(Ottawa) La chef du Parti vert, Annamie Paul, demande au gouvernement de Justin Trudeau de rendre publics les avis juridiques sur lesquels il se base pour dire que le Québec peut modifier sa section de la Constitution, de façon unilatérale. Ce n’est qu’après une analyse en profondeur que la politicienne pourra se faire une tête sur cette idée.

En entrevue avec La Presse Canadienne, la chef des verts est revenue sur ses récents propos qui laissaient croire qu’elle s’opposait à la volonté du Québec d’inscrire dans la Constitution le concept d’une nation québécoise francophone.

Mme Paul a déclaré à Radio-Canada que, si elle avait eu un siège au Parlement. Elle aurait voté contre la motion du Bloc québécois de la semaine dernière qui demandait aux élus de prendre acte des intentions du gouvernement Legault de modifier la Constitution. Seule l’ex-ministre libérale de la Justice et députée indépendante Jody Wilson-Raybould s’y est opposée publiquement à ce moment-là.

« Notre parti croit qu’il est tout à fait légitime pour le gouvernement du Québec de soutenir, de protéger et aussi de renforcer la langue française », a déclaré Mme Paul. « Ce que j’ai dit, c’est que le projet de loi a des aspects constitutionnels, et c’est très important de savoir si ce qui est proposé est conforme à notre Constitution », a-t-elle ajouté.

Le premier ministre disait s’être basé sur des « analyses initiales » du ministère de la Justice pour dire que le Québec a le droit de modifier la Constitution. Depuis, des experts du droit constitutionnel ont prétendu le contraire ou ont ajouté des nuances aux propos de M. Trudeau.

Mme Paul pense qu’un débat éclairé sera nécessaire pour aller au fin fond de l’affaire. « Après ça, on pourra se prononcer. Mais maintenant, c’est trop tôt », a insisté la chef du Parti vert en entrevue. « C’est possible qu’il n’y ait pas de problème », a-t-elle ajouté.

Jusqu’à présent, tous les chefs de partis politiques qui siègent aux Communes se sont rangés du côté de Québec sur sa capacité de modifier la Constitution. Cette unanimité, en apparence, a été dénoncée par Mme Wilson-Raybould qui a dit lors d’une récente entrevue à CTV qu’elle avait reçu l’appui de nombreux autres députés des différents partis qui auraient voulu se prononcer contre.

Le Bloc québécois a déjà annoncé son intention d’utiliser une de ses journées d’opposition, d’ici la fin de la session parlementaire, afin de débattre de la question et de forcer un vote par appel nominal, tactique qui obligerait les députés à montrer leurs vraies couleurs.

Mme Paul, avocate de formation, dit qu’elle tente de se renseigner du mieux qu’elle peut sur les conséquences d’un tel changement à la Constitution de façon unilatérale par le Québec. « Mais je n’ai pas, ni moi, ni les autres partis, accès aux mêmes ressources que le premier ministre ou le gouvernement », plaide-t-elle.

« Je ne veux pas, quand le projet de loi sera en place, que ça aille devant les tribunaux. Je crois qu’on peut faire le travail en amont pour s’assurer qu’il est conforme à la Constitution », dit-elle.

Mme Paul est de passage à Montréal jeudi et vendredi. Il s’agit de son premier voyage officiel hors Ontario depuis son élection à la tête du Parti vert du Canada, et elle tenait à le faire au Québec même si son parti n’y a aucun siège.

La chef des verts croit tout de même en ses chances d’augmenter les appuis à son parti dans la métropole. « Je crois que le Parti vert a beaucoup de possibilités. Montréal est une ville progressiste et, à mon avis, il y a encore beaucoup de progressistes qui cherchent un “chez eux” parmi les partis fédéraux », estime-t-elle.

Le Parti vert du Canada n’a que 21 candidats investis à travers le pays, dont deux au Québec, en prévision des prochaines élections.