(Ottawa) Ottawa met de côté 250 millions sur cinq ans pour un fonds consacré au transport en commun dans des collectivités rurales, éloignées et de petite taille.

La ministre de l’Infrastructure, Catherine McKenna, a précisé lundi que ces sommes pourraient être utilisées pour des services à la demande novateurs, pas seulement pour des systèmes traditionnels de transport collectif.

Les programmes d’infrastructure fédéraux qui aident à bâtir ou à rénover des systèmes de transport en commun ont déjà fourni de l’argent à des projets ruraux, mais la ministre a indiqué que ces programmes généraux n’avaient pas de sources de financement consacrées aux communautés rurales. Selon Mme McKenna, Ottawa devait s’assurer que le financement du transport en commun tient compte des collectivités rurales et ne se concentre pas uniquement sur la façon de déplacer les gens autour des grands centres urbains.

Les communautés rurales ne se prêtent souvent pas aux systèmes traditionnels d’autobus et de métro, avec des zones moins densément peuplées et des résidants qui doivent se déplacer hors de leur quartier ou leur municipalité pour le travail ou l’école.

Mme McKenna a souligné que certaines solutions novatrices de transport en commun ont attiré l’attention du gouvernement fédéral, comme des services à la demande, du covoiturage public avec véhicules électriques ou du covoiturage communautaire bénévole. « Il existe des exemples d’opportunités claires et je pense que nous devons être innovants », a déclaré la ministre en entrevue. « Il s’agit vraiment d’examiner ces opportunités, qui peuvent également être rentables, mais fournir un meilleur service. »

Post-pandémie

Mme McKenna soutient par ailleurs qu’à cause de la pandémie, les fonds fédéraux pour les infrastructures devront également financer plus rapidement des projets pour maintenir la compétitivité des communautés rurales. « J’entends les maires : ils disent que c’est un désavantage d’attirer des investissements parce que les gens veulent aller là où vous avez un bon système de transport en commun, vous pouvez vous déplacer. »

Sa collègue du Développement économique rural, Maryam Monsef, a déclaré lundi en point de presse que le financement prévisible devrait aider les petites communautés à planifier et à mettre en œuvre les projets qu’elles ont déjà sur la table.

Le président de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), Garth Frizzell, s’est réjoui de ce tout premier fonds consacré au transport collectif rural, qui « soutiendra des solutions novatrices pour améliorer la mobilité au sein des petites collectivités, une des priorités pour la Fédération canadienne des municipalités ».

L’Association canadienne du transport urbain a accueilli favorablement ce fonds, affirmant que les besoins en transport en commun des collectivités rurales ont souvent été négligés dans le cadre de programmes conçus pour desservir les grandes villes.

Ray Orb, président du forum rural de la FCM, a qualifié le financement de bon premier pas vers la reconnaissance des besoins et des capacités uniques des collectivités rurales. « Cet outil nous aidera à proposer des solutions de mobilité qui ont du sens à l’échelle locale. »

Dans une enveloppe prévue

Le financement annoncé lundi fait partie des 15 milliards de dépenses prévues pour les transports en commun sur huit ans, dont les libéraux ont dévoilé les détails au cours des dernières semaines.

Les libéraux promettent des milliards de dollars de financement permanent pour les transports en commun dans le cadre d’une reprise post-pandémique, y compris 3 milliards par an dans un fonds de transport en commun, qui commencera toutefois dans cinq ans.

On s’attend à ce que le gouvernement fédéral intègre les dépenses d’infrastructure traditionnelles dans son prochain budget qui visera à soutenir la reprise économique post-pandémique.

Les libéraux ont annoncé un programme d’infrastructures de 188 milliards sur 12 ans — dont environ la moitié représente en fait du financement créé par l’ancien gouvernement conservateur.

La semaine dernière, le vérificateur général a prévenu que les lacunes dans les rapports financiers et les retards dans les dépenses faisaient courir le risque que l’ensemble du programme n’atteigne pas ses objectifs.

« Nous pouvons faire plus et je pense qu’il y a des leçons apprises », a soutenu lundi Mme McKenna.