Des allégations » d’apparence de conflit d’intérêts sont à l’origine de son exclusion temporaire

(Québec) Faisant l’objet d’une enquête de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale et de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), le député Louis-Charles Thouin est exclu du caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) « le temps que la lumière soit faite sur certaines allégations » d’apparence de conflit d’intérêts.

Une semaine après avoir pris la défense de son député, le premier ministre François Legault a soutenu mardi que c’est « d’un commun accord » que cette décision a été prise.

« On a parlé avec Louis-Charles [mardi] matin, et on a convenu qu’il allait se retirer du caucus de la CAQ. C’est ce qu’il devait faire, le temps d’avoir le résultat d’enquêtes », a-t-il déclaré en conférence de presse. Il a laissé entendre que l’accumulation des allégations et la confirmation de la tenue d’une enquête de l’UPAC sont à l’origine de la décision. « On parle de plusieurs possibles infractions », a-t-il précisé.

Le 23 mars, le premier ministre soutenait qu’« il n’y a rien d’illégal qui a été fait par M. Thouin ». Le député s’était réjoui de l’appui de son chef sur sa page Facebook.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE LOUIS-CHARLES THOUIN

Le premier ministre François Legault et le député Louis-Charles Thouin

Élu dans Rousseau (Lanaudière) aux dernières élections générales, Louis-Charles Thouin siégera désormais comme député indépendant. Il ne sera évidemment plus adjoint parlementaire de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

« Bien que je considère n’avoir rien à me reprocher, par respect pour mes collègues, je ne veux pas être une distraction pour le gouvernement », a expliqué le député dans un communiqué. « J’ai donc choisi de me retirer le temps de faire la lumière sur les propos rapportés. Je réitère que je me suis toujours impliqué en politique avec intégrité et j’offre mon entière collaboration à la commissaire à l’éthique et à la déontologie ainsi qu’aux autres instances. »

Louis-Charles Thouin s’est retrouvé pour la première fois dans l’embarras en octobre 2020 alors que La Presse a révélé qu’il avait participé aux rencontres ayant mené à la décision du gouvernement Legault d’autoriser une transformation du schéma d’aménagement dans la MRC de Montcalm, dont il était le préfet jusqu’à l’automne 2018. L’affaire concerne le dézonage de vastes terres agricoles au nord de Mascouche.

Cette transformation du schéma d’aménagement faisait l’objet de demandes répétées des élus locaux – notamment de M. Thouin – depuis sept ans. Elle était constamment rejetée, faute de conformité aux orientations gouvernementales visant à limiter l’étalement urbain. Des experts des principaux ministères concernés jugeaient le projet inacceptable.

Or, le gouvernement Legault a donné le feu vert au projet en octobre 2019. La transformation est officiellement entrée en vigueur avec l’envoi d’une lettre de la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, au préfet de la MRC, Pierre La Salle, le 31 octobre 2019.

Comme La Presse l’a démontré, jusqu’au 4 septembre 2019, la ministre Laforest avait comme adjoint parlementaire Louis-Charles Thouin. L’ex-préfet de la MRC de Montcalm et ancien maire de Saint-Calixte a été un ardent promoteur de changements au schéma d’aménagement ces dernières années. Il en avait fait une priorité de son passage en politique provinciale.

L’automne dernier, la ministre Laforest a affirmé en entrevue ne pas avoir subi de pression de la part de M. Thouin. Elle a néanmoins admis qu’il avait participé à une réunion-clé sur le sujet. L’actuel préfet de la MRC de Montcalm, Pierre La Salle, a confirmé que Louis-Charles Thouin assistait aux rencontres avec le gouvernement portant sur ce dossier. Il a nié tout passe-droit.

Les partis de l’opposition ont déclaré qu’il s’agissait d’un « magouillage » et d’un « conflit d’intérêts patent » de la part du député.

La commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, Ariane Mignolet, a décidé de mener une enquête dans ce dossier.

Qui plus est, Louis-Charles Thouin est visé par des allégations d’apparence de conflit d’intérêts pour des faits remontant à l’époque où il était maire de Saint-Calixte, de 2009 à 2017. Selon Le Journal de Montréal, il a été associé à des décisions concernant des organisations ou des entreprises liées à des membres de sa famille et des proches. L’UPAC a déclenché une enquête, a précisé Le Journal. Les partis de l’opposition avaient réclamé l’expulsion du député du caucus de la CAQ.