(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau promet aux municipalités le soutien et les ressources du gouvernement fédéral pour lutter contre le coût élevé du logement qui, selon lui, crée une crise pour les jeunes Canadiens et les familles de la classe moyenne.

Le coût du logement a augmenté dans tout le pays en raison d’une combinaison de taux d’intérêt très bas et d’une demande qui dépasse l’offre, alors que les Canadiens qui sont maintenant en télétravail veulent plus d’espace chez eux. S’adressant au congrès annuel de la Fédération canadienne des municipalités, mardi, M. Trudeau a rappelé que l’accès à la propriété est devenu hors de portée pour trop de Canadiens dans les grandes villes. Il a par exemple soutenu qu’une famille moyenne à Toronto devra épargner pendant plus de 23 ans avant de pouvoir payer la mise de fonds sur une propriété.

« Les jeunes ne sont pas confrontés à un “problème” de logement : ils sont confrontés à une “crise” du logement », a déclaré M. Trudeau, mardi, dans un discours qui avait des airs de campagne électorale. « Une génération de Canadiens commencent leur vie, espérant peut-être fonder une famille, sans la même chance que leurs parents ou grands-parents d’avoir une première maison et de bâtir leur capital et leur avenir. Les choses doivent changer », a-t-il dit.

Le premier ministre a promis que son gouvernement chercherait d’autres moyens de remédier à ce problème, au-delà de ce que les libéraux ont déjà prévu, mais sans donner d’indices sur la nature de ces mesures. Il a toutefois précisé qu’Ottawa ne pouvait à lui seul réduire les coûts du logement, rappelant que des leviers existent à tous les ordres de gouvernement, commet les règlements municipaux sur le zonage et les régimes de protection des consommateurs. M. Trudeau a promis que son gouvernement contactera les provinces et les territoires pour trouver des solutions afin d’apaiser les préoccupations concernant l’accès au logement abordable.

Le prix moyen des maisons en avril au Canada était d’un peu moins de 696 000 $, une augmentation de 41,9 % d’une année à l’autre, selon les données de l’Association canadienne de l’immeuble. L’association note que la valeur moyenne nationale baisserait de 144 000 $ si l’on excluait les grandes régions de Vancouver et de Toronto.

Le gouvernement libéral a proposé des milliards de dollars dans le budget de cette année pour augmenter l’offre d’habitations abordables, y voyant un moyen de faire baisser les prix sur les marchés en surchauffe. Ottawa promet également une taxe de 1 % sur les logements vacants appartenant à des acheteurs étrangers, une mesure dont l’efficacité a été mise en doute par les experts.

Le test de résistance hypothécaire

Il y a quelques jours à peine, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé que le gouvernement resserrerait le test de résistance hypothécaire pour les prêts assurés, imitant en cela la décision du Surintendant des institutions financières. Le nouveau test de résistance est entré en vigueur mardi.

L’opposition conservatrice a souvent critiqué la réponse du gouvernement à la hausse des prix dans l’immobilier. Mardi, lors de la période des questions à la Chambre des communes, le député conservateur James Cumming a déclaré que l’inflation dans le secteur était particulièrement prononcée, d’autant plus que la hausse des prix du bois d’œuvre augmente les coûts de construction. Il a suggéré que le gouvernement devait prendre « des mesures décisives plutôt que des annonces creuses » pour faire face aux coûts élevés de l’habitation.

Lors de son entretien avec les dirigeants municipaux, mardi, M. Trudeau a rappelé la Stratégie nationale sur le logement de son gouvernement, qui s’étendra sur dix ans. Lorsque cette stratégie a été dévoilée en 2017, les libéraux avaient promis qu’elle contribuerait à construire 160 000 nouvelles unités d’habitation, à en rénover 300 000 autres et à subventionner le même nombre de ménages pour l’accès à la propriété.

Or, le premier rapport triennal sur cette stratégie a révélé que jusqu’à la fin de 2020, des fonds avaient été versés ou engagés pour construire 63 600 unités, en réparer 126 000 autres et subventionner les coûts de logement de 36 000 ménages.

Le rapport a également révélé le nombre d’acheteurs d’une première propriété qui avaient reçu une aide hypothécaire dans le cadre d’une partie de la stratégie que M. Trudeau a présentée mardi comme un soutien à l’accès abordable à la propriété. Le programme de 1,25 milliard sur trois ans prévoit que le gouvernement couvre entre 5 % et 10 % des frais hypothécaires pour les acheteurs d’une première maison, en prenant une participation dans leur propriété. À la fin de 2020, ce programme avait fourni 197 millions à 10 600 acheteurs.

Le gouvernement a depuis relevé le plafond des prêts hypothécaires pour les acheteurs à Toronto et à Vancouver, mais exige toujours que les bénéficiaires remboursent un jour cette subvention.