(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau dit qu’il croit que ses propres députés libéraux et les politiciens de tous les partis doivent faire mieux pour créer des espaces plus sûrs pour les victimes d’agression et de harcèlement sexuels lorsqu’elles sont invitées à partager leurs expériences avec les comités parlementaires.

Il a fait ces commentaires après que des militantes et survivantes de violences sexuelles ont déclaré avoir été traitées de manière grossière et, dans certains cas, s’être senties de nouveau victimisées lorsqu’elles ont témoigné devant des comités où les députés semblaient plus intéressés à faire des manœuvres partisanes plutôt qu’à écouter avec compassion.

M. Trudeau a déclaré qu’il croyait qu’il était important que « tout le monde » adopte une approche plus sensible aux traumatismes pour s’occuper des victimes et de celles qui travaillent avec elles en première ligne.

« Nous devons tous faire mieux. Nous devons tous prendre cela au sérieux », a-t-il déclaré mardi à Ottawa.

Plusieurs comités de la Chambre des communes ont invité les survivantes d’agressions sexuelles, d’exploitation et de traumatismes à partager leurs expériences et leurs recommandations, y compris les comités de la condition féminine et de la défense nationale, qui examinent des allégations d’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes.

Le comité d’éthique a également entendu plusieurs victimes d’agression sexuelle et de traite des êtres humains, ainsi que des intervenantes qui travaillent avec elles dans leur étude sur la manière de protéger la vie privée des personnes qui apparaissent sur des sites internet comme Pornhub.

Certaines des femmes qui ont témoigné ont exprimé de la colère face à la façon dont elles ont été traitées lors de leurs audiences, notamment parce qu’elles se sont fait interrompre, faute de temps, ou n’ont pas reçu les ressources nécessaires pour se sentir soutenues alors qu’elles s’ouvraient sur leurs expériences passées, souvent éprouvantes.

Des réformes ?

Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que des réformes étaient nécessaires aux règles de procédure strictes qui régissent le Parlement, M. Trudeau a seulement dit qu’il croyait que toutes les institutions, tant publiques que privées, devaient faire mieux pour créer des environnements plus favorables aux victimes.

« Nos institutions en général, que ce soit les Forces armées canadiennes, le Parlement ou les lieux de travail partout au pays, doivent faire un meilleur travail pour créer un environnement favorable dans lequel les personnes qui ont vécu des actions inacceptables peuvent se manifester et s’engager dans un processus qui va les soutenir et obtenir des résultats », a déclaré M. Trudeau.

De plus, ces institutions doivent créer des environnements dans lesquels ces actions inappropriées ne se produisent pas en premier lieu, a-t-il déclaré.

Il a ajouté qu’il est convaincu que son caucus libéral et les députés de tous les partis veulent apporter des améliorations qui fourniraient un meilleur soutien aux personnes invitées à partager leurs expériences.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a ajouté sa voix mardi à ceux qui appellent à des réformes et à une formation pour garantir que celles qui sont appelées à contribuer à améliorer la législation et la politique ne soient pas traumatisées à nouveau en interagissant avec les parlementaires.

« Nous devons certainement faire un meilleur travail pour nous assurer qu’il y a cette sensibilité et cette compréhension, lorsqu’il s’agit de questions qui sont posées, qui tiennent compte des traumatismes, qui comprennent la sensibilité, la difficulté et à quel point il est difficile de parler de ces expériences », a déclaré M. Singh.

Lors d’une réunion du comité d’éthique le mois dernier, des militantes s’exprimant au nom des travailleuses du sexe ont décrit avoir été prises entre les feux croisés de députés essayant de parler en même temps qu’elles et de se livrer à des manigances procédurales partisanes, ce qui a finalement mis fin à la réunion, coupant le temps de parole des intervenants.

Cela a abouti à des appels lancés par un certain nombre de défenseurs des victimes pour que la Chambre des communes et les partis politiques développent une approche plus sensible aux traumatismes pour interagir avec les témoins vulnérables.

Lundi, des députés des principaux partis et des présidents de comité ont exprimé leur soutien à l’idée d’une formation spécialisée pour parler aux témoins de questions délicates et à de possibles recommandations à la Chambre des communes afin de fournir un meilleur soutien en santé physique et mentale aux futurs témoins.