(Ottawa) Comme ç’a été le cas l’été passé, le tourisme sera local au Canada durant la belle saison. C’est du moins ce à quoi s’attend la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly. Mais lorsque le pays ouvrira enfin ses portes aux visiteurs étrangers, ceux-ci devront montrer patte blanche.

La ministre a discuté un peu plus tôt cette semaine, avec ses homologues du G20, de l’implantation d’une certification vaccinale. « Il faut s’assurer qu’on puisse protéger la sécurité des gens au fur et à mesure où, éventuellement, on aura atteint une immunité collective assez grande et que les frontières pourront rouvrir », a-t-elle dit en entretien avec La Presse.

Si le Canada compte embrasser cette mesure, c’est parce que « c’est juste normal qu’on puisse trouver des façons de baliser les risques associés au secteur, et le risque le plus important en ce moment, c’est le risque sanitaire », note Mélanie Joly, en soulignant que le secteur touristique est celui où « il y a eu le plus de pertes d’emplois ».

Sans vouloir s’avancer sur un échéancier en ce qui a trait à l’entrée en vigueur prévue du mécanisme, elle note, comme l’a fait sa collègue à la Santé, Patty Hajdu, avant elle, que le gouvernement pourrait se fonder sur l’application ArriveCAN. Celle-ci doit obligatoirement être utilisée par tous les visiteurs qui débarquent au Canada.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles

On va essayer de voir si on continue en déployant encore plus cette application ou si on offre plutôt d’autres approches. Les conversations sont encore en cours.

Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles

La ministre soutient que cette preuve vaccinale, le milieu touristique la lui réclame.

C’est ce que confirme Beth Potter, PDG de l’Association de l’industrie touristique du Canada. « Si on veut rebâtir la confiance des gens, les inciter à recommencer à voyager, surtout à l’international, nos membres voient le besoin d’une preuve de vaccination », explique-t-elle au bout du fil.

L’intention du gouvernement lui apparaît donc encourageante. « Nous discutons de cet enjeu depuis maintenant un bon moment, alors nous sommes très heureux d’entendre que le gouvernement canadien parle publiquement de son intention de participer à un système coordonné à l’échelle internationale », soutient Mme Potter.

Même son de cloche de la part du président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty. Il voit en cet outil un « incitatif à voyager » plutôt qu’un frein à l’arrivée de visiteurs. Il estime toutefois que le « Canada est un peu en retard », comparativement à d’autres pays.

« Il faudra que le gouvernement présente un plan de réouverture très bientôt », insiste l’ex-ministre progressiste-conservateur en entrevue. Car le secteur touristique, dévasté par la pandémie, a besoin de cette prévisibilité, rappelle-t-il.

L’administration Biden y « travaille »

Les touristes internationaux les plus présents au Canada – en temps normal – proviennent des États-Unis. En 2019, ils représentaient 68 % du nombre d’arrivées internationales (15 millions), générant des revenus de 11 milliards, d’après les chiffres de Destination Canada.

En avril, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a martelé qu’il n’était pas question d’imposer un « système qui exige des Américains qu’ils se déplacent avec une certification ».

Invité à commenter cette apparente réticence, Justin Trudeau a soutenu mardi que « dans l’idéal, on aura[it] des mesures semblables », mais que la symétrie des mesures n’était pas une condition sine qua non.

Mais à l’ambassade des États-Unis au Canada, on ouvre la porte à l’option de munir les citoyens qui souhaitent voyager à l’international d’une preuve de vaccination contre la COVID-19.

« Le gouvernement américain travaille à s’assurer que tous les voyageurs américains seront en mesure de respecter facilement toute condition d’entrée prévue dans les pays étrangers, y compris les options visant à présenter leur statut vaccinal », a écrit une porte-parole de l’ambassade dans une déclaration d’abord relayée par Le Devoir.

« Nous sommes convaincus que nous pourrons le faire conformément […] aux efforts en cours pour faciliter les voyages internationaux sécuritaires par d’autres gouvernements et sur le plan multilatéral par l’entremise de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Organisation de l’aviation civile internationale », a ajouté la porte-parole.

Le budget fédéral déposé le 19 avril prévoit la somme de 1 milliard pour relancer le secteur du tourisme. L’argent servira notamment à appuyer les festivals et à financer les efforts de marketing de Destination Canada, dont les publicités seront principalement destinées, comme l’an dernier, à encourager les Canadiens à découvrir leur pays.