(Ottawa) Des proches et des collègues de victimes des fusillades survenues il y a plusieurs années à l’Université Concordia et au Collège Dawson, de Montréal, qualifient le projet de loi C-21 sur les armes à feu d’insulte aux victimes et demandent au gouvernement libéral de le réécrire complètement.

Dans une lettre envoyée aux députés du Parti libéral du Canada (PLC), les signataires affirment que le contenu du texte législatif semble avoir été rédigé par des consultants en relations publiques plutôt que par des experts en sécurité publique et qu’il manque totalement de substance.

Le projet de loi C-21 déposé en février dernier vise notamment à lutter contre la violence entre partenaires intimes et contre la contrebande et le trafic d’armes à feu et à obliger les propriétaires d’armes à feu de respecter un régime d’entreposage. En vertu de cette législation, les propriétaires de certaines armes d’assaut ont toutefois la permission de les garder, sous de strictes conditions.

Les auteurs de la lettre affirment qu’une telle disposition permet à des dizaines de milliers de machines à tuer de rester entre les mains de membres des collectivités. Ils ajoutent que l’absence de mesure concrètes visant à stopper la prolifération d’armes de poing constitue un échec retentissant.

Mary-Liz Power, une porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a défendu le projet de loi, affirmant qu’il bonifierait les mesures existantes pour assurer la sécurité des Canadiens.

« Nous écoutons les victimes, les familles et les communautés touchées par la violence armée alors que nous cherchons à y mettre fin au Canada », a-t-elle déclaré. « Nous tenons à remercier les militants, les familles et les amis pour leur dévouement et leur engagement en faveur d’un avenir sans violence armée. »

En 1992, quatre professeurs de l’Université Concordia ont été assassinés par un de leurs collègues, et une secrétaire a été blessée. Et il y aura 15 ans en septembre prochain, un tireur âgé de 18 ans a tué une étudiants du Collège Dawson, Anastasia De Sousa, et a blessé 19 autres personnes avant de s’enlever la vie.

La lettre rappelle que la vie des proches de ces victimes reste déchirée et que plusieurs survivants demeurent aux prises avec des blessures physiques et psychologiques.

En mars dernier, l’organisme PolySeSouvient avait lui aussi exhorté les députés fédéraux à voter contre le projet de loi C-21, estimant qu’il représente une capitulation des libéraux face au lobby des armes à feu et qu’il équivalait à jeter l’éponge en matière de contrôle des armes à feu.

L’organisme a été fondé par des victimes et des proches des femmes tuées à Polytechnique Montréal en 1989.

Il a écrit au premier ministre Justin Trudeau le 18 mars pour lui dire que s’il ne modifiait pas substantiellement son projet de loi, il ne serait plus le bienvenu aux cérémonies de commémoration du drame de Polytechnique.

Les Conservateurs fédéraux et certains défenseurs du droit de posséder des armes à feu ont critiqué le projet de loi au motif qu’il cible les propriétaires d’armes à feu responsables et non les criminels.

La lettre des familles du Collège Dawson et de Concordia accuse les libéraux de trahir leurs promesses de prévention de la violence liée aux armes à feu, affirmant que c’est « une chose de s’opposer au contrôle des armes à feu et de légiférer en conséquence. C’en est une autre d’être élu sur la promesse de renforcer le contrôle des armes à feu puis de capituler devant le lobby des armes à feu avec un projet de loi ridiculement creux. »