(Québec) Les appels se multiplient pour que le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, réponde de ses actes dans le dossier de la qualité de l’air à l’école.

Son ministère a tenté d’influencer le ministère de la Santé pour qu’il laisse croire que la Santé publique avait validé le protocole de tests, alors que c’était faux, a rapporté Radio-Canada, jeudi.

Cette tentative a provoqué la colère du conseiller médical stratégique de la santé publique, Richard Massé, qui s’est senti instrumentalisé, peut-on lire dans des courriels obtenus par le diffuseur public.

« Là, c’est assez ! », a écrit le Dr Massé. « Je ne suis pas d’accord qu’on nous mette les mots dans la bouche. […] Je ne suis pas d’accord pour écrire que “le processus semble conforme”. »

Même après cette intervention du Dr Massé, le 23 février 2021, le ministre de l’Éducation a continué de dire que la Santé publique avait validé son protocole de tests.

Pour la cheffe libérale, Dominique Anglade, « la farce a vraiment assez duré ». Elle accuse M. Roberge d’avoir menti puis tenté de camoufler la chose en faisant pression sur la Santé publique.

« C’est grave. Là, on est rendu à avoir un cabinet qui fait de la pression sur la Santé publique pour dire : “Voici comment ça devrait être fait”.

« On est déjà venus dire à quel point le ministre avait manqué à ses responsabilités ici. Encore une fois, on en a la preuve. […] Le premier ministre devrait déplacer le ministre Roberge », a-t-elle déclaré.

Sa collègue, Marwah Rizqy, a été plus incisive : « Hier, c’était la fête du premier ministre, bien, qu’il se fasse un cadeau. Il attend quoi pour le congédier ? »

Commission parlementaire réclamée

La « triste saga » de la ventilation dans les écoles mérite d’être disséquée en commission parlementaire, ont ajouté Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, et Véronique Hivon, du Parti québécois.

Cette dernière en a fait la demande officielle à la présidente de la Commission de la culture et de l’éducation, afin que les députés puissent faire toute « la lumière sur la gestion du dossier ».

Mme Hivon a demandé à ce que soient entendus publiquement les protagonistes de cette « intolérable saga de la ventilation » d’ici la fin de la session parlementaire le 11 juin.

Le ministre « n’aura d’autres choix que de répondre de ses actes, il devra venir s’expliquer », a acquiescé la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente plus de 50 000 enseignants.

Par ailleurs, jeudi, l’opposition est restée incrédule face à la décision de M. Roberge de faire installer des lecteurs de CO2 informatisés dans les classes à la rentrée, « un an trop tard », selon Mme Anglade.

Il aurait été plus opportun d’installer ces détecteurs lors de la première ou de la deuxième vague de la COVID-19, a martelé Mme Hivon.

Réagissant à cette annonce, M. Nadeau-Dubois s’est dit « tiraillé » entre un « sentiment de victoire » et une autre réaction, « celle de dire : “Bien, voyons donc. Comment ça se fait que ça ait pris tant de temps ?” »

Legault défend Roberge

En point de presse, le premier ministre François Legault a une fois de plus défendu son ministre de l’Éducation.

Jean-François Roberge a « consulté » la Santé publique sans que celle-ci ne « valide » le protocole de tests, a déclaré M. Legault, pour qui toute cette affaire relève du débat sémantique.

« Tout a déjà été dit, il y a eu un malentendu […] sur la manière de qualifier la collaboration », a déclaré pour sa part le ministre Roberge lors de la période des questions.