(Québec) La ministre déléguée au Développement économique régional, Marie-Ève Proulx, refuse de s’expliquer sur les nombreux départs à son cabinet, prétextant qu’il s’agit de questions de « régie interne ».

La liste des départs s’allonge encore : son attachée de presse a quitté ses fonctions vendredi. L’évènement survient moins d’un mois après que la ministre a conclu une entente avec un ex-employé qui l’accusait de harcèlement psychologique.

Lundi, lors d’une conférence de presse confirmant un investissement de 14,5 millions pour la relance des entreprises d’économie sociale, la ministre a balayé les questions sur tout autre sujet que son annonce. On a demandé aux journalistes de ne pas aborder d’autres enjeux.

Il aura fallu insister pour poser des questions sur un autre sujet, en particulier sur cet autre départ à son cabinet.

« C’est une question qui relève de la régie interne, et c’est tout ce que je peux dire sur le sujet », s’est limitée à dire Mme Proulx. Elle a répondu par l’affirmative lorsqu’on lui a demandé si les choses vont bien au sein de son équipe. « Je souhaite bonne chance à l’attachée de presse qui a quitté vendredi », a-t-elle ajouté. Il n’a pas été possible d’en savoir davantage, puisque la conférence de presse virtuelle a pris fin abruptement.

L’ex-attachée de presse de la ministre a répondu à La Presse qu’elle ne souhaitait pas faire de commentaires, car elle voulait tourner la page.

Une dizaine de départs

Une dizaine de personnes sont parties ou ont été congédiées au bureau de Marie-Ève Proulx depuis le début du mandat.

Un ex-employé de son bureau de circonscription de Côte-du-Sud a déposé deux plaintes au Tribunal administratif du travail pour harcèlement psychologique et congédiement pour cause de maladie ou d’accident. La ministre Proulx n’a pas eu à comparaître devant le tribunal : une entente est intervenue entre les parties récemment.

En février, le premier ministre François Legault a retiré des responsabilités à Marie-Ève Proulx. Le mandat des PME a été confié à une nouvelle ministre déléguée, Lucie Lecours, alors que la responsabilité de la Gaspésie a été remise à Jonatan Julien, titulaire des Ressources naturelles. Le premier ministre expliquait alors que Mme Proulx avait besoin de « renfort ».

Marie-Ève Proulx est une disciple de longue date de François Legault. En 2011, elle était l’une des 12 signataires du manifeste du groupe de réflexion de M. Legault qui allait plus tard devenir un parti politique, la Coalition avenir Québec (CAQ). Elle était alors mairesse de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud.

Mme Proulx est toutefois devenue membre du Parti québécois en 2014 et l’a été jusqu’en 2017 – juste avant de se porter candidate pour la CAQ –, comme l’a déjà signalé un média de sa circonscription, CMATV.ca.

Il n’en demeure pas moins que les liens entre François Legault et Marie-Ève Proulx remontent à loin. Au début des années 2000, quand il était ministre du gouvernement péquiste, M. Legault l’avait nommée au Conseil permanent de la jeunesse – en même temps que Youri Chassin et Sylvain Lévesque, eux aussi députés de la CAQ aujourd’hui. Ces jeunes étaient proches de Force jeunesse, groupe présidé à l’époque par Martin Koskinen, actuellement chef de cabinet de M. Legault.