, il est clair qu’un projet de loi, même déposé cette semaine, n’aurait pas le temps d’être adopté et les libéraux le savent très bien. Si cet enjeu avait été réellement important pour eux, ils auraient déposé un projet de loi bien avant », a déploré le député conservateur Alain Rayes.

M. Rayes accuse les libéraux d’utiliser « le dossier des langues officielles comme outil électoral et pour servir leurs propres intérêts ».

En février dernier, la ministre Joly avait déposé un document de réforme sur les langues officielles, fruit des consultations faites dans les dernières années par son équipe, mais également par le commissaire aux langues officielles, les comités des langues officielles du Sénat et de la Chambre des communes, ainsi que des groupes de défense des minorités linguistiques.

Elle y proposait des changements allant de l’immigration à la sélection des juges de la Cour suprême, en passant par l’octroi de nouveaux pouvoirs au commissaire aux langues officielles. Ce document abordait également le droit des Québécois de travailler en français dans des entreprises sous juridiction fédérale, demande expresse du Québec, tout en respectant les champs de compétence d’Ottawa.

Québec a finalement décidé d’assujettir ces entreprises à la Charte de la langue française dans sa réforme présentée le mois dernier.