(Montréal) François Legault en est rendu à s’interroger sur la possibilité de sanctionner les auteurs d’attaques violentes sur les médias sociaux.

Les trolls se sont ainsi retrouvés sous les feux des projecteurs à l’ouverture des assises annuelles de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), mercredi.

Bien que les dossiers municipaux aient été au centre des interventions, tant le premier ministre Legault que le nouveau président de l’Union, Daniel Côté, et la présidente sortante, Suzanne Roy, ont abordé le problème de la multiplication des attaques gratuites contre les élus sur les médias sociaux.

« Il va falloir trouver des moyens d’éliminer et même de sanctionner les gens qui font des attaques violentes sur les médias sociaux », a affirmé le premier ministre en s’adressant aux congressistes réunis virtuellement à travers la province. M. Legault a déploré que cette montée de propos inacceptables vienne freiner les élans de certains qui voudraient se lancer en politique à quelque niveau que ce soit ou encore qu’elle en pousse d’autres à quitter.

Le premier ministre a toutefois tenu à rappeler que ce sont les plus bruyants qui s’expriment et qui donnent une fausse impression sur leur nombre réel. « Faut être prudents. Moi, je dis aux gens : faites attention, les médias sociaux, c’est vraiment une petite minorité, donc […] regardez-les avec un certain détachement. »

« La pandémie a normalisé l’insulte »

« La pandémie a normalisé l’insulte », a pour sa part lancé Daniel Côté, maire de Gaspé et nouveau président de l’UMQ. « On cède plus facilement à l’emportement seul à son clavier plutôt qu’en face à face. C’est sérieux cette détérioration du débat public parce que ça touche directement le vivre-ensemble.

« Il faut cultiver la valeur du respect des personnes et des institutions. Ça me fend le cœur de voir des femmes, de voir des hommes de talent se retirer de la vie politique et renoncer à la vie publique à cause des insultes, des menaces et de l’intimidation », a-t-il laissé tomber.

Dans son discours d’adieu aux élus municipaux, la présidente sortante Suzanne Roy a salué leur engagement, avec la même référence : « Vous faites un travail extraordinaire. Ne laissez pas les médias sociaux, les trolls, vous faire dévier. Votre rôle est essentiel dans notre société. »

Autonomie et réforme fiscale

Tout cela n’a pas empêché les élus municipaux de mettre de l’avant leurs revendications face aux gouvernements supérieurs. L’hôte de la conférence, le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, a réclamé une réforme majeure du monde municipal.

« La vraie réforme est encore à venir, une réforme en deux volets : d’abord celle du cadre légal municipal kafkaïen dans lequel on évolue. Il faut donner aux villes des champs de compétence où elles peuvent agir dans l’autonomie rapidement, efficacement, plutôt que de les maintenir dans le carcan lourd, rigide, inadapté qu’est le statut de créature provinciale ». a-t-il dit.

« Le deuxième volet de la réforme nécessaire, c’est évidemment celui de la fiscalité municipale. Notre fiscalité est vieille de deux siècles. Elle nuit à l’environnement depuis longtemps. Elle est maintenant complètement déconnectée de nos responsabilités envers nos communautés, nos citoyens, nos entreprises », a ajouté M. Pedneaud-Jobin.

Daniel Côté, pour sa part, a beaucoup insisté sur l’adaptation aux changements climatiques et les efforts à faire pour les contenir. Tout en saluant le soutien des gouvernements supérieurs, il a réclamé pour les municipalités l’aide récemment annoncée par Ottawa de 500 millions provenant du fonds de la taxe sur l’essence.

« Notre demande est claire : il faut consacrer la totalité de cette somme pour les infrastructures municipales. L’argent est là, les priorités sont claires et les besoins sont considérables », a dit le nouveau président de l’UMQ.

Il a également réclamé davantage d’investissements dans les transports collectifs et, en tant que maire d’une municipalité en région éloignée, a ajouté que « le transport collectif, c’est aussi du transport interurbain efficace dans les régions, mais le financement du transport collectif doit être soutenable. Nous demandons de limiter la contribution des municipalités à 30 %. Avec les contraintes actuelles de la fiscalité municipale, on ne peut pas aller au-delà de ça sans affaiblir nos autres missions. »

Services de garde et logements sociaux

Daniel Côté a également demandé à Québec de s’entendre rapidement avec le gouvernement fédéral sur les fonds fédéraux destinés aux services de garde afin que ceux-ci servent à offrir des places à toutes les familles qui en ont besoin. Il a aussi salué le programme Réno-régions du dernier budget provincial, mais a ajouté qu’il « faut aller plus loin, les besoins sont gigantesques. Il faut 4000 logements sociaux par année pendant les cinq prochaines années. »

À ce sujet, François Legault a laissé entendre que d’autres initiatives en matière de logement étaient dans les cartons.

« Je veux continuer à travailler avec les villes, les municipalités du Québec, à mettre en place toutes sortes de programmes d’accès au logement. Je pense qu’il faut laisser aussi le privé jouer son rôle, mais peut-être venir donner un supplément de revenu, je pense entre autres à nos aînés qui, dans certains cas, ont de la difficulté », a dit le premier ministre.